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Transition écologique, citoyenne et inclusive : le défi du logement précaire

Patricia Roques, Docteure en Sciences de gestion, enseignante-chercheure au GREDEG-CNRS (Sophia Antipolis) et à l’IUT Nice-Côte d’Azur

Résumé

12 millions de personnes en France vivent en situation de précarité énergétique : à la fois cause et conséquence de logement défaillant et de ses impacts sociaux et sanitaires, ce phénomène interpelle la Transition écologique (et citoyenne). Avec ses moyens d’intervention mais aussi des normes plus exigeantes donc plus onéreuses, des contraintes pour protéger l’environnement, une énergie plus chère, la Transition Écologique peut-elle être socialement profitable et accessible à tous ?

Transition écologique, citoyenne et inclusive : le défi du « mal logement »

La transition écologique inclut évidemment la transition énergétique. Et le logement : le secteur du résidentiel est responsable de 30 % de la consommation finale d’énergie et de 17 % des émissions de gaz à effet de serre. Mais pour les individus, l’énergie est un bien de première nécessité pour la satisfaction de leurs besoins élémentaires, et donc une dépense contrainte. Face à des exigences et des coûts croissants, comment faire que la transition n’exclue pas et, au contraire, contribue à la lutte contre la précarité ? « Si nous devions mettre en exergue un enseignement majeur de ce débat public [sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE)], sans doute serait-il l’exigence de justice sociale », souligne ainsi Chantal Jouanno1.

Comment caractériser la ‘précarité énergétique’ ?

Selon la loi « Grenelle 2 » du 10 juillet 2010, « Est en situation de précarité énergétique […] une personne qui éprouve dans son logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat ».

Pour apprécier la précarité énergétique liée au logement, l’ONPE2 retient trois indicateurs

  • le « taux d’effort énergétique » (TEE) : plus de 10% de son revenu aux dépenses énergétiques, trois premiers déciles de revenus : 2,8 millions de ménages concernés.
  • l’indicateur « bas revenus, dépenses élevées » (BRDE) : revenus sous seuil de pauvreté, dépenses énergétiques, rapportées à la taille du logement et à la composition familiale, supérieures à la médiane nationale. 2,3 millions de ménages concernés.
  • le ressenti de l’inconfort, avec un indicateur du froid. 1,6 million de ménages concernés. 1 million de ménages cumulent situation d’inconfort thermique (indicateur de froid) et vulnérabilité économique(TEE, BRDE). 5,6 millions de ménages (12 millions d’individus, 1 personne sur 5) sont en situation de précarité énergétique pour au moins un indicateur. Au niveau international, plusieurs travaux mettent en évidence la pertinence d’un indicateur composite incluant notamment l’état du logement. Certains auteurs (Meyer et al., 2016) distinguent également pauvreté énergétique mesurée, cachée et perçue.

Les incidences de la précarité

Les ménages en précarité dépensent près de 25% de plus que la moyenne pour l’énergie dans le logement et plus du tiers des ménages déclarent restreindre le chauffage chez eux. Et les conséquences vont bien au-delà de ces seuls aspects financiers. Figure 1 : Les conséquences de la précarité énergétique

Sources : ONPE et Fondation Abbé Pierre]

Si, en France, 14,6% des ménages sont considérés en situation de vulnérabilité énergétique pour leur logement, ce taux est de 5,5 % en région Provence-Alpes-Côte d’Azur3. Cet écart est, à l’évidence, d’abord lié au climat et au moindre besoin de chauffage. La vulnérabilité énergétique est donc plus faible, par contre le taux de pauvreté est plus élevé: 15,8% de la population des Alpes Maritimes est en dessous du seuil de pauvreté (17.4% pour la région) contre 14.9% en moyenne nationale. La précarité associée au logement est aggravée par le coût du logement et la faiblesse relative du parc locatif de logements sociaux : 10,1% des résidences principales contre 16,8 % au niveau national4. En outre, ces indicateurs ne rendent pas compte de l’inconfort d’été et de la surchauffe des logements, avec leurs conséquences spécifiques. (Pour une compréhension générale du ‘mal-logement’ : Fondation Abbé Pierre, 2017, p.12-24).

Réhabiliter pour lutter contre la précarité

Les fournisseurs d’énergie effectuent 600.000 interventions par an (réduction de puissance, suspension de fourniture, résiliation de contrat) suite aux impayés. Des mesures d’urgence peuvent permettre de faire face et une tarification sociale de l’énergie, maintenant remplacée par le « chèque énergie » réduit les coûts. Mais si elles sont indispensables, elles ne modifient pas fondamentalement la situation des individus.

La France compte 7,5 millions de « passoires énergétiques », c’est à dire des logements d’un niveau de performance énergétique F ou G : 2,6 millions d’entre eux sont occupés par des ménages en ‘précarité énergétique’, soit près de la moitié de cette population. La réhabilitation de ces logements est donc une priorité à la fois énergétique et sociale.

La figure ci-dessous présente les principaux dispositifs d’aide à la rénovation énergétique des logements pour améliorer l’efficacité énergétique, réduisant ainsi la facture énergétique, apportant du confort à l’usage et contribuant à la maintenance ou à la requalification du patrimoine bâti.

Figure 2 : Principales aides à la rénovation et construction d’un montage financier

Note : Les dispositifs en pointillés sont soumis à des conditions de ressources. [Sources : ADEME, Aides Financières 2018 ; ANAH]

Le « montage » est à la charge du maitre d’ouvrage, mais le recours à une « société de tiers financement » peut constituer une alternative encore émergente : généralement société d’économie mixte, elle assure le montage financier (mobilise aides et prêts), réalise les travaux et se rembourse grâce aux économies d’énergie obtenues. La SEM Energie Posit’IF (en Ile de France), par exemple, intervient pour les copropriétés. Il existe en outre diverses aides ou sources de financement à caractère local (régional, départemental et/ou local) voire privé (Fondations). Des programmes de réhabilitation pour l’habitat ‘très social’ sont mis en œuvre par des organismes telle la Fondation Abbé Pierre.

Son programme « Toits d’abord » a ainsi permis de réhabiliter plus de 1000 logements par an sur la période 2016-2017 pour atteindre des performances de classe A, B ou C à partir de logements de classe E, F ou G. Évaluation : constats et préconisations Les dispositifs existent et sont nombreux.

