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Agriculture péri-urbaine: le Jardin Forêt de quartier « Zeta di Zappa » à Cunéo

DESCRIPTION DE LA NATURE ET GENÈSE DE L’ALTERNATIVE, DE SON CONTEXTE

Le 8 septembre 2011 à Cunéo, dans un contexte à ce moment-là national et international, un groupe spontané de personnes est né, animé par l’intention d’être « rebelles », pas des témoins passifs, mais des acteurs, présents dans la réalité « par amour de ce nouveau monde auquel nous rêvons tous ». Le lieu d’action, essentiellement politico-culturel, était alors les places publiques.
Puis, dans une situation générale changée, s’est révélée l’exigence de s’exprimer à travers des actes concrets de changement et de responsabilité. Le projet s’est alors éloigné de la ville et l’attention s’est orientée sur la nature, sur la terre, le groupe a changé et Zdizappa est né (juillet2012).
Nous avons commencé avec des actions de « Guerrilla gardening », en arrangeant les parterres en centre ville. Dans le même temps, nous avons développé le projet “OrtocomuneaCuneo”, petits modules potagers partagés, à réaliser dans un grand espace public abandonné, mais le manque de réponse de la mairie et l’impossibilité d’accès à l’eau a finalement rendu le projet impraticable.
Fin 2014 s’est présentée l’occasion de collaborer avec la Maison du Quartier Donatello, une association de 2° niveau qui accueille différentes réalités sociales du territoire pour réaliser un projet d’agriculture urbaine sur une zone de propriété communale en gestion directe. L’endroit est le “Donatello”, un quartier populaire de la banlieue de Cuneo, où résident des personnes défavorisés et des familles d’immigrés. Pendant ce temps, le groupe Zdizappa approfondit le sujet du ‘food forest’ ou ‘jardin forêt’, un écosystème productif qui imite la nature, en utilisant des plantes comestibles, avec une gestion inspirée de l’agriculture naturelle. Mais le ‘food forest’ se veut également être une place conçue pour alimenter les relations, lieu de rencontres et d’échanges, d’expériences culturelles, de proximité, de créativité et de plaisir.
À ce moment là, avec la terre et l’idée, nous nous sommes lancés, cette fois dans un projet qui concernait essentiellement le quartier.
À partir de ce dimensionnement, qui est le quartier, nous n’avons pas perdu de vue la ville… et le monde. Autant que possible, nous participons à des événements et nous entretenons des relations avec d’autres associations, également dans d’autres endroits, qui ont aussi une vision responsable, créatrice et solidaire de transformation de la réalité. Agir localement et penser globalement!

DESCRIPTION DES PARAMÈTRES TECHNIQUES

Les conditions initiales

La zone d’installation du ‘jardin forêt’ est un jardin public d’une superficie d’environ 1700 m2 entourés d’ immeubles. La surface, à part 3 tilleuls, se présentait comme un pré vert régulièrement tondu par la mairie. L’herbe était emporté. Le terrain n’était pas pauvre en matière organique comme on aurait pu s’y attendre mais il était riche en micro-organismes utiles (bactéries, champignons…) afin de créer un sol riche d’humus.
Techniques adoptées pour le projet Le projet a été réalisé selon les principes de la permaculture, avec un choix attentif aux plantes selon leur aide réciproque (azote fixateurs ou bio accumulateurs), ou selon leur utilisation (plantes à bois pour le paillis, comestibles, rappel pour abeilles
et papillons, etc.). Il a été décidé de commencer avec l’installation des deux premiers niveaux du ‘food forest’: l’arboré et l’arbustif, en utilisant des ordres définitifs. Les niveaux herbacés suivants, des tubercules et racines, coprisuolo et des plantes grimpantes, seront introduits graduellement et localement, en évaluant l’adaptation.
Sauf exceptions, toutes les essences sont comestibles ou peuvent être utilisées comme plantes médicinales. Les essences utilisées sont de notre flore locale et rustique principalement. Une partie des arbres (pommiers et poiriers) sont des variétés anciennes et locales récupérées par le Comizio Agrario de Mondovì.
Nous avons diversifié l’environnement en modulant l’entretien et en augmentant la biodiversité, ainsi qu’en créant des niches écologiques.
Pour cela, quelques hôtels à insecte ont été construits dans la forêt, ainsi qu’un nid pour oiseaux sur un érable déjà présent sur place.

Techniques adoptées pour les plantations

Les plantations des arbres et des arbustes ont été faites en automne 2015. Pour l’installation, nous avons sollicité la collaboration de volontaires de quelques associations locales et d’autres personnes qui ont soutenu le projet. Il n’y a pas eu de labour, mais les plantations ont été faites dans des trous; du compost et du paillis ont été mis pour couvrir le trou de plantation. Pour les deux premières années, les plantes ont été protégées avec des filets plastiques hauts de un mètre, fixés avec des cannes de bambou. Tous les ans on procède avec des ajouts de compost et de nouveaux paillis.

Techniques adoptées pour développer la fertilité du sol

Du “jardin forêt”, moins de matières organiques ne sort (fruits et légumes) que ce qui y entre (paillis, compost, feuilles, etc.). L’herbe, une fois coupée, est redistribuée sur le manteau herbeux. Aujourd’hui, le paillis est composé de paille et d’herbe fauchée, ainsi que de feuilles des arbres des parcs limitrophes.
Une partie de la matière verte et brune est transformée en compost, en tas d’au moins un mètre cube. Le compost produit, en plus d’être utilisé pour développer les plantes directement, est utilisé pour produire du fumier liquide foliaire entre le “thé de compost” et l’acide humique.

Entretien

L’entretien de la forêt est moindre. Dans la partie arborée, l’herbe est laissée et presque jamais tondue.
Dans la partie destinée au pré, l’herbe est tondue mais n’est pas emportée ou si elle est emportée, elle est compostée et réintroduite donc crée un cercle vertueux.
L’irrigation est faite rarement et seulement pour certains zones.

DESCRIPTION DES PARAMÈTRES ÉCONOMIQUES ET FINANCIERS

Le groupe s’est interrogé plusieurs fois sur le rapport à l’argent.
Jusqu’à aujourd’hui, il a consciemment choisi de réduire au minimum les dépenses et l’utilisation de l’argent en général, de ne pas rechercher de sponsor par exemple, pour un choix de sobriété et de liberté de condition, qui fait partie de notre vision, ainsi que pour voir si il était possible d’activer des alternatives plus créatrices, dynamiques, et fertiles.
Nous avons remarqué que l’argent investi crée des accélérations confortables, providentielles parfois, mais qu’il crée également des problèmes de « fragilité » des projets, comme si les choses n’avaient pas eu le temps de prendre racines, de se faire une place, un parcours, d’être sentie et voulue, et grandir selon les possibilités réelles de la situation. Quelque chose de semblable à l’usage des engrais dans l’agriculture conventionnelle.
L’argent est arrivé de toute façon (et nous en sommes reconnaissants!) essentiellement par la participation aux avis et, dans une moindre mesure, à l’auto-financement, jamais officialisé en formes rigides.
En 2015 nous avons participé et gagné un concours organisé par une association, le WSF Collective, dans le cadre d’un festival sur l’environnement durable nommé ‘Green Park Festival’, qui a mis à disposition de notre projet 1000 euros pour l’acquisition des 110 premiers plants (arbres et arbustes) du jardin forêt de Via Rostagni.

En 2016, en collaboration avec la Maison du Quartier Donatello, nous avons adhéré au projet “semi de quartier”, conçu pour requalifier et régénérer deux autres espaces verts dégradés du quartier. Le Projet est soutenu par la “Compagnia di Saint Paolo”, via le collectif “Cittadino Albero” et a pour objectif de fédérer et créer une communauté autour du sujet de l’agriculture urbaine. Entre 2017 et les premiers mois de 2018, avec une contribution d’environ 3000 euros, s’est réalisé: un second jardin forêt à Via Bellisario et la zone des potagers partagés à Via Rostagni, en plus de l’acquisition de quelques outils et machines (scie). En outre, “semi de quartier” prévoit aussi quelques parcours de formation pratique en agriculture urbaine selon les principes de l’agriculture urbaine (aujourd’hui, 600 euros ont été investis dans des cours gratuits pour les résidents).
À souligner, finalement, que pour la gestion ordinaire de l’espace pris en charge par le groupe Zdizappa, la dépense moyenne annuelle est d’environ 500 euros, comme le montrent les bilans des années passées; dépense à laquelle parfois nous faisons face grâce à des ressources qui nous arrivent (dont nous sommes également reconnaissants!) sous forme de dons ou d’échanges.
A tour de rôle, un membre du groupe tient « la caisse », c’est-à-dire la comptabilité d’entrées et sorties, et met régulièrement à jour la situation dans un rapport de confiance et de transparence.

