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Les équilibres politiques en région PACA : permanences et changements

Gilles Ivaldi (Chargé de Recherches CNRS, Université Côte d’Azur, URMIS) et Christine Pina (Professeur, Université Côte d’Azur, ERMES)

Les élections présidentielle et législatives de 2017 ont témoigné d’un bouleversement du paysage politique en France. L’irruption d’Emmanuel Macron dans le jeu électoral a bousculé les rapports de forces et conduit à reconsidérer les équilibres politiques sur le territoire national. En est-il de même pour la région PACA ? Traditionnellement, PACA est décrite comme une région de forte implantation de la droite républicaine, de perméabilité au FN et d’extrême marginalisation de la gauche. Dans quelle mesure les élections de 2017 ont-elles modifié ces équilibres politiques ?

I. La droite républicaine, une domination indiscutée ?

L’implantation de la droite républicaine en PACA remonte au milieu des années 1980. Cette domination est encore très visible à la veille des élections de 2017. Les Républicains et leurs alliés centristes de l’UDI peuvent s’appuyer sur un réseau dense d’élus locaux – dont 40 députés et sénateurs et deux tiers des élus départementaux (166 sur 252) –, une domination politique dans les grandes villes de la région – Marseille, Nice, Aix-en-Provence et Toulon – ainsi que la présidence de cinq des six conseils départementaux de PACA (le département des Alpes de Haute-Provence est dirigé par le socialiste G. Sauvan).

A droite, au 1er tour de l’élection présidentielle, F. Fillon résiste mieux en PACA qu’au niveau national (22,4%, +2,4 points) même s’il recule par rapport à Nicolas Sarkozy en 2012. Il obtient ses meilleurs scores dans les bastions traditionnels de la droite modérée, les Alpes-Maritimes (27,4 %) et le Var (24,9 %), où il se place toutefois en seconde position derrière M. Le Pen. On retrouve en 2017 un caractère « bourgeois » très marqué de cet électorat : le score de F. Fillon culmine dans les communes où le revenu médian est le plus haut, en particulier dans les Bouches-du-Rhône et les Alpes-Maritimes et c’est de loin le facteur le plus significatif de structuration du vote Républicain en PACA.

Tableau 1. Résultats des principaux candidats à l’élection présidentielle de 2017 en région PACA

 

1er tour

2nd Tour

Candidat

%

Diff. nat.

(exp.)

%

Diff. nat.

(exp.)

M. LE PEN

28,2

+6,9

44,5

+10,6

F. FILLON

22,4

+2,4

E. MACRON

18,9

-5,1

55,5

-10,6

J.-L. MÉLENCHON

18,7

-0,9

N. DUPONT-AIGNAN

4,3

-0,4

B. HAMON

4,1

-2,3

 

La gauche « traditionnelle » poursuit son long processus d’érosion sur le plan régional, entamé dès le milieu des années 1980 mais qui a connu une accélération notable au cours du quinquennat de François Hollande. En PACA, les forces de gauche – socialistes et alliés plus la France Insoumise – passent ainsi de 35,5 % des voix au premier tour de la présidentielle de 2012 à 22,9 % en avril 2017, soit 3 points de moins que leur niveau national. La captation par J.-L. Mélenchon d’une partie de l’électorat PS est également visible en PACA : au soir du premier tour de la présidentielle, le chef de file de la France Insoumise obtient 18,7 % des voix dans la région, soit un peu moins d’un point en-deçà de son score national, face à un candidat socialiste en perdition avec 4,1 % (contre 6,4 % au plan national).

Au premier tour de l’élection présidentielle, E. Macron se place quant à lui en troisième position en PACA avec 18,9 % des suffrages, soit un score inférieur de 5,1 points par rapport à son niveau national (voir Tableau 1).

2. Le FN : quand des scores élevés peinent à se transformer en victoire

L’implantation du FN en PACA n’est pas chose nouvelle et la stratégie électorale du parti a souvent consisté à investir le pourtour méditerranéen, jugé plus perméable à l’idéologie frontiste. L’élection présidentielle marque un rééquilibrage des tendances politiques, essentiellement au sein des droites : au soir du premier tour de la présidentielle de 2017, le bloc droite + extrême-droite représente encore 55,9 % des exprimés en PACA, soit un niveau comparable à celui de 2012 où il totalisait 56,5 %. En 2017, cependant, le FN prend l’ascendant dans la région. Marine Le Pen recueille 28,2 % des suffrages, confirmant son succès des élections régionales de 2015 où la droite avait pour la première fois cédé la première place au FN et n’avait pu gagner la présidence de la région qu’à la grâce du front républicain opposé à la liste de Marion Maréchal-Le Pen (Ivaldi et Pina 2016).