Mais, à l’exception (partielle) du programme « Habiter mieux » de l’ANAH, leur évaluation (Cour des Comptes, 2016, p.56-68 ; Fondation Abbé Pierre, 2017, p.137-144) met en évidence une accessibilité défectueuse (complexité, nombre, règles propres, procédures) et une efficacité limitée, de surcroît non mesurée en termes énergétiques. Plutôt que d’inventer de nouveaux dispositifs, il s’agit donc de rendre opérationnel l’existant, c’est-à-dire de simplifier, de globaliser en adaptant au contexte territorial et de statut, sortir de l‘incertain, et affecter les financements nécessaires. Méconnaissance, incompréhension ou suspicion, incertitude voire doute sur les gains : les raisons de l’inaction sont multiples (voir, par exemple, Roques, 2016, p.128-137). Alors que si l’efficacité est au rendez-vous, la transition énergétique est économiquement (et socialement) ‘rentable’ sous condition, comme le montrent les retours d’expérience et les évaluations techniques (Sidler, 2012, p. 10-12), de vision globale et d’ambition auxquelles n’incite pas la dispersion des aides. La préconisation est alors de concentrer les aides sur les travaux s’inscrivant dans un objectif contractualisé (‘Contrat de Performance Énergétique’), de viser un niveau BBC Rénovation assorti d’une évaluation post-travaux.

Figure 3 : Préconisation pour chaque étape clé du processus de rénovation

Pour conclure

La loi « Transition énergétique pour la croissance verte » de 2015 a fixé l’objectif de rénover 500.000 logements par an pour majorité occupés par des ménages aux revenus modestes, visant ainsi une baisse de 15 % de la précarité énergétique d’ici 2020. En réalité, au rythme actuel, la précarité énergétique n’aura baissé que de 6 %…

Encore le décompte du nombre d’opérations et l’engagement de fonds publics ne suffisent-ils pas : il faut gagner réellement en efficacité. Diagnostic, tierce intervention, accompagnement et évaluation ont un coût, mais aussi une efficacité propre porteuse de valeur ajoutée.

Il est en outre essentiel d’inclure aussi les occupants : la réalité de la performance énergétique sera ensuite entre leurs mains. L’ARA (Auto Rénovation Accompagnée), outre son intérêt financier, peut en être un vecteur et l’inclusion des usagers peut même être également recherchée dès le processus de conception (Roques, Lazaric, 2018).

La précarité énergétique apparait comme conséquence et révélateur de précarité sociale. Mais également, on l’a vu, elle est cause de cette précarité sociale par le mal-logement. Elle apparait alors indissociable des questions de mobilité et, conjointement, de l’inscription du logement dans l’espace et l’urbanisme.

Références

ADEME (2018), Aides financières pour des travaux de rénovation énergétique de logements existants , 21p. ANAH (2015), Évaluation du Programme “Habiter Mieux” Etude 1 : Synthèse de l’enquête auprès des propriétaires occupants, N° 1 , janvier 2015

CGDD (2015), La rénovation thermique des logements : quels enjeux, quelles solutions ? , La Revue du CGDD, janvier 2015, 150 p. Cour des Comptes (2016), Les résultats modestes de l’incitation à la rénovation des logements, L’efficience des dépenses fiscales relatives au développement durable p.56-68 Fondation Abbé Pierre (2017), Résorber les passoires thermiques en une génération, 22e rapport sur l’État du mal-logement en France 2017, p.137-151

Meyer S., Holzemer L, Nyssens T., Maréchal K. (2016), Things are not always what it is measured: On the importance of adequately assessing energy poverty, CEB, Working paper N° 16/025, June 2016 Roques P. (2016), La question de la consommation d’énergie dans les logements sociaux réhabilités, Pratiques et identité, Thèse, Université Côte d’Azur, juin 2016

Roques P., Lazaric N. (2018), Involving users in retrofit innovation systems: lessons from a French social housing programme, Technological Forecasting & Social Change (under review) Sidler O. (2012), La rénovation thermique des bâtiments en France – Enjeux et stratégie, Enertech, 47 p.

  • Présidente de la Commission nationale du débat public. Déclaration lors de la publication du compte rendu du débat public sur la PPE (31 août 2018).
  • Source : ONPE (Observatoire National de la Précarité énergétique)
  • Source : DROS PACA (Dispositif Régional d’Observation Sociale)
  • Source: INSEE pour les données relatives à la population, aux revenus, au logement. Notamment : Enquête nationale Logement 2013 (dernières données disponibles)

Télé Chez Moi, Télévision participative de proximité

Par Stéphane Le Dû et David Mus

 »Télé Chez Moi » est la rencontre entre le collectif vidéo niçois  »Bob Pretends To Be Blind », créé en 2011 et produisant des courts-métrages, des clips et des expériences filmiques, et un mouvement social :  »Nuit Debout Nice ».

Le traitement des médias traditionnels sur ce mouvement montre des casseurs à Paris ; ailleurs, on a des alcooliques et des utopistes chevelus (Nice-Matin, le 11 avril 2016, parle d’un « mini mai 68 » et écrit de manière un peu condescendante « Ils se réunissent place Garibaldi pour prolonger la nuit dans une ambiance pacifique. Entre débats sur la Loi Travail, bières blondes et toilettes sèches. L’objectif est simple: « refaire le monde » »).

Saisissant la beauté de l’expérience et l’importance de laisser des traces, Bob prend sa caméra et filme les Agoras, lieux de libre parole, les ateliers et les actions, souvent décalées et humoristiques.Entre mars et mai 2016, les rendez-vous de  »Nuit Debout » à Nice permettent au collectif de prendre conscience du plaisir et de l’importance de couvrir ces événements autrement.Bob met donc en valeur celles et ceux qui parlent dans un micro, souvent pour la première fois, face à une foule attentive.12 documentaires sur  »Nuits Debout » sont tournés. S’en suivent d’autres productions, notamment sur la cause des réfugiés, jusqu’en janvier 2017, date de fondation du collectif  »Télé Chez Moi », qui se monte en association au mois d’août de la même année. »Télé Chez Moi » est d’abord un média de proximité.

Télévision participative de proximité, elle est libre et indépendante, privilégiant l’intérêt général. La chaîne consacre la plupart de ses programmes à la couverture d’événements culturels, notamment musicaux, mais aussi à des documentaires sur des thèmes sociaux, des vidéoclips, des courts métrages et autres expériences audiovisuelles.Son indépendance éditoriale lui permet d’user d’une liberté de ton.

L’exercice de ses missions doit servir l’intérêt général, le pluralisme, la création, l’expression citoyenne et donner priorité à l’utilité sociale et culturelle. Les obligations de production ne peuvent en aucun cas prédominer sur l’honnêteté de la démarche et le respect total du droit à l’image, le respect des téléspectateurs et l’intégrité des personnes. »Télé Chez Moi » veut promouvoir la culture. « Télé Chez Moi » filme des événements organisés par les réseaux associatifs niçois, mais également des artistes et créatifs qui, le temps d’un documentaire, montrent l’éventail de leur inventivité et de leur engagement.