DESCRIPTION DES PARAMÈTRES JURIDIQUES

Le groupe a choisi, au moins jusqu’à maintenant, de ne pas avoir de forme
juridique.
En cas de besoin, lorsqu’il est nécessaire de recourir à une entité ayant une responsabilité juridique, le groupe Zdizappa fait référence à la Maison du Quartier Donatello, qui, comme écrit, est une association de second niveau.

DESCRIPTION DU MODE DE GOUVERNANCE DE L’ACTION

Pour gérer la réunion, nous avons adopté la méthode du consensus, qui est un processus décisionnel de groupe qui a comme objectif d’aboutir à des décisions partagées, qui répondent aussi aux objections. Dans la méthode du consensus, le conflit; qui est inévitable, est valorisé et géré de manière constructive. Chaque personne porte une partie importante de vérité, les objections ne sont pas perdues mais peuvent être porteuses d’autres réflexions pour amener des nouvelles solutions. C’est un élargissement de vision qui demande disponibilité et souplesse pour modifier son propre point de vue.
La méthode utilise des techniques et des stratégies précises pour gérer les réunions.
Elle prévoit un roulement des rôles à l’intérieur du groupe, et nécessite des
documents fondateurs dans lesquels le groupe reconnaît sa mission, ses accords de base, d’ordres du jour clairs et préétablis. Finalement, des  évaluations et feedbacks aident le groupe à corriger le tir lorsque c’est nécessaire.

DESCRIPTION DES TEMPORALITÉS DU MONTAGE, DU FONCTIONNEMENT

Automne 2014: projet du “jardin forêt”;
Printemps 2015: formation sur le “food forest” à l’institut Italien de Permaculture de Pietro Zucchetti à Scagnello, Cuneo;
Automne 2015: réalisation du “jardin forêt” de rue Rostagni avec les plantations de 110 plantes, avec la participation de nombreux volontaires et formation avec Onorio Belussi d’Adro, BS, qui est propriétaire d’un des plus vieux jardins forêt d’Italie;
Automne 2016/Printemps 2017: formation sur la “méthode du consensus” par Lucilla Borio de l’ecovillaggio de Torri Superiori, Imperia,;
Automne 2016: formation sur la fertilité du sol, gratuit, tenu par Pietro Zucchetti de l’institut italien de Permaculture;
2016/2017: suivi des installations des autres niveaux végétaux de la forêt;
Automne 2017: conception et réalisation du second jardin forêt de rue Belisario.
Formation théorique et pratique sur la forêt jardin par l’institut italien de
Permaculture.
Automne 2017/primavera 2018 réalisation des grands caissons pour l’horticulture partagée. Ont été réalisés 14 parterres surhaussés d’environ 5 m2 l’un, assignés aux résidents pour la culture.

DESCRIPTION DES PARAMÈTRES HUMAINS ET PROSPECTIVE

Le sujet de l’impact, de l’implication par rapport au quartier est un sujet ouvert. Il n’y a pas eu d’hostilité vis-à-vis du projet, ou alors seulement quelques petits épisodes:
quelques peurs, traces de présence de jeunes « de nuit » et quelques plaintes sans suite. En général, la forêt a toujours été respectée; malgré le fait qu’il n’y ait pas de clôtures et qu’elle soit toujours ouverte, ses fruits n’ont presque jamais été touchés.
Seulement, l’objectif de la participation, de l’intégration dans le cœur du projet a été atteint seulement en partie, avec des implications temporaires. Nous avons reçu de nombreux compliments, qui sont cependant restés sans suite « active ». Seul Luigi, un habitant âgé des immeubles environnants a offert pour plus d’un an une collaboration pratique continue et enthousiaste.
La Maison du Quartier nous soutient, mais développe des activités qui concernent essentiellement les jeunes, avec des activités extra scolaires, sport, musique, sujets résolument plus proches de leurs intérêts. Cependant, peut être qu’une plus grande collaboration et une meilleure coordination pourrait porter ses fruits.
Sur le terrain de la forêt, les initiatives ont grandies: une rencontre avec le quartier pour présenter le projet avant de commencer (une vingtaine de personnes, nombreuses personnes âgées), des collaborations avec le Centro DisturbiAlimentari, avec un groupe de boy-scout, des fêtes d’anniversaire de la forêt, des fêtes de l’ensemencement, un concert de harpes, des activités pour écoles maternelles et élémentaires appréciées par les enfants et les professeurs, mais qui n’ont pas rapprochées les familles, des ateliers (de compost, hôtels à insecte, etc…)
auxquels ont participé pour la plupart des gens extérieurs au quartier, voire même d’autres villes.
Cette année, une zone réservée aux potagers a été isolée, laissée au soin de personnes seules ou de groupes, avec pour objectif d’augmenter l’implication des habitants. Cette initiative semble permettre un plus grand mouvement et de grandes possibilités de relations directes entre le groupe et entre les gens intéressés.
Nous avons probablement investit trop peu sur la communication directe ou peut-être aussi sur la forêt, étant un projet né à l’extérieur de la réalité du quartier, c’est un peu comme une plante replantée, qui a besoin de s’acclimater, de prendre racines et de croître avant de pouvoir être vraiment « vue » et « bien-aimée. »
Les deux dernières années ont apporté des petites évolutions en ce qui concerne la participation et la conscience du projet à l’intérieur de la communauté.
Le projet “semi de quartier” avec les potagers partagés, le recouvrement d’autres espaces verts,les formations pour les résidents, la convention récente avec les jeunes du lycée artistiques “Ego Bianchi” de Cuneo, l’intérêt de quelques résidents (Brunella, Piero, Rosaria et autres) sont des pistes importantes sur lesquelles repartir pour redonner une nouvelle poussée au développement du projet “food forest” dans le quartier.
Les projets futurs devront donc viser à impliquer davantage les résidents qui cultivent les potagers, et les faire participer à la gestion.
On prévoit d’élargir le réseau de “food forests” dans le quartier avec, à l’avenir, le recouvrement d’un espace vert abandonné et peut-être commencer à recevoir d’autres quartiers, la naissance d’une petite pépinière qui rendrait les paysans urbains autonomes dans la production de leur propres plantes, la réitération des parcours didactiques, en allant plutôt vers la formation ouverte aux écoles et aux résidents, une plus grande conscience du rôle politico-culturel à consommer en ville pour sa propre communauté, et enfin la consolidation des relations avec des associations, organismes et instituts de recherche sur les sujets importants du changement de paradigme socio-économique qui nous inspire.

Les Petits Loups Maraîchers

Présentation par Nicole Henry du Pôle Communication

Les Petits Loups Maraîchers ont créé leur association au printemps dernier après 6 mois de travail préliminaire pour définir le projet de jardin collectif. Ce projet d’agriculture biologique à circuit court concerne toute personne intéressée principalement des communes de Bar sur loup, Gourdon et Tourrettes.

Les débuts sur le terrain de la Papeterie

Ce projet n’invente rien de nouveau, mais il reprend un concept déjà utilisé depuis plusieurs années en France et dans bien d’autres pays. Le modèle de référence en France est l’Association: Côté Jardins basée à Lyon depuis 30 ans.
Son principe est simple et s’appuie sur les compétences d’un maraîcher ou jardinier professionnel qui organise la production en respectant des méthodes de cultures définies par la communauté.
Chaque adhérent à l’association cotise annuellement afin de couvrir les frais de culture et le salaire du professionnel et participe, à hauteur 7 jours par an, à la production maraîchère.

Apprentissage sous l’œil du maraîcher

En retour, il reçoit un panier de légumes hebdomadaire pour une famille de 4 personnes sur une quarantaine de semaines sur l’année. Le prix du panier est moins cher que le panier bio du commerce.
De nombreuses activités annexes (valorisation des récoltes, cuisine, visite et activités scolaires…) peuvent se greffer à l’activité de base. Dans un contexte collaboratif avec un mélange des générations. Il s’agit de fédérer des bonnes volontés pour travailler ensemble ce qui lisse les différences. C’est aussi l’occasion de rencontres entre voisins et de se connaître dans un environnement d’habitat individuel. L’association organise des occasions de se retrouver et de faire la fête par exemple avec un pique nique mensuel.