Cette force électorale du FN se double d’une notabilisation croissante des élus frontistes sur le terrain. Depuis 2014, la région PACA a fourni au FN parmi ses plus gros contingents d’élus locaux1, une députée, deux sénateurs – Stéphane Ravier dans les Bouches-du-Rhône et David Rachline dans le Var, ainsi que six mairies. En décembre 2015, Marion Maréchal-Le Pen avait recueilli 45,2 % des voix lors du second tour des élections régionales et donné à sa formation 42 sièges au sein du Conseil régional, faisant du FN la seule force d’opposition à la droite LR-UDI en PACA.

Au premier tour de la présidentielle, M. Le Pen obtient ses meilleurs scores dans les départements où le taux de chômage est le plus élevé et où le tissu économique a été le plus fragilisé par la crise, à l’image du Var, des Bouches-du-Rhône ou de Vaucluse, réalisant dans ce dernier sa meilleure performance régionale avec 30,5 % des suffrages exprimés. Par ailleurs, ce sont dans les communes péri-urbaines, populaires mais pas paupérisées, que la candidate du FN réalise ses meilleurs scores. La nouveauté de 2017 est que le Front national réussit également à s’implanter dans les Alpes-Maritimes, jusqu’alors terre d’élection de la droite républicaine, en particulier grâce à des scores peu attendus dans des villes comme Grasse ou Cannes.

Au 2ème tour de la présidentielle, avec 44,5 % des voix, M. Le Pen progresse de plus de 16 points par rapport à son score du premier tour. On retrouve les principales lignes de force du FN dans les catégories populaires des villes moyennes et les couronnes périurbaines, plus touchées par le chômage mais loin cependant des quartiers et des communes d’immigration les plus pauvres.

3. Les élections législatives et l’émergence de la REM

Si E. Macron ne parvient pas à bouleverser le duopole droite-extrême droite à l’occasion de la présidentielle, PACA n’échappe pas à la « vague » macroniste : sur les 42 députés élus dans la région, 22 entrent à l’Assemblée nationale sous cette étiquette, auxquels il convient d’associer 2 députés Modem. La région PACA, largement dominée après les législatives de 2012 par l’UMP (25 sièges) et le PS et ses alliés (13 sièges), consacre désormais la REM comme parti majoritaire au plan législatif (Cf. Carte 1).

Carte 1. Vainqueurs des élections législatives dans les circonscriptions
de la région PACA en 2012 et 2017

Cartes réalisées par Jérôme Dutozia

Les élections législatives offrent, on le voit, une tout autre structure d’opportunités au président élu.

Tout d’abord, l’abstention est élevée (51,6 % en PACA au 1er tour et 56,5 % au 2nd tour). Comparativement aux autres tendances politiques, la REM semble avoir beaucoup moins subi les effets de l’abstention et de la dispersion des voix entre les deux élections. Cette abstention différentielle est un facteur important du succès des candidats de la REM.

Associée à la multiplication des candidatures (+ 25% par rapport à 2012), la très faible participation rend en outre les triangulaires quasi-impossibles : il n’y a plus aucune triangulaire au 2nd tour en 2017, alors qu’on en dénombrait encore 12 en 2012. Ces situations de duels favorisent globalement la nouvelle majorité présidentielle, notamment lorsqu’opposée au Front national, ce qui est le cas dans 16 des 22 circonscriptions emportées par la REM. Dans ces circonscriptions, la REM réunit les électorats modérés de gauche et de droite, incarnant ainsi une forme partisane du traditionnel « front républicain ». Tous les duels face au FN se traduisent par une victoire des candidats LREM, même dans la 3ème circonscription de Vaucluse pourtant annoncée comme imprenable au FN.

Enfin, les députés LREM ne sont pas tous des novices en politiques. Sur 22 députés élus, seuls 11 n’ont eu jusqu’alors aucune fonction politique, ni occupé aucun mandat. A l’opposé, 6 ont déjà porté les couleurs de la gauche socialiste dans des élections, 3 viennent de la droite républicaine (UDI, LR et divers droite) et 2 d’EELV. La victoire macroniste tient donc en partie à des changements de camp de candidats, dont il est difficile d’affirmer qu’ils auraient été battus sans cette même étiquette politique.