La collaboration avec l’association  »Concert Chez Moi », qui organise depuis presque dix ans, des concerts en appartement et en jardin, a permis à la chaîne de tisser des liens avec des artistes. Ainsi, tous les documentaires ont une bande originale constituée de musiques ou de compositions spécialement créées pour l’occasion. A sa manière, la chaîne promeut la culture musicale alternative. »Télé Chez Moi » est enfin un lieu d’expression et d’émulation. La chaîne donne la parole au citoyen et s’inscrit dans une démarche de démocratie participative, privilégiant un rôle éducatif et informatif. Ses documentaires participent à la vie citoyenne, à l’évolution des mentalités, à la lutte contre les préjugés et toutes formes de discrimination.Outil d’intégration, de respect des différences, de connaissance de l’autre, « Télé Chez Moi » incite à  l’implication de l’ensemble de la population dans la vie de la cité.Donc…


 »Télé Chez Moi » facilite les connexions entre artistes, bénévoles et militants et offre une existence médiatique à des initiatives citoyennes et événements alternatifs, car elle est intégrée localement et participe de la richesse du réseau culturel niçois.Après un an et demi d’existence, l’équipe compte aujourd’hui 8 journalistes dont deux cameramen / monteurs. Plus de 70 productions ont été tournées, dont deux vidéos clips et huit captations de concerts.Faire du journalisme autrement, avec toujours une forte dose d’espoir et de « feel-good », et fédérer les associations, mouvements, collectifs, individus, citoyennes et citoyens, artistes et motivé-e-s, c’est finalement ce qui définit le mieux l’esprit de « Télé Chez Moi », la web-télé qui édite, chaque mercredi, un petit documentaire de 10 minutes sur l’actualité de Nice et de sa région.

http://www.telechezmoi.com

Le supermarché coopératif La Meute à Grasse depuis 2015

Comment s’est montée Coop La Meute ?

Aujourd’hui, Coop La Meute est une supérette collaborative sous statut d’association loi 1901 qui s’est constituée en groupement d’achat collaboratif avec pour objectif de créer un supermarché coopératif et collaboratif.Fin 2014, le Club des Entrepreneurs de Grasse monta un atelier sur le thème : «Et si l’alimentation redevenait facteur de lien social». Une poignée de participants  fut interpellée par le film « Park Slope » présenté par Tom Boothe, fondateur de La Louve, à Paris.

Les premiers échanges firent émerger l’idée de créer à Grasse un projet similaire, tout en prenant en compte nos caractéristiques locales et notre envie de défendre une agriculture de proximité.Le 23 janvier 2015, l’association loi 1901 « La Meute du Pays de Grasse » a été déposée par les sept membres fondateurs avec pour principe de base “Le beau, Le bon, Le juste », et le rejet d’une alimentation déconnectée d’un développement durable, avec un postulat : ensemble, dans un collectif bénévole, imaginatif et enthousiaste, on peut changer la donne !

Dès le début, des producteurs locaux ont été associés à la démarche, pour affirmer la valeur de la terre, la défense de l’agriculture et d’une juste rétribution du travail, le retour du goût dans nos assiettes, l’urgence d’une nourriture exempte de produits chimiques dangereux pour la santé.La mise en pratique de nos idées a suivi, selon le principe simple : « apprendre en marchant », en s’appuyant sur l’engagement individuel de chacun de fournir 3 h de travail toutes les 4 semaines.

Les débuts

Un  groupement d’achats a été lancé en novembre 2015 avec les 50 premiers adhérents, et les premières ventes de maraîchage se sont faites dans un petit local  de 15 m2 prêté par deux de nos membres. Un lieu de stockage et d’accueil plus grand est vite devenu nécessaire. Avec les premiers bénéfices réalisés et une opération de financement participatif  réussie, un hangar a été loué et rénové par nos membres à partir  d’avril 2016 pour une inauguration de notre magasin de 70 m2 le 23 Juin 2016. En deux ans, nous sommes passés à plus de 150 membres.

Fin juin 2018, il a fallu chercher un nouveau local. Grâce à deux ans de bonne gestion, nous avons été capables de prendre un local plus grand, 200 m², afin de passer de la taille “ épicerie” à la taille “supérette”. Aujourd’hui tous nos produits secs sont disponibles en libre service, nos produits frais sont toujours en pré-commande via un site internet, et les adhérents viennent chercher leurs produits les jeudis de 16h à 19h30, les vendredis de 17h à 19h, les samedis de 10h à 12h.Au 30 Juin 2018, Coop La Meute, c’est 140 membres à jour de leur cotisation, dont 120 actifs, 55 fournisseurs, avec un catalogue de 600 produits dont environ 130 en stock permanent, et, aujourd’hui 175 produits activés (environ 50 produits frais).CA : 73 k€ sur l’exercice 2016-2017, et 35 k€ sur les 6 premiers mois 2017-2018, avec, à cette date, une trésorerie de 14 k€.

Paramètres juridiques

Nous sommes une association loi 1901 à but non lucratif  qui réinvestit la totalité des bénéfices dans son développement.A terme, nous pensons opter pour une SAS à capital variable, ce qui permettra d’acquérir des fonds propres pour investir, renforcer la crédibilité et poursuivre un développement autonome.

Gouvernance

Nous avons opté pour une organisation par groupes de travail (appelés comités) qui sont en charge de leur domaine de compétences. Leurs propositions sont discutées tous les 15 jours lors des cocons (comité de coordination). Sont présents lors des cocons, les membres du bureau, les coordinateurs de chaque comité et/ou un représentant désigné de ce comité. Au total, deux membres de chaque comité peuvent être présents, sauf en cas de thématique spécifique lié à un comité en particulier .Les décisions sont prises à la majorité et sont actées dans les compte-rendus, lesquels sont accessibles à tous les membres de l’association.

Des comités sont nés et se sont étoffés autour de grandes thématiques :

  • Magasin (organisation des journées de ventes, création et suivi des fiches d’activité et procédures, formation des nouveaux équipiers, groupe zéro déchet), local (aménagement, travaux),
  • Finances (caisse, budget, bilan), achats/ventes (choix et suivi des producteurs, des fournisseurs et des produits, développement du catalogue, gestion du site marchand, objectif zéro déchet), enlèvement (organisation de l’enlèvement des denrées chez nos producteurs), ressources humaines (accueil, gestion et suivi  des membres : qui fait quoi, fiches d’activité, médiation, bref, tout ce qui tourne autour des gens et de la formation, planning),
  • Café Meute, communication (lettre#hebdo, réseaux sociaux et participation de Coop La Meute aux manifestations extérieures, création des supports visuel et site web, réunions d’informations publiques), maui (maîtriser astucieusement les usages de l’informatique),  service clients (récolter, transmettre et suivre les remontées de nos adhérents).

Le fonctionnement

Une semaine d’organisation c’est quoi ?

1) le samedi après midi, ouverture du site de commande, annoncé par l’envoi de l’hebdo qui reprend les infos clés pour la semaine à venir.

2) le site de commande reste ouvert jusqu’au lundi soir pour des commandes à retirer le jeudi de 16h à 19h30, le vendredi de 17h à 19h ou le samedi de 10h à 12h. Une deuxième plage de commande est ouverte du mardi matin au jeudi soir, pour des produits à retirer le samedi matin.