Le jardin Carbon 1er essais

Un premier jardin expérimental avait démarré sur Gourdon, au Pont du Loup, dès février 2018. Lieu de rencontre concret avec la création d’un potager mais aussi l’occasion de partage autour des principes d’actions des Petits Loups Maraîchers, par exemple éduquer à l’environnement, partager des savoir faire et créer du lien social…
Le projet est rentré dans sa phase active depuis la dernière semaine d’avril 2018 dès que les autorisations ont été accordées pour exploiter une parcelle située sur la zone de l’ancienne Papeterie sur la commune de Bar sur Loup.

Préparation du terrain

En un temps record grâce à une préparation et une organisation efficaces dès que l’accord de la Mairie de Bar sur Loup a été concrétisé le terrain a été préparé et les premières plantations ont été mises en place, le tout en 3 jours !!! Un bel élan de solidarité et de travail en équipe !

Planning du jour

Depuis, toutes les semaines, soit le mercredi soir soit le samedi matin, les adhérents sont venus travailler sur la parcelle et ont récolté un panier par famille avec parfois un trop plein de légumes avec par exemple la récolte abondante des courgettes !!!

Ramassage des haricots

De 23 adhérents l’ambition est pour 2019 de passer à 50 avec l’ajout d’un terrain qui est loué par la Mairie du Bar sur Loup.

Préparation des paniers

Les Petits Loups Maraîchers ont été présents pour se faire connaître sur plusieurs évènements dans la région et collaborent avec les associations du secteur comme Nature et Partage et les Rendez vous du Loup.

Stand à la fête du Parc naturel Régional

Les partenaires se sont élargis et un projet de collaboration avec le CFPPA horticole se met en place pour l’année 2018-2019.

liste de nos partenaires :
Côté Jardin, association référente de Lyon ; Coopérative de Nice ; Lycée horticole d’Antibes ; Mairie du Bar sur loup ; Mairie de Gourdon ; Les jardins du Loup, permaculture ; Le rucher frétillant, exploitant agricole apiculture ; Stéphane de Nunzio exploitant agricole ; PNR des Pré-Alpes d’Azur ; Chambre d’agriculture de Nice

 

L’Agriculture d’Appartement

Dominique HUSKEN

L’ Historique

Dans le jardin de mon enfance, j’aimais beaucoup m’occuper des fleurs et des plantes.

Dans mon premier appartement, j’ai fait mes premières armes avec du basilic et quelques plants de persil, mais c’est à mon installation à Nice que débutent réellement mes premiers pas d’agricultrice d’appartement en installant un petit jardin de plantes aromatiques sur mon petit balcon.

Quelques années plus tard, j’ai emménagé dans un appartement qui possède une petite terrasse ombragée qui a vite reçu la visite d’oseille peu gourmande de soleil tout comme le persil et une terrasse plus ensoleillée, un peu plus grande, devenue le champs de mes manœuvres jardinières à l’occasion d’un cadeau de deux plants de tomates.

Dès l’année suivante, j’ai testé différentes espèces de tomates avec plus ou moins de succès et je me suis rendu compte que plus les pots étaient profonds,, plus les plants grandissaient et me donnaient de beaux fruits. En fin de compte, actuellement je plante surtout des « Noires de Crimée » qui deviennent bien charnues et savoureuses à souhait ainsi que quelques plants de tomates « Cornues » dans de grands bacs bien profonds.

Les pots du début, j’en garnissais les fonds avec une couche d’épluchures de légumes, mais bientôt j’ai lancé mes premiers essais de compost dans une vieille poubelle qui dégagea très vite une épouvantable odeur. Le Net et ses explications sur le compost épargnèrent mes facultés olfactives.

Du coup, je m’équipais d’un petit composteur dans lequel j’alterne une couche de « vert » avec une couche de « brun » à savoir des végétaux frais avec de vieilles feuilles séchées et des brindilles sèches. Maintenant en début de saison je garnis le fond de mes bacs avec ce compost riche en nutriments. C’est grâce au composteur que j’ai fait pousser de petites plantes inconnues qui se sont avérées être des melons issus de graines jetées dedans et un pied de pommes de terre né d’une vieille pomme de terre toute ridée.

Il y a quatre ans au cours de la saison hivernale, mes bacs vides de toute plantation, j’ai essayé de planter des gousses d’ail qui se sont montrées à la hauteur de mes espérances et depuis chaque hiver je prépare ma consommation de l’année suivante, délicieuse, digeste et « bio ».

Cette année, j’essaie des plants d’aubergine pour tenir compagnie aux trois plants de poivrons que je bichonne depuis plusieurs années.

Si vous voulez vraiment vous amuser, dans la seconde moitié de février, vous installez une petite serre démontable et vous plantez les graines de tomate précieusement recueillies la saison précédente, vous allez vous émerveiller de voir tout ces petits plants émerger de la terre de coco ou vous les avez planté. Lorsque vous couper vos tomates, vous en profitez pour garder les graines que vous faites tremper dans l’eau pendant une bonne semaine et ensuite vous les faites bien sécher sur du papier de cuisine, puis vous les rangez dans un endroit bien sec ou elles attendront patiemment le début de l’année suivante.

La Temporalité

Pour les tomates, à la mi-février, je plante mes graines dans de la terre de coco, achetée préparée, que je positionne sous ma petite serre démontable. Après les « Saints de Glace », je dédouble les petites pousses que je replante en pleine terre dans des bacs profonds. Au cours du mois d’octobre, je procède petit à petit à l’arrachage des plants au fur et à mesure de leur fin de production. Après avoir incorporé à la terre une moitié de compost, je plante dans mes bacs devenus vides tout les quinze centimètres une gousse d’ail rose.

En ce qui concerne le basilic, fin avril, je plante les graines dans la terre de coco et les mets sous serre. Dans le courant de la seconde quinzaine du mois de mai, je plante dans des bacs ou des balconnières les petits plants de basilic. Ils vont parfumer ma cuisine jusqu’à fin octobre.

Les plants de poivrons sont persistants et je les garde plusieurs années, il devrait en être de même pour les plants d’aubergines selon une de mes amies.

Les plantes aromatiques – oseille, ciboulette, persil, aneth, thym, laurier, sauge, romarin, menthe – sont boostées avec un apport de compost au printemps.

Les terrasses

La liste des plantes potagères et ornementales de la terrasse sud  – environ 20 m2

  • tomates noires de Crimée remplacées par de l’ail en octobre et tomates cerise

  • concombres, remplacés par des oignons floraux en octobre

  • poivrons, aubergines et romarin

  • basilic remplacé par des bulbes en octobre

  • olivier, citronnier

  • mimosa, roses, jasmin, poids de senteur, gueules de loup etc …

La liste des plantes de la terrasse nord – environ 10 m2

  • menthe, persil, ciboulette, coriandre, aneth, basilic

  • sauge, laurier, oseille, thym

Matériels

Bac grand modèle  – 30/40 € – 90 litres – 100/42/40 cm – environ 70 kg en fonction

Bac moyen modèle – 25/35 € – 60 litres – 80/38/38 cm – environ 50 kg en fonction

Composteur – 25 € – 60/60/80 cm

Les bacs sont positionnés sur des supports à roulettes pour une maniabilité plus aisée et une évacuation du « trop d’eau »

Répartition des bacs

Terrasse sud : 4 grands bacs et 3 moyens + une vingtaine de pots de tailles variées et une vingtaine de balconnières

Terrasse nord : 2 bacs moyens + une dizaine de balconnière et 3 pots

Petit matériel

Arrosoir, mini-pelle, mini-râteau, plantoir, sécateur à branche, tuteurs, pulvérisateur

Un tuyau d’arrosage et un petit meuble pour ranger les graines et le petit outillage facilitent cette activité.

Prix de revient des légumes

Il est pratiquement impossible d’élaborer un prix de revient. Ce dernier est fonction d’un grand nombre de paramètres :

– selon la surface que je vais consacrer à mon « potager en ville ».

  • selon que je possède les bacs ou si je dois les acheter.

  • selon que je possède un composteur ou si je dois acheter le terreau.

  • selon que j’aie récupéré les graines l’année précédente ou si je dois les acheter.

  • selon qu’il me reste de l’engrais ou que je sois obligée de le renouveler.

  • selon le degré d’hydrométrie de l’année, j’arrose abondement ou pas.

  • et la liste est loin d’être close

Les conclusions

Cette activité va vous inviter à faire un petit tour quasiment quotidien afin d’apprécier le manque d’eau ou encore un petit problème – par exemple, l’apparition d’une poudre blanche sur les feuilles d’un olivier qui va nécessiter la pulvérisation d’un mélange d’eau et de savon noir.