Le mouvement macroniste a par ailleurs profité du renouvellement des candidatures : 10 des candidats LREM ont gagné dans des circonscriptions où les députés sortants ne se représentaient pas, dont Marion Maréchal-Le Pen dans la 3ème circonscription de Vaucluse.

Perspectives

Si les élections européennes de 2019 serviront essentiellement de test national pour E. Macron, les municipales de 2020 permettront de mesurer l’implantation de la REM en région PACA. Dans de nombreux cas, comme à Nice, le mouvement d’E. Macron devra composer avec des majorités municipales bien établies. Tous les yeux se tourneront vers Marseille où Christophe Castaner pourrait être candidat, face à Jean-Luc Mélenchon et Renaud Muselier. La cité phocéenne serait une prise de choix pour l’actuelle majorité, faiblement présente dans la très grande majorité des communes de la région.

Pour aller plus loin…

Ivaldi G., Pina Ch. (2016), « Élections régionales de 2015 en PACA, une victoire à la Pyrrhus pour la droite ? », Revue politique et parlementaire, n°1078, janvier-mars, pp. 139-150 (http://www.revuepolitique.fr/paca-une-victoire-a-la-pyrrhus-pour-la-droite/)

Ivaldi G., Pina Ch. (2017), « PACA : 2017, entre permanence et bousculements des équilibres politiques », Pôle Sud, n°47, 2017/2, pp.179-198 (https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01678738)

1 En 2014, 338 des 1544 conseillers municipaux FN (22 %) étaient issus d’un des six départements de PACA. En mars 2015, 10 des 62 conseillers départementaux FN élus l’ont également été dans la région, en particulier dans le Var et Vaucluse, représentant le deuxième plus important pool d’élus après le Nord Pas de Calais Picardie (26 conseillers FN).

Les déplacements domicile-travail dans les Alpes-Maritimes

Gilles Voiron (Ingénieur d’études contractuel, CNRS, laboratoire ESPACE), Christine Voiron-Canicio (Professeure de géographie, Université Côte d’Azur, laboratoire ESPACE)

Dans les Alpes-Maritimes, comme dans l’ensemble du territoire français, la distance entre le domicile et le lieu de travail s’accroît au rythme de la périurbanisation. Cette étude s’attache à décrire ce phénomène à l’échelle des communes des Alpes-Maritimes, en focalisant l’attention sur les « navetteurs » – actifs ayant un emploi hors de leur commune de résidence –, dont les déplacements quotidiens se font avec un véhicule particulier (voiture et deux roues). L’analyse repose sur deux sources de données de l’INSEE, les recensements de la population à six dates (1975, 1982, 1990, 1999, 2006, 2015), et la base MOBPRO INSEE de 2014, caractérisant les mobilités professionnelles des individus.

L’analyse spatio-temporelle des navetteurs, au cours des quarante dernières années, est menée à l’aide de trois indicateurs : le nombre de navetteurs par commune, la part qu’ils représentent dans la population active de la commune, et le coefficient de variation du pourcentage de navetteurs, qui traduit les écarts de valeurs entre les communes. Le nombre de navetteurs a fortement augmenté, passant de 27% en 1975 à 49% en 2015. Ce quasi doublement est à mettre en relation avec l’extension de la périurbanisation qui conduit les ménages à résider de plus en plus loin des lieux d’activités du sous ensemble littoral, et qui est sous-tendue par l’amélioration et la création de voies de communication. Toutefois, la part des navetteurs reste inférieure à la moyenne nationale (66%), en raison du nombre élevé de grandes communes urbaines qui sont des pôles d’emploi en premier lieu pour la population active qui y réside – Nice ne compte que 23% de navetteurs.

L’augmentation des navetteurs s’est traduite de façon différenciée à la fois dans le temps et dans l’espace, comme le révèlent les cartes de la figure « Évolution du pourcentage des navetteurs » (Fig.1) et les trois indicateurs associés. En 1975, les navettes étaient peu généralisées – essentiellement cantonnées aux zones périurbaines du littoral, et de Nice, en particulier – d’où un coefficient de variation élevé (0,72). Ce dernier n’a cessé de décroître par la suite pour atteindre 0,37 en 2015. Cette diminution continue des écarts s’explique par l’homogénéisation des valeurs résultant de l’extension des zones de mobilités professionnelles.

Figure 1 : Évolution du pourcentage de navetteurs (1975 à 2015).