3) le mardi, une équipe s’occupe de compiler les commandes des adhérents afin de passer les commandes aux fournisseurs.

4) le mercredi, un binôme est chargé de faire les impressions des commandes qui seront utilisées par l’équipe magasin pour faire préparer les commandes clients.

5) le jeudi, le matin, des «cueilleurs» se rendent chez les producteurs pour récolter les produits, les identifier et les rapporter au local. L’après-midi, l’équipe magasin se met en route. S’enchaînent alors les équipes pour le pré-pesage, la préparation des paniers et leur distribution à laquelle s’ajoute la vente libre, accompagnés de deux postes de caissiers et d’un poste d’accueil.

6) le vendredi, un binôme est présent de 16h30 à 19h30 pour distribuer les paniers préparés le jeudi et faire de la vente en libre service, et le soir, actualisation du site de commande pour la semaine suivante.

7) enfin, le samedi matin, les «cueilleurs» retournent chez les producteurs pour récolter les produits pour la distribution du jour, ils les livrent au local où l’équipe magasin se charge de la préparation et  de la distribution accompagnée d’un «caissier».

Une trentaine d‘adhérents est donc nécessaire chaque semaine, soit 120 toutes les 4 semaines pour la partie visible de l’iceberg (organisation des journées de ventes), tandis que s’agite en coulisse, l’intégralité des comités pour toutes les tâches «hors planning» mais indispensables à la bonne marche de notre épicerie coopérative.

Prospective

Depuis le début, notre fonctionnement se veut coopératif et collaboratif et repose uniquement sur l’engagement  de nos membres d’effectuer 3h au minimum toutes les 4 semaines.Pour arriver au supermarché coopératif, ouvert sur 5 jours, nos ambitions sont d’atteindre les 500 adhérents actifs, avec un catalogue de 1600 à 2000 références en produits actifs (2500 au total), un nombre suffisant de fournisseurs en phase avec ce catalogue.Ce supermarché comportera un espace de convivialité pour humaniser la distribution alimentaire avec le concept  de « consomm’acteur ».

Sport et Développement Durable, l’exemple de la F. F. Badminton

Contexte 

La dernière Coupe du monde de football a rappelé (si cela était nécessaire) que le sport est source d’émotion et de communion et démontre l’intérêt de « considérer le sport comme une grande cause d’intérêt national, comme un bien commun, un bien d’utilité sociale dont les impacts sont partagés par tous.» (CNOSF).

La Fédération Française de Badminton, ses clubs et ses bénévoles, ont compris ces enjeux et très tôt ont engagé des actions concrètes dans ce sens. En basant son action autour de la « charte des engagements éco-responsables des organisateurs d’événements », elle souhaite démontrer une nouvelle fois toute la détermination des acteurs du sport dans tous les domaines que recouvre la responsabilité sociale et environnementale. Cette charte, rédigée par le Ministère des Sports et le WWF implique les organisateurs de très grands événements (JO, championnats du monde etc…). La FFBaD travaille à sa déclinaison sur le territoire auprès des organisateurs de manifestations d’envergure plus locale et dans les actions quotidiennes des associations sportives. (Restauration, Transports, Achats, Déchets, Sites Naturels, Ressources naturelles et Energie, Innovation(s), Ambassadeur(s), Handicap (accès des sites), Action(s) d’accès à tous, Bénévoles, Cause solidaire, Parité H/F, Référent DD, Sensibilisation(s) DD)

Genèse du projet

La démarche dans le badminton s’est initiée à Saint-Laurent-du-Var en 2007, lorsque le Stade Laurentin Badminton a organisé le premier « Grand Prix écocitoyen de badminton », qui fut la première compétition sportive éco-labellisée par la CNOSF en PACA. Buvette 100% bio, promotion du covoiturage, partenaires éthiques, récompenses en fruits et légumes, actions solidaires, tri sélectif… durant 10 ans ensuite, le club a pérennisé et amélioré annuellement cette manifestation fédérant quelques partenaires autour de lui jusqu’à servir de moteur à la démarche de la Fédération Française.

Stratégie et actions

Pour que le badminton devienne un vecteur des changements de comportement au quotidien, la FFBaD a décidé de porter cette démarche au travers de 5 axes prioritaires à destination des ligues régionales, des comités départementaux et des clubs (9900 licenciés dans 111 clubs en PACA):

-Sensibiliser, informer et former les acteurs du badminton au développement durable, notamment en organisant des formations « organiser une manifestation de Badminton éco-responsable » et en proposant la mutualisation d’outils d’organisation et des supports de communication dédiés.

-Promouvoir les actions en faveur du développement durable et favoriser l’émergence de manifestations sportives écoresponsables avec l’accompagnement, la valorisation et la labellisation « ECOBaD » des tournois qui mettent en place des actions vertueuses (24 manifestations labellisées dans le 06 en 2018).

-Montrer l’exemple en élaborant des manifestations fédérales qui répondent à des exigences fortes et signant et respectant la « charte des engagements éco-responsables des organisateurs d’évènements », en pilotant cette démarche à haut niveau et en impliquant les sportifs emblématiques à chaque niveau, comme les jeunes champions azuréens.

-Prendre en compte la durabilité dans le fonctionnement associatif en faisant la promotion du covoiturage, des transports doux ou de la téléconférence et en refusant certains partenariats.

-Répondre aux enjeux sociétaux en s’impliquant dans les thématiques sport pour tous, de sport-santé et du plan citoyen du sport. Le badminton, sport individuel et par équipe, s’y prête particulièrement bien : accessible par tous, porteur de valeurs civiques et de convivialité, symbole de mixités, est pratiqué par beaucoup d’enfants dans les écoles et les centres de loisirs grâce à l’appui des clubs et comités.

Paramètres économiques

La transition écologique n’est plus une priorité du Centre National de Développement du Sport depuis 2015, mais la correction des inégalités d’accès de la pratique sportive, le sport dans les quartiers et les zones rurales, la lutte contre les discriminations et la violence dans le sport, le sport-santé, et l’innovation sociale par le sport représentent encore des leviers financiers importants pour les clubs qui souhaitent construire des projets dans ce sens, créer des emplois et les pérenniser.

La formation des bénévoles et des dirigeants permet l’évolution des mentalités et des comportements. L’éco-conditionnalisation de certaines aides et remboursements engage de plus en plus les instances sportives à associer les enjeux environnementaux aux activités sportives.La Fédération Française de Badminton pilote, encourage et accompagne les initiatives. Moins de déplacements en avion en France, plus de covoiturage, et des coupes budgétaires pour ceux qui ne respectent pas les cahiers des charges sur les aspects environnementaux et sociétaux.