D’une part, il me paraît important d’avancer pas à pas dans l’élaboration du potager en ville, cela permet de ressentir son attachement réel à cette activité. D’autre part, l’expérience s’acquière petit à petit de son propre vécu et des conseils glanés dans son cercle relationnel.

Enfin, chacun peut ouvrir son expérience en testant, suivant ses goûts, la culture de pommes de terre, de radis et autre légume

La transition alimentaire et écologique passera par la préservation et l’optimisation du sol, ce réservoir unique de vie, sous-estimé et malmené

Justine Lipuma (Ingénieur biologiste, PhD, CEO MYCOPHYTO)

De grands défis sont à réaliser au cours de ce siècle. Il faut mettre en place une transition agricole et alimentaire afin d’assurer un approvisionnement en denrées alimentaires pour 9,6 milliards d’êtres humains d’ici 2050. Cet enjeu implique de produire plus et mieux sans possibilité d’augmenter les surfaces agricoles. Cette évolution doit se réaliser dans un contexte de transition environnementale intégrant la réduction de l’utilisation de substances chimiques (engrais, pesticides…) de 50%. Et enfin, nous devons le faire dans un contexte de changement climatique global et de pénurie de ressources naturelles. L’agriculture est effectivement soumise au changement global, climatique en particulier, qui conduit à une irrégularité des rendements dès à présent et qui entraîne les filières agricoles dans des situations critiques.

Il y a donc une urgence à mettre en place de façon rapide une véritable transition dans ce domaine avec tous les acteurs de cet écosystème. Pour cela, il est important de sensibiliser/former les consommateurs à de nouveaux modes de consommations ainsi que les professionnels à de nouveaux itinéraires de culture. Une des clefs réside sur une meilleure compréhension et utilisation des organismes présents dans le sol : le sol est avec les océans, le compartiment terrestre renfermant le plus de vie sur terre.

Le sol : un constat alarmant et une prise de conscience sur le potentiel de la vie microbienne des sols

Le sol est, outre le support physique d’une culture, un réservoir microbien dont les diversités et fonctionnalités vont conditionner l’état sanitaire des plantes cultivées. Les communautés microbiennes telluriques, qui jouent un rôle primordial dans les cycles biogéochimiques du carbone, de l’azote et d’autres éléments, exercent également des effets bénéfiques sur les plantes par le biais d’interactions symbiotiques. Rares sont les micro-organismes pathogènes. En revanche, nombre d’entre eux favorisent la croissance des végétaux, assurent la dégradation de polluants, et fournissent des composés d’intérêt tels des enzymes, des antibiotiques ou d’autres molécules (antiviraux, antitumoraux). Le sol représente le plus grand réservoir de carbone contenant environ deux fois le stock de carbone atmosphérique et trois fois le stock de carbone contenu dans la végétation (40 tonnes par hectare (t/ha) en sols cultivés et 65 t/ha sous prairies). Une augmentation des stocks de carbone organique des sols cultivés peut jouer un rôle significatif dans la limitation des émissions nettes de gaz à effet de serre vers l’atmosphère en stockant du CO 2 atmosphérique dans la matière organique (M.O.) des sols. Cette action est réalisée par les organismes vivants présents dans le sol (Figure 1).

Figure 1 : Décomposition de la matière organique par les organismes vivants du sol

Il existe un continuum microbien du sol aux parties aériennes et il est connu que le microbiome de la plante est influencé par celui du sol. L’holobionte correspond à l’ensemble des micro-organismes avec lesquels la plante interagit et établit un dialogue. Il peut être modifié suite à l’attaque d’un agent pathogène, mais il peut aussi influencer la réponse à cette attaque (par des mécanismes de bio-protection). La biodiversité présente dans le sol est un réservoir sous-évalué encore aujourd’hui. Dans 1g de sol de forêt, on trouve en moyenne 109 micro-organismes contre 103 dans 1g de sol cultivé. 1 hectare de sol forestier compte plus d’organismes vivants que d’êtres humains sur Terre !  Les techniques agricoles d’après-guerre (intensification des cultures, monoculture…) ont considérablement réduit cette réserve biologique.

Un sol de prairie renferme une biomasse constituée à 70% de micro-organismes : dont 39% de bactéries et actinomycètes (microflore), 28% de champignons et algues (microflore) et à 5% de protozoaires et nématodes (microfaune). Cette biomasse se compose également de 22% de vers de terre, tandis que les autres animaux réunis (macrofaune et mésofaune) ne représentent que 6% des organismes vivants du sol. La biodiversité est encore un vaste terrain inconnu pour les chercheurs. Aujourd’hui, environ 1,7 million d’espèces ont été décrites sur Terre (G. Lecointre et H. Le Guyader, 2006), dont 21% (360000 espèces) sont des animaux du sol (sans compter la microflore).

Les sols sont soumis à des pressions multiples (urbanisation, désertification, érosion) associées en grande partie aux activités humaines. La biodiversité des sols est la première menacée par ces pressions car elle n’a souvent pas le temps de s’adapter à son nouvel environnement. Par ailleurs, les ressources utilisées en agriculture intensive vont, soit diminuer (énergie fossile, phosphates d’origine minière), soit suivront des régimes très irréguliers du fait du changement global (eau) ce qui implique la réflexion et la mise en place de systèmes de productions moins dépendant de ces ressources. A ce jour, de nombreuses méthodes intégrées dans les systèmes agricoles intensifs sont néfastes pour le sol. Par exemple, les labours ou la mise en culture de prairies altèrent la diversité des champignons et l’abondance des vers de terre. Les amendements organiques, la limitation de l’usage des pesticides et du travail mécanique peuvent atténuer cette perte. Le mélange d’essences forestières en sylviculture, les amendements organiques, les rotations et les intercultures améliorent l’abondance microbienne des sols.

D’une façon générale, la gestion actuelle des sols n’apparait pas durable au regard de ce bilan. Ce constat a d’ailleurs conduit la Commission Européenne à développer une stratégie de gestion durable des sols et la FAO a récemment publié un rapport sur l’état des sols (FAO & ITPS, 2015) (Figure 2). La commission européenne a publié en 2010 une brochure bien conçue et toujours d’actualité sur l’importance de la biodiversité du sol « L’usine de la vie : pourquoi la biodiversité des sols est-elle si importante ? ».

Figure 2 : Campagne de la FAO – 2015 l’année international des sols

La gestion durable des sols vise à préserver un patrimoine essentiel pour l’Humanité́ qui n’est pas renouvelable à notre échelle de temps. Cette gestion est au cœur des systèmes agroécologiques qui visent à mieux valoriser la biodiversité et les interactions biotiques afin de réduire l’utilisation d’intrants de synthèse et ainsi préserver les ressources (eau, sol, biodiversité). Des innovations portées par des laboratoires de recherches ainsi que des jeunes pousses sont en place pour permettre la mise en place de parcelles tests intégrant des modes de productions plus respectueux de l’environnement mais également plus productifs. Une augmentation ainsi qu’une gestion de la biodiversité naturelle des sols sont une des clefs majeures pour la réussite d’une transition agricole.

Références :

Ouvrages :

G. Lecointre et H. Le Guyader, 2006, Classification phylogénétique du vivant .

J.-M. Gobat, M. Aragno et W. Matthey, 1998, Le sol vivant . Editions Presses Polytechniques et Universitaires Romandes (PPUR)

Articles :

M. Frac et al., 2018, Fungal Biodiversity and Their Role in Soil Health, Front Microbiol. 2018; 9: 707.

C. Wagg et al., 2014, Soil biodiversity and soil community composition determine ecosystem multifunctionality, Proc Natl Acad Sci U S A. 2014 Apr 8; 111(14): 5266–5270

Sites internet :

http://ec.europa.eu/environment/soil/three_en.htm

http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/lessentiel/ar/272/1122/biodiversite-sols.html

http://www.gessol.fr/ (GESSOL « Fonctions environnementales et GEStion du patrimoine SOL ») Rubrique > Dossiers thématiques > Biodiversité: La vie cachée des sols

http://moodle-ensat.inp-toulouse.fr/pluginfile.php/13612/mod_resource/content/1/DNO_2014_EvaSchreck.pdf

La Régie agricole de Mouans-Sartoux pour alimenter en bio les cantines scolaires

Comment créer le tissu agricole et économique pour faire passer une cantine en bio et en faire un levier de développement d’une politique alimentaire locale ?