Les informations détaillées sur les mobilités professionnelles des individus en 2014, renseignent sur le profil des navetteurs. Ces derniers sont à 54% des hommes, et l’âge moyen (les deux sexes confondus) est de 42 ans. Il est à noter une surreprésentation des jeunes navetteurs dans l’arrière-pays. Les données de la base MOBPRO 2014 ont permis de déterminer la portée des déplacements de travail en termes de kilométrage quotidien parcouru. Celui-ci est plus élevé que dans le reste de la région PACA. En effet, le plus grand nombre de navettes (40%) se situe sur des distances au lieu de travail comprises entre 10 et 20 km, contre 30% pour l’ensemble de la région PACA.

Par ailleurs, deux analyses spatiales inédites ont été réalisées. Les mobilités-navettes ont été considérées sous deux angles différents, d’une part, celui de la commune de résidence, d’autre part, celui de la commune-lieu de travail. Le kilométrage moyen (A/R) parcouru par les actifs partant travailler hors de la commune de résidence s’élève à 37,5 km. La cartographie des valeurs révèle une structure majeure de type gradient : littoral/intérieur – faible altitude/forte altitude (Fig. 2). En revanche, le kilométrage moyen des actifs venant dans la commune du lieu de travail est plus élevé (40,8 km). La cartographie des résultats met ici en exergue les sous-espaces qui, dans l’arrière-pays, sont au cœur d’un bassin d’emplois de portée étendue, et dont les trajets émanent d’au moins 5 communes différentes (Fig. 3).

Figure 2 : Kilométrage moyen des navetteurs selon la commune de résidence.

Figure 3 : Kilométrage moyen des navetteurs selon la commune du lieu de travail.

Références

Baccaïni B., Sémécurbe F., Thomas G., (2007), « Les déplacements domicile-travail amplifiés par la périurbanisation », Insee Première n° 1129

Coudène M., Levy D., (2016), « De plus en plus de personnes travaillent en dehors de leur commune de résidence », Insee Première n° 1605

Le Ti’Fest : expérience d’un projet inter-associatif

Ti’Pantaï, est une association loi 1901 fondée à Nice en mai 2017. Elle est gérée bénévolement par un bureau et un conseil d’administration composés respectivement de 4 et 5 membres. Tout au long de l’année, Ti’Pantaï organise des évènements variés, dans des lieux populaires ou “de passage”, avec trois objectifs :

  • –  dynamiser la vie dans les quartiers en valorisant les activités culturelles, sociales et associatives locales.
  • –  Sensibiliser la population aux problématiques sociétales et environnementales
  • Renforcer les liens inter-associatifs

Dans cet article, nous nous pencherons brièvement sur un évènement en particulier qui a réuni une quinzaine d’associations locales : le Ti’Fest

Présentation du Ti’Fest

Contexte

Ces récentes années, le paysage associatif local s’est enrichi de nombreuses initiatives qui tentent de répondre aux problématiques sociétales et environnementales : éco-citoyenneté, mieux-vivre et solidarité, lutte contre le gaspillage alimentaire, etc. Cependant des efforts restent à faire dans notre localité en termes d’accès à la culture, de communication entre les acteurs associatifs et de visibilité de leurs actions.

Montage et mode de gouvernance du projet

C’est dans ce contexte que l’idée d’organiser un événement inter-associatif a germé. Notre ambition était de fédérer et d’amener nos partenaires à mutualiser leurs moyens, à réunir leurs compétences et leurs réseaux autour d’un projet collectif, avec les objectifs suivants :

  • –  Proposer un événement diversifié, pluridisciplinaire et intergénérationnel ;
  • –  Mettre en avant les artistes et producteurs locaux ;
  • –  Favoriser et renforcer les liens entre les acteurs socio-culturels locaux ;
  • –  Sensibiliser aux questions sociétales et environnementales.

Un an de réflexion et environ 4 mois de préparation ont été nécessaires pour définir le projet, évaluer sa faisabilité et communiquer avec les partenaires, intervenants ou artistes. Pour accueillir une telle manifestation, deux semaines de travail in situ ont été requis.

Étant donné le grand nombre de partenaires impliqués, une organisation rigoureuse était indispensable, notamment en termes de prise de décision, de communication et de coordination. C’est pourquoi, plusieurs réunions et rencontres avec les partenaires ont été planifiées en amont afin que chacun s’approprie le projet.