Freins institutionnels

Même si elles sont des partenaires financiers et opérationnels privilégiées, les collectivités locales ont encore du mal à fonctionner de manière transversale. Si la mairie est facilement prompte à féliciter les initiatives éco-responsables des associations sportives (lorsqu’elles le font savoir), obtenir un temporisateur, un composteur, ou juste un container de tri sélectif dans un gymnase de collège utilisé tous les soirs et les week-ends par les associations sportives relève d’une mission parfois impossible. Cela nécessite une coordination multipartite complexe et parfois décourageante. (Département, établissement, mairie, syndicat de gestion des déchets, service environnement, service des sports…). Il est nécessaire que les responsables institutionnels prennent conscience de l’impact du mouvement sportif. Pour cela, les associations sportives doivent aussi mieux évaluer, conduire, documenter et partager leurs actions.

Gouvernance

Depuis deux olympiades la Fédération Française de Badminton dispose d’une vice-présidence Développement Durable. Ce thème est inscrit comme un des trois objectifs prioritaires du projet fédéral « Ambition 2025 » (Objectif 3 : participer aux engagements sociétaux). La transversalité de la démarche et de la commission « Développement durable et citoyenneté » permet d’assurer une plus grande influence au sein de l’organisation et d’évaluer les impacts socio-économico-environnementaux des actions projetées et des politiques menées sur l’ensemble des secteurs de la vie fédérale.Les responsables de cette démarche forment les bénévoles, mais aussi partagent avec les dirigeants et les acteurs du monde sportif et politique ainsi qu’avec les partenaires et les prospects. La FFBaD est ainsi très fortement reconnue pour son action et son engament sur les thématiques sociétales.

Conclusion

Le développement durable relève d’une prise de conscience que les acteurs du badminton s’approprient progressivement à grand renfort d’information, d’actions visibles et d’une gouvernance rénovée pour un impact sociétal accru. Mais il reste encore des doutes à lever chez de nombreux acteurs quant au lien entre sport et Développement Durable. La sensibilisation, la promotion et l’accompagnement doivent être les piliers majeurs de l’action Développement Durable de la FFBaD.

Professionnels, bénévoles, éducateurs, dirigeants, officiels techniques, sportifs de haut niveau, parents, interlocuteurs des collectivités et partenaires privés, doivent tous parler d’une même voix grâce à un dialogue renforcé. Le sport doit être vu comme un investissement sociétal, au regard des actions d’intérêt commun qu’il représente et du rôle essentiel rempli par les associations sportives pour qu’il résulte un héritage sociétal durable, de Paris 2024.

Module- Impact- Résilience citoyenne

 

PRESENTATION DU MODULE

L’accroissement des risques et menaces climatiques, industrielles et sécuritaires pousse les acteurs locaux à s’aguerrir à la gestion de crise afin d’assurer la pérennité de leur organisation, la protection des publics et la résilience des territoires.
Répondant à ce nouveau besoin, le Service Départemental d’Incendie et de Secours des Alpes – Maritimes (SDIS 06 ), fort de son expertise depuis 1995 dans la sensibilisation des publics aux enjeux de sécurité, a créé un module d’initiation à la gestion de crise dénommé IMPACT (Immédiat Management Planification Action).
Le module IMPACT est simple de mise en œuvre, d’une durée de 3 heures.
Les 12 à 50 personnes sont réparties en cellules Planification et Action.
La séquence libère la volonté d’anticiper des participants en faisant tomber leurs croyances d’évitement, nécessaires à leurs sentiments de sécurité.
Les participants des cellules Action sont immédiatement plongés au cœur d’évènements crédibles et évolutifs conçus par les cellules Planification sous la pression du temps.
Les incertitudes croissantes ainsi générées, lors des premiers exercices, forcent l’ensemble des acteurs à s’approprier les principaux outils de planification et de gestion de crise afin d’atteindre les objectifs fixés.
Il en résulte une réelle cohésion et une solide prise de conscience de la nécessité de se préparer.
Les deuxièmes exercices, plus maitrisés, renforcent la confiance des acteurs et les engagent à planifier rapidement leur propre sécurité professionnelle et familiale.
3 000 managers publics et privés ont été sensibilisés par le module IMPACT.
Ils ont également participé à sa mise au point lors des 400 séquences « recherche action » échelonnées sur près de 3 années en France, au Portugal, au Maroc, aux Philippines et en Jordanie .
Mots clés : citoyen, planification, impact, crise, exercices, confiance, résilience.
Service Départemental d’Incendie et de Secours des Alpes – Maritimes – citoyennete(à)sdis06.fr
MODULE – RESILIENCE CITOYENNE Immédiat Management Planification ACTion
EPREUVE DE SENSIBILISATION A LA CONSCIENCE DU RISQUE ET LA GESTION DE CRISE
De 16 à 50 personnes / durée 3 heures
CELLULE ACTION

MODULE – RESILIENCE CITOYENNE Immédiat Management Planification ACTion
EPREUVE DE CONSCIENCE DU RISQUE ET DE SENSIBILISATION A LA GESTION DE CRISE
De 16 à 50 personnes / durée 3 heures
BILAN DE LA DYNAMIQUE 3 000 personnes sensibilisées depuis décembre 2015 assurant la sécurité de 300.000 élèves et adultes

CELLULE PLANIFICATION
Évaluer – Anticiper Scénariser – Animer Percevoir – Évaluer Décider – Agir

RETOUR D’EXPERIENCE Dynamique, stressant, constructif
Emergence d’un questionnement permanent
Cohésion et anticipation
Amélioration des plans : PCS – PAPI – PPMS – PFMS – PCA…

PROFIL DES PARTICIPANTS
Agents publics et privés.
Équipes de direction, Experts et ingénieurs en management des risques des territoires
Contact : citoyennete(à)sdis06.fr

PROFIL DES MODÉRATEURTS INTER SERVICE Officiers de sapeurs – pompiers , de police, de gendarmerie, experts et ingénieurs maitrisant la gestion des crises territoriales de sécurité civile et globale

RESF, qu’est-ce que c’est ?

RESF n’est pas une association, mais, comme son nom l’indique,

RESF est un réseau, un collectif d’associations (ADN, Agir contre le racisme, Amis de la démocratie, ATTAC, CCFD-Terres solidaires, CIMADE, CLAJ, COVIAM, EEDF, FCPE, Habitat et citoyenneté, ICEM-Pédagogie Freinet, Ligue des Droits de l’homme, MRAP, Pax Christi, Roya citoyenne, Tous citoyens, …), de syndicats (CFDT, CGT, CGT Éduc-action, FSU, SGEN-CFDT, SUD-Solidaires, UNEF, SM, SAF, …) de soutiens politiques (PCF, Ensemble ! France insoumise, PS, NPA, EELV, …) et d’individus. Un regroupement de bonnes volontés, donc, qui se passe d’instances, de président, de porte-parole, de cartes de membres et d’adhésion.

Le réseau a été créé en juin 2004 à l’initiative de personnels de l’éducation nationale, de parents d’élève, de militants soucieux des Droits de l’Homme.