Genèse de l’alternative

Nourrie par des prises de conscience des enjeux santé/environnement et suite à la crise de la « vache folle », la ville de Mouans-Sartoux s’est très tôt penchée sur les questions du lien entre alimentation, santé et environnement. Elle mène sur le sujet une politique volontariste depuis plusieurs mandats. Elle a ainsi commencé dès 1999 à introduire des produits biologiques dans les cantines, avec le choix d’une restauration en régie municipale. Le bio a pris de plus en plus de place, avec une augmentation progressive par gamme de produits: de 23% en 2009, 73% en 2011, jusqu’à atteindre 100% en 2012. En 2010, une régie agricole municipale a été créée, produisant à ce jour 85 % des légumes consommés dans les cantines, et enfin, la Maison d’Éducation à l’Alimentation Durable a vu le jour en octobre 2016.

Volume géré

10 000 habitants à Mouans Sartoux1 000 élèves dont 96 % de demi-pensionnaires152 000 repas par an, soit 1 200 repas par jour, tous publics confondus (écoles, crèches et personnel communal), composés pour 70% en volume de denrées d’origine locale (PACA et région du Piémont). Plus de 24 tonnes de légumes bio produits par an par la régie agricole (85% d’autonomie en légumes pour alimenter les cantines).

Moyens affectés

– Un terrain communal de 6 hectares (régie agricole) équipé de matériel agricole dont la production est gérée par 3 (équivalents temps plein) agents municipaux

– 3 cuisines intégrées aux 3 groupes scolaires, 21 agents dans le service restauration, une camionnette permettant la livraison quotidienne des légumes

– Des animateurs pour accompagner les enfants lors du temps du repas (1 animateur pour 10 enfants en maternelle, 1 pour 14 en élémentaire).

Description des paramètres économiques et financiers

Budget restauration 2016 (comprenant les frais de personnel) :1,2 M € pour 143 500 repas, dont budget alimentation : 240 000 €

Repas:

Prix de revient d’un repas tout compris : 8,39 €

Participation des familles en fonction du QF : de 2 € à 6,6 € (prix moyen 3,13 €).

A noter que le passage des cantines en bio n’a pas fait augmenter les impôts locaux ! Coût des denrées d’un repas 100 % bio en 2017 : 2,01 €.

Gaspillage:

Entre 2011 et 2015, réduction de 80 % des restes alimentaires (de 147 g à 32 g en 2015 par assiette). Par exemple, les grammages ne suivent pas les recommandations officielles mais les quantités réellement consommées. Cette action a permis de dégager une économie de 0,20 € par repas, réinvestie dans le bio, compensant ainsi le passage au 100 % bio.

Renouvellement des marchés publics:

– Révision des critères d’attribution pour privilégier les producteurs locaux: 40 % pour la qualité, 30 % pour le respect de l’environnement et 30 % pour les tarifs

– Allotissement dans les appels d’offre en fonction des denrées pouvant être produites localement : le marché alimentaire est ainsi passé de 8 à 25 lots

Création d’un tissu économique local:

– Politique de soutien à l’installation agricole: plan d’action d’aide à l’installation (projet européen AGRI-URBAN)

– Porteurs de projet régulièrement reçus par la mairie afin d’étudier les possibilités d’installation sur Mouans-Sartoux. Installation d’un maraîcher bio et d’un producteur de plantes à parfum.

– Aide financière de la ville pour l’installation agricole (gestion économe de l’eau)

– Création d’un atlas du foncier agricole et réhabilitation de friches pour permettre la mise à disposition de terres agricoles à de nouveaux agriculteurs

– Installation d’une association d’insertion en agriculture biologique rattachée au Réseau Cocagne

– Forte demande en produits bio locaux: création d’une épicerie bio, locale et sans emballages, magasin de producteur, Maison du Commerce Équitable, deux marchés, une AMAP

– Développement d’une gamme de pains bio par la boulangerie du village, suite à son engagement avec les cantines

Partenaires financiers par le biais de financement de projets:

État (Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt PACA – via le PNA, labellisation PAT), ADEME, Conseil Régional PACA (pour l’Observatoire), Fondation Carasso (pour la Maison d’éducation à l’alimentation durable), Union Européenne FEDER – programme URBACT (AGRI-URBAN, BioCanteens).

Description des paramètres réglementaires

Depuis près de 40 ans, la maîtrise du foncier est une préoccupation constante de l’action municipale. Ainsi, la commune est propriétaire de près de 200 hectares d’espaces naturels, forestiers et agricoles, certains acquis à l’amiable ou en usant du droit de préemption.En 2012, la ville a adopté un nouveau plan local d’urbanisme et est passée de 40 à 112 hectares classés en zone agricole. Un pari osé entre Cannes et Grasse où le foncier est très convoité ! Depuis, la municipalité a évalué son potentiel agricole à 13 zones susceptibles d’accueillir des agriculteurs.

L’Agenda 21 et le PLU précisent que les espaces agricoles et naturels existants seront préservés de toute extension urbaine et confortés par une augmentation des espaces agricoles ou zones A. A noter qu’un Projet Alimentaire Territorial, labellisé par le Ministère de l’Agriculture (voir 6, 2016 MEAD) a été construit en articulation avec l’Agenda 21 local de la commune, le PLU et le PEL (projet éducatif local).

Gouvernance

Acteurs mobilisés:Personnel municipal des services Enfance (MEAD, Restauration, Animation, Jeunesse), Urbanisme, Espaces verts, CultureActeurs du territoire, dont Professionnels d’Agribio Alpes Maritimes, de la Chambre d’Agriculture départementale, service agriculture de la CAPG, CFPPA d’Antibes, DDTM, ADEARAutres partenaires : Association Un Plus Bio (Club des Territoires Français et Européen), Pacte de Milan, OFSP – Organic Food System Program, Programmes européens « Urbact Agri-Urban », URBACT BioCanteens, l’INRA d’Avignon, Skema Business School, ImmaTerra, l’UCA, Universitaires

Gouvernance de l’action : L’équipe de la MEAD coordonne le Projet Alimentaire de la commune. Le comité de pilotage regroupe des acteurs internes à la mairie (élus, techniciens) ainsi que des associations spécialisées, scientifiques et chercheurs, experts,… pour évaluer le projet, le faire avancer et orienter les actions.

Par ailleurs, l’Observatoire de la restauration durable dresse des bilans d’étape en faisant la lumière sur ce qui fonctionne et sur les éventuels freins. Il constitue un instrument de prospective au service des futurs changements et offre des arguments à d’autres collectivités pour franchir le pas. Depuis 2013, l’Observatoire se réunit deux fois par an. Il a permis d’évaluer les comportements alimentaires des familles : évolution vers des habitudes alimentaires plus saines et plus durables, adoption de bonnes pratiques encouragées dans les cantines (moins de gaspillage, moins de sucre, plus de produits locaux et bio) pour 85 % des familles (enquête 2016).

Temporalités du montage

-1999 : 4 % de bio : le bœuf (crise de la vache folle). Choix d’une restauration en régie municipale, une cuisine par école

-2005 : révision des menus pour intégrer la saisonnalité, Ville active PNNS

-2008 : étude de faisabilité pour créer une régie agricole. Début de l’opération “un fruit à la récré” dans les écoles -2010 : démarrage des cultures expérimentales à la régie agricole municipale. Certification Ecocert

-2010 : mise en place d’une politique de réduction des déchets alimentaires. Résultats rapides : réduction de 80 % du gaspillage alimentaire en 5 ans.

-2011 : embauche de l’agriculteur sous contrat municipal.

-2012 : triplement des surfaces agricoles dans le PLU, déclassement de zones constructibles pour implanter des solutions de développement agricole.

-2012 : création de l’Observatoire de la restauration durable

-2014 : instauration d’une aide financière à l’installation d’agriculteurs bio

-2016: démarrage d’une expérience de conservation des légumes à la régie agricole en vue d’atteindre l’autonomie en légumes pour fournir les cantines

-2016 : création de la Maison d’Éducation à l’Alimentation Durable (www.mead-mouans-sartoux.fr). La MEAD porte le projet alimentaire territorial de MS avec cinq axes d’action : aide à l’installation agricole, laboratoire de transformation alimentaire, sensibilisation et éducation à l’alimentation durable, recherche-action, communication et partage du projet

-2017 : lancement du diplôme universitaire « chef de projet alimentation durable» en collaboration avec l’UCA. Cette formation, destinée principalement aux élus et agents des collectivités territoriales, a pour objectif l’émergence de projets d’alimentation durable à l’échelle du territoire

-2018 : chef de file du projet européen URBACT BioCanteens

Description des paramètres humains et prospective de développement

Le facteur humain a été primordial dans la réussite du projet à différents niveaux : prise de conscience des élus, implication et motivation du personnel municipal, appropriation par les habitants, sensibilisation et implication des familles avec un volet pédagogique qui a démarré très tôt dans les écoles:

– accompagnement pédagogique du repas des enfants par des animateurs

– ateliers autour de la nutrition et ateliers cuisine animés par les chefs des cuisines organisés durant les temps périscolaires

– tri des déchets par les élèves, pesée quotidienne des poubelles, petites, moyennes et grandes portions proposées aux enfants qui se servent en fonction de leur appétit (et peuvent revenir se servir s’ils le désirent !)