Par ailleurs, le mode de gouvernance du Ti’Fest a été basé sur l’implication des partenaires et leur participation active. Une organisation par pôles de compétences spécifiques a été mise en place, avec un rôle alloué à chacun des partenaires (sons, lumière, déco, programmation musicale, restauration, théâtre et arts de rue, bien-être, etc.).

Bien que nous ayons fait le choix d’organiser le Ti’Fest comme un événement privé, c’est-à- dire, uniquement réservé aux adhérents de l’association Ti’Pantaï, les conditions légales d’accueil de public ont été respectées (déclaration auprès des maires et élus locaux, ainsi que les autorités de police et de gendarmerie, déclaration SACEM ; respect des normes d’hygiène et de sécurité, etc.).

Moyens humains, techniques et financiers mis en œuvre

Les efforts combinés des organisateurs, d’une trentaine de bénévoles et d’une quinzaine d’associations partenaires ont contribué au bon déroulement de cette manifestation.

Les financements de ce projet proviennent de plusieurs sources :

  • –  Autofinancement (prêts personnels des membres du bureau) ;
  • –  Soirées de soutien, y compris de nos partenaires ;
  • –  Billetterie.L’association n’a que très peu de matériel en sa possession, mais grâce au soutien de tiers (associations, collectifs, particuliers), nous avons pu répondre aux besoins humains, techniques et logistiques. Par exemple, grâce aux fruits et légumes bio sauvés du gaspillage alimentaire par une association partenaire, nous avons pu fournir environ 650 repas à l’ensemble des artistes et des bénévoles.

Bilan et perspectives d’évolution

Avec une programmation essentiellement locale, des activités riches et variées (expos, concerts, batucada, théâtre, conférences, jongle, accrobranche, ateliers bien-être, cabaret burlesque), le Ti’Fest a réuni sur 3 jours environ 450 personnes, de tout âge et de tous milieux professionnels.

Sur le site, des toilettes sèches étaient mise à disposition du public, ainsi que des douches limitées à 5l/personnes/j. Les participants ont utilisé huit conteneurs de tri sélectif durant les trois jours de festival ; la majorité des personnes présentes a eu une attitude éco-responsable et le site était propre.

Les partenaires avec des stands sur place (restauration, boissons, bien-être, etc.) ont suivi notre recommandation d’adopter une éthique de consommation en favorisant des produits issus des circuits courts et de l’agriculture raisonnée.

L’objectif de réduction de l’empreinte carbone a été partiellement atteint car les consignes que nous avions données concernant le co-voiturage notamment, n’ont pas été suivies par la majorité des participants (112 véhicules motorisés sur site).

Les participants du Ti’Fest (artistes, partenaires, festivaliers, bénévoles, hôtes, voisinage) nous ont fait des retours très positifs sur cette première édition, même si nous sommes conscients que certains points seront à améliorer à court ou moyen terme.

Pour les prochaines éditions, nous aimerions que le Ti’Fest devienne un événement fédérateur des énergies locales, multipliant les projets de sensibilisation et d’éducation populaire. Nous espérons aussi qu’il devienne un rendez-vous pour les idées innovantes en matière d’écologie, avec une volonté commune de tendre vers le “zéro déchet”.

Contact: contact.tipantai(à)gmail.com

https://www.facebook.com/tipantai/

L’école de la Nature, ferme pédagogique et thérapeutique en permaculture avec OSE

Par Maï Boulom, association O.S.E

C’est en effectuant un stage de découverte des métiers de l’agriculture (ADEMA) au lycée agricole d’Antibes que l’aventure a commencé. À l’issue de ce stage, je me suis investie au sein de l’association des Jardins Partagés de Terra Segurana à Colomars, pour y développer notamment le pôle pédagogique. Il me tenait à cœur d’aborder l’éducation à l’environnement à travers des activités ludiques et artistiques. J’ai mis ce projet en place et ai expérimenté pendant un an, à travers l’École de la Nature. J’ai pu mettre en œuvre des pédagogies alternatives avec des enfants d’âges très variés. J’ai également pu animer des ateliers mixtes avec des enfants d’IME (Instituts Médico-Éducatifs).L’expérience fut fort enrichissante, mais la distance restant tout de même problématique (une heure de trajet), il me semblait essentiel de créer un tel lieu sur ma commune de résidence : Levens. Après une rencontre avec le maire, ce dernier m’a demandé de rédiger une présentation détaillée de cette ferme pédagogique et thérapeutique en permaculture, telle que je l’imaginais (avec une dizaine de pôles interdépendants). Le projet a été merveilleusement bien accueilli par la commune, qui l’a mis en avant pour répondre à un appel à projet pour l’agenda 21. Et nous avons récemment reçu une réponse positive, qui va nous permettre d’amorcer ce projet.