Le site : http://www.educationsansfrontieres.org/

Les buts

Au départ :  militer pour le respect du droit à l’éducation d’enfants étrangers menacés d’éloignement, car enfants d’étrangers en situation irrégulière.

Concrètement, notre action au jour le jour à Nice : Permettre le soutien à la scolarisation et à la socialisation de familles en très grande précarité administrative et financière, qu’elles soient demandeuses d’asile, réfugiées, sans papiers, roms…. On peut distinguer les principales situations suivantes :

  • En attente de dépôt de demande d’asile
  • En demande d’asile avec une ADA (Allocation pour Demandeurs d’Asile) ou sans ADA (dublinée, déboutée, en réexamen…)
  • Réfugiées en attente d’activité professionnelle et/ou d’ouverture des droits sociaux
  • Sans papiers en attente d’une régularisation préfectorale (souvent plusieurs années d’attente)
  • Européennes sans emploi (d’origine rom ou pas)
  • D’origine non européenne avec titre de séjour européen et en attente de régulariser leur situation administrative par le travail.

Notre conviction est que l’école est le moyen le plus sûr d’intégration.

Les activités

Une permanence hebdomadaire (le vendredi à partir de 14 h 30) dans les locaux de l’association Habitat et citoyenneté au 28 rue Dabray à Nice.

  • Soutien des familles dans les démarches administratives liées à la scolarisation :
    • Inscriptions
    • Demandes de bourses (second degré)
    • Accès aux aides sociales (fonds social, aides sociales de la MDPH)
  • Soutien dans les démarches d’intégration :
    • Aide à l’apprentissage de la langue
    • Soutien scolaire
    • Contacts avec les équipes éducatives
    • Inscriptions aux activités para scolaires ou éducatives
    • Animations (atelier théâtral)
  • Interface entre les familles et la municipalité de Nice pour l’octroi de mesures temporaires de gratuité de la cantine dans les écoles de Nice.
    • Mesure accordée pour 3 mois renouvelables une fois par année scolaire.
    • Critère unique : les ressources (ou leur absence).
    • Le dossier est constitué par nos soins avec les pièces fournies par la famille, et nous sommes l’interlocuteur unique de la mairie.
    • En fin d’année scolaire, nos faibles ressources sont utilisées à compenser les factures impayées pour les 4 mois non couverts par la gratuité (mais par un tarif réduit).

Notre souci, partagé avec les services concernés de la mairie : assurer à ces enfants qui vivent dans des conditions précaires un minimum de confort dans le milieu scolaire. En particulier, l’accès à la cantine est essentiel. D’abord parce que bien souvent, les repas sont les seuls repas équilibrés pour l’enfant. Ensuite parce que la cantine et la pause méridienne qui suit sont un moment plus convivial, où se nouent des amitiés qui sont souvent un excellent moyen d’éviter l’agressivité et la défiance de l’autre, de celui qui n’a pas la même couleur, la même façon de parler et d’être ….

Des activités militantes de sensibilisation de la population

  • « Cercle de silence » mensuel sur la place Garibaldi
  • Participation à des manifestations publiques : festival du livre de Mouans-Sartoux, initiatives diverses sur le thème des réfugiés ou du soutien aux « aidants »
  • Interventions dans les établissements scolaires ou universitaires
  • Rencontres régulières de « remue-méninges » entre militants RESF

Et toutes les bonnes idées que vous voudrez bien nous donner…

Quel rôle pour le marché du travail local sur le risque de décrochage scolaire ?

Quel rôle pour le marché du travail local sur le risque de décrochage scolaire ?

Vanessa di Paola et Stéphanie Moullet (Maîtres de Conférences, Aix-Marseille Université, LEST-Laboratoire d’Economie et de Sociologie du Travail)La lutte contre le décrochage scolaire constitue un enjeu majeur au niveau européen comme il a pu être une priorité nationale (« Tous mobilisés pour vaincre le décrochage scolaire » plan d’action mis en œuvre en 2014 par la Ministre de l’Éducation Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche). L’expression « décrochage scolaire » repose sur une définition institutionnelle qui renvoie aux situations d’élèves ayant dépassé l’âge de la scolarité obligatoire (16 ans) sans avoir achevé au minimum avec succès des études secondaires complètes (Bernard, 2015). Le décrochage est un processus multifactoriel qui combine des facteurs individuels, scolaires, sociaux et contextuels. On connait assez bien les facteurs relatifs à l’élève et à son environnement familial et ceux relatifs à l’institution scolaire. On sait également que les parcours et la réussite scolaire des élèves présentent des inégalités entre espaces géographiques : plus les ressources sur le territoire sont nombreuses et plus les élèves y sont avantagés en termes de réussite scolaire (Boudesseul et al., 2014). L’offre de formation territoriale joue en particulier non seulement sur les taux de poursuite d’études – notamment dans la voie générale et technologique après la classe de troisième en particulier pour ceux qui présentent le plus de difficultés scolaires (Miconnet, 2016), mais aussi sur les motifs du décrochage (Bell et Bernard, 2016).

Au-delà du contexte éducatif territorial, c’est le contexte économique en matière d’emploi notamment qui peut influencer le risque de décrocher des jeunes en difficulté scolaire. Il convient donc dans l’évaluation des risques de décrochage de prendre en compte non seulement les effets individuels, mais également les effets territoriaux et leurs éventuelles interactions avec les caractéristiques des jeunes. Quels sont les facteurs caractérisant le marché du travail local qui pourraient pousser les jeunes à décrocher et ceux qui au contraire les maintiennent attachés à l’institution scolaire ?

A partir de l’enquête Génération 2010 du Céreq qui porte sur l’ensemble des sortants du système éducatif en 2010, on définit les décrocheurs comme les jeunes de plus de 16 ans sans aucun diplôme (à l’exception du Diplôme National du Brevet) en 2010, sans poursuite d’étude ni en alternance l’année suivante. Ils représentent 16% de l’ensemble des jeunes ayant quitté le système éducatif en 2010. On ne peut envisager de comparer les jeunes en rupture de scolarité sans aucun diplôme en 2010 à l’ensemble des diplômés sortant du système éducatif cette année-là. Il nous faut opérer une sélection parmi ces sortants diplômés pour retenir des jeunes qui ont débuté leur scolarité en même temps que ceux en situation de décrochage de sorte que leur décision de décrocher versus poursuivre se soit prise à un moment proche. Le choix opéré consiste à comparer les situations des décrocheurs à celles des jeunes qui ont achevé avec succès leur cursus dans l’enseignement secondaire.