– jardins pédagogiques dans chaque école et sur le domaine de Haute-Combe

La MEAD développe sa vocation pédagogique. Visites des petits (écoliers), des grands (élus, techniciens de collectivités, agents territoriaux), ateliers cuisine et nutrition, découverte de l’agronomie appliquée… Elle s’ouvre également à d’autres publics : parents, bénéficiaires de l’épicerie sociale, seniors et acteurs économiques (restaurants, hôtels, commerces alimentaires, métiers de bouche, entreprises…). En 2017, le défi « Familles à alimentation positive » a été créé pour engager les habitants de Mouans-Sartoux dans l’évolution de leurs pratiques alimentaires.

Les perspectives de développement sont les suivantes:

– Favoriser les installations agricoles: Installation de 2 à 5 agriculteurs sur les zones agricoles communales et privées libérées par le PLU.

– Transformer et conserver les légumes: Pérennisation de l’expérimentation en cours par la création d’un atelier de transformation (surgélation, stérilisation, pasteurisation) à disposition de la régie agricole et des agriculteurs locaux pour stabiliser leur modèle économique.

Objectif : atteindre 100% d’autonomie en légumes pour les cantines.

– Au niveau des cantines: Veiller lors de chaque renouvellement de marché d’identifier les producteurs locaux potentiels, poursuivre les formations du personnel de restauration

– Sensibiliser à l’alimentation durable, permettre l’essaimage de projets alimentaires, soutenir les projets de recherche nationaux et internationaux

Et enfin les facteurs clés de réussite :

– Construire une vision ambitieuse du projet alimentaire du territoire en restant à l’écoute ce que nous disent les scientifiques

– Fédérer des acteurs différents (élus, agents municipaux, habitants, parents d’élèves) pour identifier des objectifs communs et surmonter les divergences

– Bénéficier d’une forte volonté politique qui s’inscrive dans la durée

– Mettre en place un système de gouvernance garantissant la pérennité du projet et le portage d’une vision globale, construire une vision de la politique alimentaire de la ville et de la souveraineté alimentaire de son territoire ;

– Identifier en amont les sources d’information, d’appui technique et de financement ;avancer pas à pas en actionnant tous les leviers, y compris les plus difficiles comme l’urbanisme.

Site http://restauration-bio-durable-mouans-sartoux.fr/

Les Jardins du Loup, un jardin permacole et pédagogique à Pont du Loup

Association Les Jardins du Loup

  1. Nature et genèse de l’alternative :

A l’origine il y a 2 porteuses de projet en fin de quarantaine qui partagent l’envie de vivre une « sobriété heureuse » en pleine nature. L’une a acheté en 2006 un terrain de 7500m² en restanques étroites très pentues au bord du Loup, à l’entrée des gorges ; des arbres de 15m y ont remplacé les cultures de jasmin et bigaradiers abandonnées 30 ans plus tôt. L’accès au terrain est compliqué : 300m à pied ou en 4×4.
Le site est très beau et comporte une petite maison à restaurer ; la rénovation écologique démarre, le jardin naturel déjà mulché, le mode de vie recherché est décroissant.
C’est la découverte de la permaculture en 2010 qui créé le déclic avec, au-delà de ses applications agricoles, les solutions qu’elle propose pour créer des systèmes résilients, sa proposition de modèle alternatif de société, de paradigme.
Le projet se dessine : créer sur place une activité en accord avec nos envies et nos valeurs pour diffuser les solutions qu’offre la permaculture encore méconnue, produire de la nourriture saine avec la nature et pas contre elle, partager les connaissances, créer de l’emploi, du lien social, dans un lieu résilient. L’association les Jardins du Loup est créée en décembre 2011 avec 5 amis réunis autour de ses valeurs et objectifs : expérimenter et diffuser les principes et techniques de l’agroécologie et la Permaculture auprès des particuliers et des collectivités, transmettre les connaissances et éduquer à l’Environnement et au développement soutenable.

  1. Paramètres techniques :

Le site présente un fort potentiel pour le transformer en paradis permacole productif et pédagogique : terre vierge de pollution, zone Natura 2000, eau de source à profusion par gravité, ensoleillement réduit à cause des gorges mais suffisant, bioclimat grâce aux falaises, à la rivière. Dès le début, des bénévoles réguliers et impliqués viennent aider à l’aménagement et à la remise en culture des terres. En 2012 une subvention du FSE nous permet d’embaucher le premier salarié qui travaille 3 jours /semaine au Jardin Participatif.
Les années suivantes, plusieurs projets sont développés avec différents partenaires associatifs ou institutionnels : lancement d’un jardin collectif hors-sol à Grasse, expérimentations sur la valorisation des bio-déchets, création d’un réseau de parrainage en lombricompostage, animations de modules de formations (au compostage, au jardinage naturel) et d’ateliers de sensibilisation, accompagnement de projets, organisation d’événements, de fêtes, etc.
Le développement d’une production maraîchère professionnelle s’avère compliqué pour différentes raisons (difficulté d’accès et de livraison, ½ temps insuffisant au jardin, manque d’amendement sur place) ; nous avons réduit nos ambitions en visant maintenant le plus d’autonomie alimentaire possible, la vente de quelques productions et le partage des excédents.

  1. Paramètres économiques et financiers :

Démarrage du Jardin Nourricier Permacole et Participatif en 2012 avec une subvention de 22.000€ sur 30 mois (Europe + Région PACA) qui nous a permis de démarrer, acheter les premiers équipements (protection anti-faune, abris, composts, serre), embaucher les premiers salariés en contrat aidé et lancer les activités de l’association.
Depuis, plusieurs activités ont été développées pour essayer d’équilibrer notre budget annuel (autour de 40.000€ en 2017) : la vente des surplus de productions aux adhérents (légumes, plants, safran), l’organisation d’ateliers et de formations payants ou à participation libre, les prestations d’animation, de formation ou d’accompagnement, les dons, cotisations et les subventions pour mener des actions ou des expérimentations extérieures (autofinancées à 20% minimum), en forte baisse depuis le désengagement financier des collectivités locales sur les sujets environnementaux.

Nous essayons de nous autofinancer au maximum pour rester « libres » et refusons les dons d’entreprises non inscrites dans les valeurs écologiques et humaines. Notre équilibre financier lui, reste très précaire voire critique parfois, ce qui nous érige difficilement en modèle économique…

  1. Paramètres juridiques,

Nous avons choisi le statut associatif car il est relativement léger, souple dans les possibilités de moyens d’actions et surtout il porte nos valeurs (pas de but d’enrichissement personnel). Il nous permet de mener légalement l’ensemble de nos actions, d’embaucher du personnel, de facturer des prestations dans le cadre de la loi et de déposer des dossiers de demande de subvention. Sous certaines conditions, une association peut être habilitée à émettre des reçus fiscaux à ses généreux donateurs, ce qui est notre cas. Nous avons aussi obtenu un numéro de formateur.
Le statut de SCOOP a été évoqué à une période où nous étions plus nombreux, sans être retenu.

  1. Mode de gouvernance de l’action,

Gouvernance démocratique avec C.A.et Bureau élus lors de l’AG annuelle. Environ une centaine d’adhérents à jour de cotisation annuelle (à montant libre depuis 2016, auparavant 15€).
Organisation de plusieurs « forums ouverts » avec les bénévoles pour connaître leurs attentes, leurs envies, leur capacité d’engagement sur les actions. Création d’outils collaboratifs en ligne.
Gouvernance des salariés « horizontale » (pas de hiérarchie et référence directe au C.A.).