Comment fait-on techniquement pour organiser des ateliers d’éducation à l’environnement destinés aux enfants ? Si on a de l’expérience et des compétences, on peut commencer par enseigner ce qu’on connaît. En ce qui me concerne : la découverte des plantes sauvages, le jardinage en permaculture, la cuisine-santé, mais aussi la compréhension de ses émotions, les arts : le théâtre, la peinture, le land-art sont les supports sur lesquels je me suis appuyée pour faire passer le message d’une nécessaire transition écologique et citoyenne.Le statut de bénévole au sein de l’association m’a permis de « tester » les ateliers avec les enfants dans le cadre de l’École de la Nature. L’objectif est d’autonomiser les enfants à travers les activités proposées, de leur faire prendre conscience de leurs dons et talents, tout en éveillant leur curiosité au contact de la nature. Il s’agit pour eux d’apprendre à se connaître tout en découvrant l’écologie. Les enfants sont capables d’une créativité et d’une imagination incroyable. S’ils désirent s’épanouir en les mettant au service de projets éthiques et inspirants, nous aurons tout gagné. Afin de pérenniser mon activité : l’association souhaitait m’embaucher en septembre 2017 en contrat CAE. Ces derniers ayant été supprimés pendant l’été, il a fallu que je cherche d’autres solutions pour pérenniser mon emploi. Après avoir suivi une formation en création d’entreprise, je me suis finalement tournée vers la coopérative d’emploi. Je démarrerai mon activité d’animatrice nature en janvier 2019.En parallèle, j’ai participé à la création de l’association O.S.E (On Sème Ensemble), domiciliée à Levens. C’est avec cette association que j’ai pu présenter le projet de ferme pédagogique et thérapeutique « les jardins d’OSE » au maire. Et c’est avec O.S.E également que nous pouvons prétendre à des subventions publiques, à commencer par celle de l’agenda 21, qui va permettre de prendre en charge l’animation d’ateliers d’initiation à la permaculture au sein des écoles et de la maison de retraite de la commune. Ils nous serviront de support pour impliquer les citoyens de Levens dans la conceptualisation du jardin (la première phase du projet).

Économiquement parlant, il s’agit pour nous de relever le défi de prouver que ce modèle est viable. Chaque pôle des jardins d’OSE pourra générer les ressources suffisantes à la création d’emplois.Afin de pouvoir accueillir les enfants dans les cadre de l’école de la nature, nous avons dû, dans un premier temps, « jongler » juridiquement, pour pouvoir pratiquer ces ateliers avant de déclarer un accueil collectif pour mineur, qui est une étape longue et fastidieuse mais absolument nécessaire, si l’on souhaite pérenniser l’activité. C’est donc ce à quoi je vais m’atteler à Levens, une fois les infrastructures mises en place.En ce qui concerne les activités que je souhaite développer en coopérative d’emploi, les animations permaculture seront rémunérées par les associations qui proposeront ce type de prestations. Cette forme juridique offre bien des avantages, (comme la simplification de la comptabilité, la cotisation à l’assurance chômage, etc).Le mode de gouvernance d’O.S.E est celui d’une association soumise à la loi 1901. Chaque adhérent a la possibilité de prendre part au projet. Nous sommes soumis également au regard de la municipalité, qui est propriétaire des lieux. Et enfin, nous souhaitons lors de la conceptualisation des jardins d’OSE impliquer les citoyens de Levens à la conceptualisation et l’aménagement des jardins. Lors du prochain CA, nous allons exposer les différentes possibilités qu’offre chaque pôle et les décisions seront prises à l’unanimité. Nous souhaitons, par ailleurs, nous pencher davantage sur les techniques de gouvernance empruntées à la sociocratie. Nous sommes d’ailleurs à la recherche de personnes, associations ou entreprises spécialisées dans ce domaine, afin de nous guider à travers cette démarche.Nous avons commencé par établir un prévisionnel sur 3 ans, afin de pouvoir prétendre à la subvention d’agenda 21. Mais il me semble que 5 ans seraient plus réaliste si l’on souhaite développer intelligemment tous les pôles exposés dans notre projet. Nous avons exposé des phases d’action dans un ordre précis, afin de pouvoir mener à bien ce projet et le rendre pérenne. Ces phases sont détaillées sur notre site internet : https://osepermaculture.wixsite.com/o-s-eIl existe à Levens une multitude de ressources humaines dotées de talents et de savoir-faire incroyables. La plupart ne demande qu’à partager. Il s’agit donc avant tout de mettre en relation ces personnes, à travers les activités proposées par l’association au sein de la commune et de leur proposer de s’impliquer dans le projet. Une expérience humaine unique nous attend : nous sommes nombreux à souhaiter travailler à Levens (« ville dortoir »). La plupart des actifs travaille, fait ses courses et pratique ses loisirs à Nice. L’aménagement des jardins d’OSE pourrait créer dans un premier temps une dizaine d’emplois, et encore bien plus si les initiatives se multiplient et si nous devenons, comme nous le souhaitons, une référence en la matière. Personnellement je souhaite m’orienter par la suite vers la Formation d’animateurs Nature. Il y a beaucoup de demandes et peu d’offres. Il serait temps d’organiser également tout cela. Mais allons-y pas à pas.