On observe comme déjà établi sur ce sujet, que les filles sont moins nombreuses parmi les décrocheurs qu’elles ne le sont parmi les sortants diplômés du secondaire (Afsa, 2013). Concernant le parcours scolaire, comme établi dans la littérature (Khouaja et Moullet, 2016), les décrocheurs interrompent leur scolarité plus souvent en CAP-BEP que les sortants diplômés du secondaire ; seuls les décrocheurs peuvent avoir arrêté leurs études en classe de 3ème et ils sont 16 % dans ce cas. La part des jeunes ayant vu leur vœu d’orientation contrarié à l’issue de la 3e est plus élevée parmi les décrocheurs que parmi les diplômés du secondaire. Ils avaient un peu plus souvent que la population de référence déjà interrompu leur scolarité et accusent également plus fréquemment un retard à l’entrée en 6ème. Ils ont par ailleurs un peu moins souvent bénéficié d’une bourse sur critères sociaux, témoignant du caractère incitatif à la poursuite d’études de la bourse. Les décrocheurs ont en outre plus souvent bénéficié d’une aide régulière de la part de leur entourage, laissant penser à de plus grandes difficultés scolaires mais ils ont dans le même temps un peu moins profité d’un soutien scolaire payant. Enfin, quand les jeunes sont interrogés sur les raisons de l’arrêt des études sur la base d’une question à choix multiple, les jeunes ayant précocement interrompu leur formation déclarent plus souvent l’avoir fait par lassitude de l’école ou pour entrer dans la vie active, mais en revanche moins souvent parce qu’ils avaient trouvé un emploi ou pour raisons financières.

Concernant l’environnement familial, globalement les décrocheurs ont moins souvent des pères et des mères en emploi, plus fréquemment une mère non diplômée. L’information relative aux pères (son niveau d’études, sa situation vis-à-vis du marché du travail et sa catégorie sociale à la fin des études) est plus souvent manquante lorsque le jeune a décroché ; en l’absence d’information sur la situation de monoparentalité dont on sait qu’elle est un facteur de décrochage, cet élément pourrait en constituer un indice. Les jeunes décrocheurs ont moins souvent deux parents nés en France. Enfin, ils vivent deux fois plus fréquemment en ZUS.Qui décroche ?

Tableau 1Source : Enquête génération 2010 (Céreq)Par marché local du travail, on entend la zone géographique à l’intérieur de laquelle se situe l’ensemble des possibilités d’emplois offertes à un individu sans qu’il ait à changer de lieu de résidence. Pour caractériser ce marché du travail local, on opte ainsi pour la zone d’emploi qui est un espace géographique à l’intérieur duquel la plupart des actifs résident et travaillent, et dans lequel les employeurs sont susceptibles de trouver l’essentiel de la main d’œuvre nécessaire pour occuper les emplois offerts. Pour chacune de ces zones, on dispose d’indicateurs issus des données de l’Atlas des zones d’emploi de 2010, (DARES-INSEE-DATAR) et du Recensement de la population de 2014 (INSEE). Parmi ces indicateurs, certains rendent compte de la structure de la population de la zone d’emploi en matière de niveau d’éducation, traduisant la norme sociale d’achèvement des études ; du taux de chômage des 15-24 ans ; du poids des contrats aidés pour approcher l’offre d’emploi peu qualifié ; enfin, le poids de l’apprentissage dans les zones d’emploi peut refléter le dynamisme local du marché du travail en matière de possibilité de poursuivre ses études par ce biais.

Nos résultats montrent que le décrochage varie significativement d’une zone d’emploi à une autre : la zone d’emploi participe bien à expliquer les différentiels de décrochage. Parmi les dimensions déterminantes du décrochage scolaire, les variables individuelles sont les facteurs premiers, le contexte local dans lequel les jeunes s’inscrivent n’agit que dans une moindre mesure, mais il agit.

Un taux de chômage juvénile élevé semble inciter les jeunes à quitter l’école sans diplôme, alors que la dynamique de l’emploi se révèle sans effet. Un chômage des jeunes élevé dans la zone d’emploi, parce qu’il traduit probablement de moindres débouchés, induirait des effets de découragement, les jeunes ne verraient plus en quoi l’investissement éducatif pourrait être rentable ; on aurait pu s’attendre à ce que les jeunes interprètent ce fort taux de chômage comme de faibles perspectives d’emploi et poursuivent davantage leurs études.

En outre, l’existence de perspectives d’emplois peu qualifiés incite les jeunes à décrocher : là où les possibilités d’emplois aidés sont relativement plus nombreuses qu’ailleurs, le décrochage semblerait plus opportun. A l’inverse, plus le poids des contrats apprentissage dans la zone d’emploi est important et plus le risque de décrochage diminue. Cet indicateur traduit l’existence de débouchés professionnels mais conditionnés au fait d’être scolarisé. Aussi, les jeunes résidant dans des zones où l’apprentissage est plus important qu’ailleurs peuvent être incités à poursuivre leur scolarité. Enfin, il semble que des effets de norme sociale du niveau d’éducation atteint sont à l’œuvre : là où les diplômés du supérieur sont relativement nombreux, les jeunes décrochent moins, et inversement : les jeunes dans une zone qui concentre une part importante de non diplômés interagissent plus fréquemment avec ces personnes et pourraient internaliser ce comportement comme une alternative acceptable.

Enfin, on montre qu’une origine sociale défavorisée contribue à accroître le risque de décrochage d’autant plus que le taux de chômage est élevé dans la zone d’emploi. Ce résultat peut être lu comme celui d’une double peine subie par ces jeunes : celle d’une moindre capacité économique et sociale à la poursuite d’études et celle d’une moindre appréciation des profits à retirer de la poursuite d’études parce que grandissant dans des environnements défavorisés.

Références

Afsa C. (2013) : « Qui décroche ? », Éducation et formations, n°84, MEN-DEPP.

Bell L. et P-Y. Bernard (2016), « Territoires, offre de formation et expérience du décrochage scolaire : une étude de cas », Espaces et sociétés, 3/166, p. 95-111.

Bernard, P-Y. (2015). Le décrochage scolaire. Paris: Presses Universitaires de France.

Boudesseul, G., Caro, P., Grelet, Y., & Vivent, C. (2014). Atlas académique des risques sociaux d’échec scolaire : l’exemple du décrochage.

Céreq.Khouaja E.-M et S. Moullet (2016) : « Le rôle des caractéristiques des établissements dans le décrochage scolaire », Formation emploi, n°134.

Miconnet N. (2016), « Influence de l’offre de formation et de l’académie », Éducation & formations, N° 90, avril.

 

Perceptions du changement climatique et engagement écologique ?

 

Thierry Long1, Nathalie Pantaléon1, Rolf Kleerebezen2 et Zakaria Babutsidze3

Université Côte d’Azur- France

1Laboratoire d’Anthropologie et de Psychologie Cliniques, cognitives et Sociales (LAPCOS)

2Master 2 Communication Écocitoyenne, Patrimoines et Développement Durable (COMEDD)

3SKEMA Business School: Economie & Management

1 – Introduction

Cette recherche s’est penchée sur le fossé existant entre les valeurs écologiques avancées par la plupart des citoyens et leurs inactions comportementales à ce sujet. Les études scientifiques avancent différentes explications, individuelles (mécanismes de désengagement moral, difficulté de changer ses habitudes, etc.) et contextuelles (manque de temps, abstraction du changement climatique, prégnance des facteurs économiques…).