  1. Temporalités du montage et du fonctionnement,

Après une phase de développement chronophage et bénévole, l’embauche des premiers salariés a eu lieu en 2012 grâce au financement du FSE : d’abord une jardinière, puis une des porteuses de projet comme coordinatrice et développeuse de projets + une animatrice + un coordinateur technique / Maître Composteur en 2014, au plus fort de nos activités (2.5 ETP en CUI/CAE). Repassés à 2 salariés (1.1 ETP) en droit commun depuis 2016 (coordinatrice/animatrice et jardinière/formatrice/maître composteur). Si elle veut garder ses emplois, la polyvalence est indispensable pour une petite structure comme la nôtre, tout comme le bénévolat. Beaucoup de bénévolat ! Les actions en partie subventionnées que nous menions « à l’extérieur » nous permettaient de mener d’autres actions entièrement bénévoles ou à participation libre.
Nous avons développé plusieurs outils de communication dès le départ : création d’affiches et de visuels, site internet, réseaux sociaux et près de 2000 foyers sont abonnés à notre newsletter.

  1. Paramètres humains et prospective d’évolution.

L’association a bénéficié depuis sa création de l’aide de beaucoup de bénévoles qui se sont investis à différents niveaux dans son développement. Et apportent soutien moral, motivation, idées neuves, énergie… C’est là que nous puisons la force de continuer à essayer de faire changer les choses autour de nous ! C’est aussi dans les retours émouvants que nous recevons parfois en cadeau, par une visite surprise ou un mail d’un-e ancien-ne bénévole qui nous raconte tous les changements positifs que nous avons inspirés ou accompagnés dans sa vie ou dans son jardin.
En revanche, les tentatives que nous menons auprès des collectivités locales du 06 deviennent trop décevantes et nous avons renoncé fin 2018 à chercher des subventions pour des projets visant à développer des pratiques soutenables « à l’extérieur ».
2019 sera l’année de l’adaptation et de la transition pour les Jardins du Loup avec un nouveau projet que nous espérons vecteur de résilience : la création d’une guinguette associative à vocation pédagogique sur une belle restanque au bord du Loup. Pour sensibiliser les milliers de touristes qui s’y baignent ou promènent chaque année, pour valoriser nos productions, pour compléter nos ressources. Et rester libres !

Introduction à la permaculture

par Jade Journeaux, Association Permacultive1

La permaculture, au delà d’une technique de jardinage

Souvent réduite à une technique de jardinage écologique, la permaculture est la contraction des termes anglais PERMANENT-AGRICULTURE.

Née de l’observation de la nature et des communautés humaines préindustrielles, la permaculture a commencé par imaginer des systèmes agricoles stables et éthiques, moins énergivores, moins mécanisés, et non polluants. La permaculture invite à une vision systémique des systèmes agricoles: en prenant en considération les intrants et les sortants d’un système, elle vise la résilience, la stabilité et la production abondante de nourriture, de matériaux et de fibres textiles sans épuiser les ressources planétaires. C’est à partir des premiers Cours Certifiés de Permaculture (ou  »Permaculture Design Course » en anglais) enseignés par les fondateurs du mouvement en Australie que d’autres aspects de la vie humaine ont commencé à  prendre une importance fondamentale dans la descente énergétique et la transformation de la société. Tous les besoins humains peuvent être reconsidérés avec la permaculture et nécessitent indéniablement une transformation pour permettre la survie de l’humanité sur une planète aux ressources limitées. La permaculture devient alors  »culture de la permanence ». « La permaculture n’est pas seulement une autre façon de jardiner, c’est une autre façon de concevoir et d’agir sur le monde, un changement philosophique et matériel global, en même temps qu’un ensemble de stratégies de résilience face aux métamorphoses, sinon aux effondrements qui s’annoncent. » Yves Cochet.

Aux origines

C’est en Australie, à la fin des années 70, qu’apparaît le terme  »permaculture ». Ses fondateurs Bill Mollison et David Holmgren publient un premier livre en 1978 (permaculture one). Masanobu Fukuoka, agriculteur japonais a fortement inspiré les fondateurs avec ses concepts d’agriculture naturelle et de non-agir : La révolution d’une seul brin de paille est un livre de référence pour les permaculteurs.

Les éthiques et les principes

Au cœur de la permaculture se trouvent 3 éthiques, valeurs fondamentales qui guident la réflexion et l’action. Ces éthiques nous invitent à explorer nos besoins humains et à reconsidérer nos liens avec la Terre et tous les organismes vivants, invisibles ou non, de manière harmonieuse et respectueuse du vivant. Les principes de conception, eux, nous guident vers cette transformation sociétale. Ils peuvent être appliqués universellement à l’échelle personnelle, économique, sociale et politique, pour hâter le développement d’une utilisation soutenable des terres et des ressources. Ce sont de courtes déclarations que l’on peut retenir sous la forme d’un aide mémoire pour aider aux choix inévitablement complexes pour la conception et l’adaptation des systèmes écologiques de subsistance.

contact : contact@permacultive.org site : https://www.permacultive.org

L’association permacultive a pour but de diffuser, valoriser, transmettre et enseigner les éthiques, les principes et les méthodes de conception de la permaculture dans les Alpes-Maritimes par le biais de Cours Certifié de Permaculture et d’ateliers.

Jade Journeaux enseigne des introductions à la permaculture depuis 2013 et développe des jardins pédagogiques à Nice pour petits et grands pour faciliter l’apprentissage par l’action.

Impact des enjeux écologiques et climatiques sur l’alimentation en eau de la Métropole Nice Cote d’Azur en rive gauche du Var

Luc Allard (Directeur général de la Régie Eau d’Azur, Métropole Nice Côte d’Azur)

Le littoral métropolitain en rive gauche du Var bénéficie historiquement d’une ressource en eau abondante et de grande qualité. Il le doit à sa position au pied des montagnes du Mercantour, ainsi qu’aux grands travaux réalisés par nos prédécesseurs au XIXème siècle, en l’occurrence la construction d’un canal de 30 km de long prélevant l’eau de la Vésubie à Saint Jean la Rivière, pour l’amener jusqu’à la colline de Rimiez.

Le canal reste la ressource en eau très majoritaire de la ville de Nice ainsi que des autres communes littorales métropolitaines en rive gauche du Var, et même de la Principauté de Monaco. Les champs captants de la nappe alluviale du Var (« Sagnes » et « Prairies ») complètent l’alimentation du réseau à l’ouest de Nice. Une puissante installation de pompage d’eau de surface du Var à l’embouchure du vallon du Roguez assure par ailleurs, depuis une trentaine d’années, le secours de l’alimentation des usines de traitement, en cas de défaillance ou d’entretien du canal de la Vésubie.

Carte : Ressources d’eau de la Métropole Nice Côte d’Azur en rive gauche du Var

Plusieurs éléments résultant des variations du climat ou des mesures de maintien de la biodiversité modifient la disponibilité des ressources en eau. Ils ont amené la Métropole à engager un programme d’investissement majeur pour réorganiser l’alimentation du littoral en rive gauche du Var.

En premier lieu, le régime de la rivière Vésubie a évolué ces dernières années . Même si les séries chronologiques de débit sont difficiles à exploiter du fait de la suppression d’un point de mesure en 1971 et de la création d’un autre point en 2010, la tendance est celle d’une réduction des débits en été. Ce qui ressort néanmoins clairement de la dernière décade c’est un rapprochement de l’étiage du cours d’eau de la saison estivale, et de plus en plus tôt. Vraisemblablement lié à une fonte de neige plus précoce, ce phénomène rapproche la période des plus bas débits de celle des plus fortes consommations estivales.

Tableau : Occurrence des débits minimaux sur 3 jours consécutifs – station d’Utelle Pont du Cros (source DREAL Paca)

ANNEE

Date

2011

22 oct – 24 oct

2012

24 mar – 26 mar

2013

03 déc – 05 déc

2014

19 fév – 21 fév

2015

07 sep – 09 sep

2016

25 sep – 27 sep

2017

24 aou – 26 aou

L’année 2017 a révélé quant à elle une sécheresse prolongée dans les mois d’automne. Celle-ci a affecté la réalimentation naturelle de certaines sources en montagne et provoqué quelques tensions sur l’alimentation en eau lors des vacances d’hiver 2018 (cas de la station de ski de Colmiane par exemple).

En second lieu, pour maintenir la biodiversité dans la rivière Vésubie, le débit réservé laissé dans le cours d’eau à Saint Jean la Rivière a été doublé par arrêté préfectoral en 2014, dans la période de forte consommation d’eau estivale.