Le scénario Négawatt 2017-2050

Conférence aux assises présentée par Emmanuel RAUZIER

Entre dérèglement climatique, tensions économiques et géopolitiques liées aux ressources énergétiques, aggravation des risques sanitaires et technologiques, et précarité énergétique, la France doit s’orienter rapidement vers un nouveau système énergétique.

Le scénario négaWatt répond à cet impératif en proposant une trajectoire vers un avenir énergétique souhaitable et soutenable, mais aussi les mesures à mettre en œuvre pour y parvenir.

Pour cela, il étudie en détail les différents secteurs de consommation (bâtiment, transport, industrie, agriculture) et de production d’énergie (renouvelables, fossiles, nucléaire) afin d’établir une évolution possible du système énergétique. Il montre ainsi comment la France peut – en quelques décennies – se passer totalement d’énergies fossiles et nucléaire.

Cet exercice de prospective, qui n’inclut aucune rupture technologique, économique ou sociétale, a notamment pour but de permettre aux décideurs d’intégrer les impératifs de long terme dans les décisions de court terme

Les 10 points-clés du scénario négaWatt 2017-2050

1 Une division par 2 de la consommation d’énergie*

Grâce à l’application systématique des deux premiers piliers de la démarche négaWatt, il est possible de diminuer significativement notre consommation d’énergie :

en priorisant les besoins énergétiques essentiels dans les usages individuels et collectifs de l’énergie par des actions de sobriété (éteindre les vitrines et les bureaux inoccupés la nuit, réduire les emballages, renforcer l’utilisation des transports en commun, etc.) ;

en réduisant la quantité d’énergie nécessaire à la satisfaction d’un même besoin grâce à l’efficacité énergétique (isoler les bâtiments, améliorer les rendements des appareils électriques ou des véhicules, etc.) ;

* en énergie finale : énergie délivrée à l’utilisateur final par un fournisseur (kWh électrique, litre d’essence, …).

2 Le maintien d’un haut niveau de services énergétiques pour l’ensemble des besoins

La réduction des consommations ne signifie pas retour à la bougie : les citoyens continuent à se déplacer et à utiliser des appareils électriques, les logements deviennent plus confortables, … et le scénario intègre même l’apparition de nouveaux usages.

3 Une consommation couverte à 100 % par des énergies renouvelables en 2050

La biomasse (bois énergie) reste la première source d’énergie renouvelable, suivie de très près en 2050 par l’éolien, puis par le photovoltaïque et le biogaz.

4 Une fermeture progressive du parc nucléaire

Le dernier réacteur nucléaire est arrêté en 2035. Aucun n’est prolongé au-delà de 40 ans.

5 La disparition du pétrole, du gaz fossile et du charbon

Alors qu’elles représentent 86 % de la consommation d’énergie finale en 2015, les énergies fossiles ne servent plus qu’à des usages non énergétiques en 2050 (production d’acier ou de ciment, …).

6 Une mutation des pratiques agricoles et sylvicoles

En exploitant de manière équilibrée et soutenable les sols, il est possible de répondre dans de bonnes conditions écologiques et économiques aux besoins de production d’aliments, de matériaux biosourcés (construction, isolants, textiles, etc.) et seulement ensuite d’énergie (biomasse).