Nous avons alors fait l’hypothèse que des personnes touchées de « plein fouet » par une catastrophe naturelle (comme une inondation) pourraient davantage modifier leur mode de vie et s’engager écologiquement. Dans ce court résumé, nous prenons le parti de minimiser les dimensions théoriques et méthodologiques pour davantage développer les résultats de cette étude, ainsi que leurs implications éventuelles.

2 – Méthodologie

            Afin de tester l’hypothèse de notre recherche, nous avons conduit des entretiens semi-directifs auprès de 10 personnes ayant vécu une même inondation dans les Alpes Maritimes en 2015. Trois de ces personnes avaient entre 45 et 54 ans ; 3 entre 55 et 64 ans et 4 au-delà de 65 ans. Huit participants sur dix habitaient des quartiers résidentiels limitrophes. Ils présentaient donc des caractéristiques socio-économiques et culturelles proches. Même si l’effectif paraît petit, il est d’une part difficile de trouver des personnes sinistrées acceptant de revenir sur une expérience traumatisante et, d’autre part, il s’est avéré que la saturation empirique est parvenue assez tôt dans les entretiens (plus aucuns nouveaux thèmes ne sont apparus après le 6ème entretien). Le guide d’entretien que nous avons construit amenait les participants à discuter de leurs expériences, de leurs perceptions de la nature et du changement climatique et de leurs propensions à agir écologiquement (ou pas).

3 – Résultats- Discussion

D’après les discours recueillis auprès des dix participants à cette étude ayant vécu l’inondation de 2015 à Biot, nous avons réparti les résultats selon deux tableaux : le premier tableau renvoie aux perceptions de ces participants au sujet des risques naturels, du changement climatique et de leurs causes.

Tableau 1. Perceptions des risques naturels, du changement climatique et de leurs causes.

Thèmes Sous-thèmes O[1] F1
Perceptions des risques naturels Augmentation de la violence et de la soudaineté des catastrophes naturelles

 

Augmentation de la fréquence des catastrophes naturelles

 

Région à risque

62

 

 

40

 

 

33

8

 

 

7

 

 

7

Perceptions de la relation entre catastrophes naturelles et changement climatique Croyance en cette relation

 

Croyance dans le changement climatique

 

Croyances dans le cycle historique régulier des catastrophes naturelles

11

 

41

 

23

7

 

9

 

7

Perceptions des causes Urbanisation

 

Surexploitation de la nature

(inconscience collective envers la nature)

 

Activités humaines (transports, aéroports, industries…)

 

Consommation

186

 

86

 

 

37

 

 

21

9

 

10

 

 

8

 

 

7

Nous pouvons noter combien la perception des risques est présente dans notre échantillon, en particulier vis-à-vis de notre département. Bien que de nombreux participants à cette étude fassent valoir l’aspect cyclique et historique des catastrophes naturelles, celles-ci paraissent s’accélérer en fréquence et en violence à leurs yeux. Les causes en sont clairement la nature des activités humaines, en particulier une urbanisation galopante qui empêche l’infiltration naturelle des eaux dans la terre. La surexploitation générale de la nature dont on fait fi pour des raisons économiques marque une réelle inconscience, voire la folie, dans l’esprit des personnes interrogées. Les extraits d’entretien sont très explicites à ce sujet : « Ils construisent de partout sans calculer » ; « Les humains envahissent tout. Ils en veulent trop pour de l’argent » ; « Les gens passent leur week-end dans les centres commerciaux. Ils ne consomment pas forcément mais c’est la sortie des enfants. Il n’est jamais trop tôt pour les conditionner : McDo pour le déjeuner et voilà ! » ; « Nous ne pensons plus ni aux hommes, ni à la nature ».

Ce fatalisme dû au système se retrouve dans leur discours au sujet de leurs difficultés à agir écologiquement, comme spécifié dans le tableau suivant.

Tableau 2. Propension à agir (ou pas) de manière écologique.

 

Thèmes Sous-thèmes O F
Perceptions des freins Impuissance et inertie politique

 

Enjeux économiques

 

Impuissance individuelle (fatalisme, diffusion de responsabilité, sentiment d’injustice…)

 

Enjeux généraux de la vie moderne (manqué de temps, “chimères”, distractions…)

240

 

196

 

146

 

 

53

10

 

10

 

10

 

 

9

Perceptions des déclencheurs Education / transmission

 

Engagement collectif du village

 

La santé

 

La conscience individuelle

68

 

39

 

34

 

25

9

 

7

 

8

 

6

Effet de l’inondation sur la propension à agir Absolument aucun effet 29 10

 

A travers ce tableau, nous voyons combien les contraintes (politiques et économiques en particulier) sont des freins à la transition écologique. Ces tenailles semblent tellement fortes dans le discours des personnes interrogées qu’elles en deviennent fatalistes et impuissantes. Certains extraits d’entretien sont là aussi très illustratifs à ce sujet : « c’est le piège du système : il y a beaucoup de choses qui nous parasitent mais dont nous devenons dépendants malgré nous » ; « vous avez l’impression que nos politiques ont une pierre à la place du cœur » ; « un ami est allé voir le maire pour lui demander d’agir de manière écologique, en lui proposant des actions concrètes. Le maire lui a répondu : si je fais ça, je ne suis pas réélu ».

Parallèlement à cela, les participants à cette recherche soulignent des déclencheurs très intéressants en termes d’engagement écologique : l’éducation, les prises de conscience collectives et individuelles (l’influence sociale étant très puissante à ce sujet) et la santé.

4 – Implications pratiques

 L’ensemble de ces résultats marquent la responsabilité grandissante des pouvoirs publics dans le changement climatique et dans la nécessité d’agir. Les actions ne doivent plus être de simples modifications à la marge de la dynamique actuelle de notre société mais, au contraire, un renversement complet de notre mode de vie. Comme le souligne un des participants, « si nous devons agir, nous devons traiter tous les domaines de la vie ; et non quelques détails ». Parmi ces domaines, il en est un qui ressort particulièrement des discours des participants : celui de la transmission et de l’éducation. Si elle incombe partiellement à l’entourage des jeunes, elle incombe également globalement à la nation, voire au monde. Tant que nous ne passerons pas d’une éducation nationale qui dresse de futurs « robots-consommateurs » en une éducation réflexive et humaniste qui éveille les jeunes à leur nature et à la nature, la transition écologique ne devra compter que sur des ressorts individuels qui ont bien du mal à se détendre depuis cette glue politique, économique et sociale.

[1] « O » renvoie aux occurrences -à savoir au nombre de fois que le sous-thème est cité dans les entretiens- et « F » à la fréquence –à savoir au nombre de participants ayant évoqué ce sous-thème sur 10 participants au total.