Enfin, pour limiter l’impact des crues à venir, et restituer l’écoulement naturel du Var, les barrages existants sont progressivement abaissés. A ce stade, le seuil n°8 face au vallon du Roguez est concerné. Le chantier d’abaissement en cours du seuil n°8 du Var compromet le fonctionnement de la prise d’eau de secours évoquée plus haut et impose des mesures alternatives de grande ampleur.

Ainsi, la nécessité de constituer un secours alternatif à la station du Roguez, la disponibilité moindre du canal de la Vésubie et, plus largement, la volonté de la Métropole de renforcer la sécurité de l’alimentation en eau nécessitent une profonde réorganisation du système d’alimentation en eau potable et des modes de gestion.

La reprise en régie du service public de l’eau à Nice et la création d’une régie personnalisée de l’eau sur 42 communes métropolitaines

L’urgence et l’ampleur des études et travaux à déployer, la grande hétérogénéité des moyens techniques, humains et financiers entre littoral et montagne ainsi que les interférences entre les deux secteurs ont amené la Métropole à renforcer la gouvernance du service de l’eau et concentrer les moyens dans un opérateur public unique – la Régie Eau d’Azur (REA) – présent sur l’ensemble du bassin versant hydrographique en rive gauche , de Saint Dalmas le Selvage à Cap d’Ail. L’association des compétences de maîtrise d’ouvrage et d’exploitant dans l’établissement public et son administration directe par les élus représentant les différents territoires autorise une grande réactivité. La mise en place de la régie a ainsi permis à la Métropole, depuis 2014, de doubler le rythme des investissements nécessaires, de surcroît avec une vision de long terme.

Concernant le système d’alimentation en eau, un programme exceptionnel d’investissement est engagé depuis 2015 en rive gauche du Var :

Des mesures d’économie d’eau dans le haut pays.

Des compteurs individuels sont déployés dans les deux tiers des communes du haut pays encore facturés au forfait, assortis de campagnes de recherche de fuite et du renouvellement des réseaux les plus fuyards. La seule tarification proportionnelle va ramener les consommations d’eau à des valeurs communes, vraisemblablement inférieures d’au moins un tiers aux prélèvements précédents. La démarche est suffisamment conséquente pour influencer à la marge le débit d’étiage de la Vésubie.

Une restructuration des ressources et des réseaux ainsi que des mesures d’économie d’eau, dans le secteur littoral/moyen pays.

En premier lieu, le projet consiste à diminuer la dépendance du littoral en rive gauche par rapport à la seule ressource Vésubie. Les capacités de prélèvement dans la puissante nappe du Var sont développées. Un nouveau champ captant verra le jour au Roguez dans les deux prochaines années, assorti d’un renforcement des capacités de pompage dans le champ captant des Prairies. Une modification des conduites de transport du réseau accompagne le dispositif, afin de mettre celui-ci en capacité de refouler les eaux des Sagnes et Prairies vers l’est et le nord-est du secteur littoral rive gauche. A l’échéance d’une dizaine d’années, celui-ci constituera un vaste secteur interconnecté capable d’être alimenté par la nappe du var ou par le canal de la Vésubie .

En parallèle, une mesure emblématique consiste à préserver et réhabiliter le canal de la Vésubie. Il s’agit de maintenir une deuxième ressource d’eau de qualité – qui plus est gravitaire – pour assurer la sécurité d’alimentation du littoral. Il s’agit aussi de supprimer les importantes pertes d’eau sur les 30 km du canal : en l’espèce, près de 10 % des volumes prélevés, soit de l’ordre de 5 millions de mètres cubes sont « perdus » chaque année . L’importance et la complexité des investissements et de leur réalisation ont repoussé ces travaux depuis des décennies, jusqu’à imaginer, il y a plus d’une dizaine d’années, d’abandonner le canal au profit des seules ressources du Var.

La volonté métropolitaine, assortie des nouvelles capacités apportées par la Régie Eau d’Azur, a permis d’engager ces travaux et notamment de réaliser l’une des étapes les plus délicates : la réhabilitation du canal sous le village perché de la Roquette sur Var. D’autres opérations seront programmées dans les secteurs plus « fuyards » du canal ainsi que des recherches de fuites et renouvellements conséquents sur le réseau de distribution.

Photo : accès du canal de la Vésubie dans le tunnel réhabilité de la Roquette sur Var

Conclusion

La Métropole Nice Côte d’Azur est confrontée comme ailleurs aux effets des modifications climatiques sur ses ressources en eau. Elle dispose encore de réserves significatives avec la nappe du Var, mais les adaptations de son système d’alimentation en eau seront très importantes et coûteuses dans les dix prochaines années. Au-delà de l’importance des travaux à réaliser, des modifications des comportements de consommation seront indispensables, tant de la part des usagers domestiques que des professionnels et des services urbains. La Métropole permet une coordination efficace des moyens parmi les activités dont elle exerce la compétence. Des pistes telles que l’adaptation des espèces végétales à des climats plus secs ou la réutilisation des eaux usées traitées 1 offrent des perspectives.

L’avenir verra également l’opportunité de réaliser l’interconnexion entre les deux rives du Var afin de ménager la possibilité d’un secours mutuel.

Enfin, l’enjeu de l’alimentation en eau potable reste indissociable de celui de la production d’énergie, compte tenu de la géographie métropolitaine. Les microcentrales hydroélectriques (tant sur l’eau brute que sur l’eau traitée) vont ainsi par exemple permettre à la régie Eau d’Azur de passer en configuration d’énergie positive dès 2019.

Les différents types de ruches.

Pour se lancer en apiculture, il faut connaître les types de ruches pour choisir celle qui hébergera vos abeilles. Celles-ci varient selon les techniques dapiculture et les régions où elles seront placées. Il existe des ruches traditionnelles, des ruche modernes, des ruches horizontales, des ruches verticales, les unes avec cadres, les autres sans cadres. Elles se composent pour la plupart, d’un corps : c’est l’endroit où les abeilles stockent leurs provisions. Et d’une hausse : c’est le stock supplémentaire que va récupérer lapiculteur.

Parmi les ruches traditionnelles, les modèles les plus ancien sont les ruches en paille, en terre cuite ou les ruches troncs. Ce sont des ruches écologiques dans le sens où l’homme n’intervient quasiment pas elles sont donc très respectueuses des abeilles à l’état naturel. D’un confort similaire à celui d’un habitat naturel, la ruche en paille a la forme dune voûte, sans socle ni rayons, avec un trou par lequel les abeilles entrent et sortent de la ruche. Parmi les ruches traditionnelles on trouve également la ruche kényane, modèle de ruche trapézoïdale et la ruche tronc qui a une durabilité dans le temps.

On trouve également des ruches verticales et horizontales. Les plus connues des ruches sont les ruches verticales.

On parle aujourd’hui beaucoup de la Ruche Warré, la ruche populaire, qui est une ruche à barrettes, à la base sans cadres, de forme carrée (30 x 30). Elle a été créée au début du siècle dernier par l’abbé Warré qui recherchait la ruche la plus respectueuse et la plus simple à construire et à utiliser. Elle a l’avantage doffrir aux abeilles de meilleures conditions de vie, et de faciliter le travail de l’apiculteur. La «ruche populaire» et son adaptation récente en « ruchecologique », est une construction qui se rapprochent bien, en dimension, de ce que les abeilles choisissent quand elles ont le choix dans la nature. Dans un tronc darbre creux ou une fissure de rocher les abeilles bâtissent le plus souvent huit rayons. La Warré est donc sur 8 cadres

Les plus répandues des ruches verticales en apiculture pour la production de miel sont:

-La ruche Dadant qui est ruche à 10 / 12 cadres.et qui est le modèle le plus utilisé en Europe. Son volume offre plus de de réserves pour les périodes d’hivernage.

-La ruche Langstroth, un autre modèle standard, très prisé par les apiculteur mais qui a une contenance de 10l de moins que la Dadant.Sa manipulation est facilitée par la taille de ses hausses (17 cm de hauteur) et par un seul type de cadre.

Il y a également la ruche Voirnot qui est une ruche cubique créée par l’abbé Voirnot à la fin du XIX siècle. Elle est très fréquemment utilisée dans les régions montagneuses et froides. Sa taille se situe entre la Dadant et la Langstroth (36 x 36 x 36).

Les ruches horizontales quant à elles sont le type de ruche qui offre aux abeilles un habitat qui ne nécessite ni cire, ni cadres préfabriqués.

De la plus écologique à la plus productive plusieurs types de ruches existent et c’est en fonction de l’endroit où vous vivez et du mode d’apiculture que vous souhaitez pratiquer que vous choisirez votre modèle de ruche.