Le scénario négaWatt est couplé avec Afterres2050 (Solagro), scénario de transition agricole et alimentaire. www.afterres2050.solagro.org

7 Gaz et électricité, une complémentarité nouvelle et incontournable

L’équilibre entre la production et la consommation d’électricité est rendu possible notamment par le développement du power-to-gas (transformation de l’électricité en gaz). Les réseaux de gaz et d’électricité ainsi connectés deviennent complémentaires.

8 La neutralité carbone pour la France en 2050

Le couplage des scénarios négaWatt et Afterres2050 montre que les émissions nettes de gaz à effet de serre, toutes sources confondues, deviennent nulles à partir de 2049 : les puits de carbone agricoles et forestiers compensent alors les émissions résiduelles, principalement dues à l’agriculture.

Le scénario négaWatt est ainsi le premier scénario français à atteindre la neutralité carbone, objectif du gouvernement français figurant dans l’Accord de Paris approuvé lors de la COP21.

9 Des bénéfices multiples pour la santé et l’environnement

Les scénarios négaWatt et Afterres améliorent très significativement la qualité de l’air, de l’eau et des sols ainsi que la biodiversité, avec des conséquences positives majeures sur la santé publique (on constate aujourd’hui près de 48 000 décès prématurés par an dus à la pollution de l’air).

10 La transition énergétique, un bienfait pour l’économie et l’emploi

Le scénario négaWatt est globalement moins coûteux que la poursuite des tendances actuelles : 400 milliards d’euros pourraient être économisés d’ici à 2050. Il est également créateur d’emplois : 400 000 emplois nets pourraient être créés en 2030, 600 000 en 2050.

Un projet de territoire pour tous les territoires

La mise en œuvre de la sobriété, de l’efficacité et du développement des énergies renouvelables permettrait de rendre tous les territoires – ruraux comme urbains – plus autonomes en énergie. Elle serait également source de retombées positives en termes de cadre de vie, d’activité économique et d’emplois.

L’Association négaWatt

L’Association négaWatt a été créée en 2001 par plusieurs experts et praticiens de l’énergie souhaitant promouvoir en France un système énergétique plus soutenable. Le scénario négaWatt est le fruit d’un travail collectif rendu possible par la mise en commun de l’expertise de ses membres agissant à titre personnel.

La réalisation du scénario 2017-2050 a été soutenue par la Fondation pour le Progrès de l’Homme.

Pour soutenir l’Association négaWatt et ses travaux :

www.negawatt.org/soutenir-negawatt

Le commerce équitable engagé avec Artisans du Monde

Le commerce équitable engagé: soutenir des organisations d’agriculture familiale pour promouvoir une souveraineté alimentaire mondiale respectueuse de l’environnement Dans un contexte de libéralisation des échanges et du commerce, le monde agricole a subi le modèle d’agriculture intensif, qui s’appuie sur une agro-industrie dominée par de grandes firmes multinationales. Ceci cantonne les pays producteurs du sud dans un rôle de fournisseur de matières premières, freinant tout développement des industries locales et a conduit à une situation de faim
récurrente pour les paysans de la planète (augmentation actuelle du nombre de personnes souffrant de la faim a 825 millions), une très grande pauvreté, avec des populations qui ne peuvent plus vivre sur leur terre et doivent émigrer dans les grandes villes ou dans nos pays dans l’espoir, illusoire, d’une meilleure situation. Cela a aussi entraîné une uniformisation des variétés, des modes de production basés sur la monoculture qui contribuent à une diminution rapide et inquiétante de la biodiversité ainsi
qu’à la dégradation de l’environnement (produits chimiques, déforestation,…).
Pour essayer de contrer ces phénomènes le commerce équitable, depuis les années 50 a défini un partenariat commercial visant à soutenir une plus grande équité dans le commerce mondial et l’a mis en application par de nombreuses initiatives. Ce contrat couvre les aspects économiques, sociaux et environnementaux comme décrit ci dessous :


La garantie que ces échanges suivent les règles définies a été certifié par des « labels » dont les plus connus sont celui de Max Havellaar (aujourd’hui Fair Trade Labeling Organization), celui de la WFTO (Worldwide Fair Trade Organization), et d’autres comme ci dessous, qui définissent un cahier
des charges incluant les 3 volets, validés par un organisme de certification comme ECOCERT

Le commerce équitable est un mouvement pluriel qui peut prendre une ou plusieurs des composantes commerciales (ventes de produits), éducatives et politiques (plaidoyer).
Commerce Équitable France, le collectif national de concertation et de représentation des acteurs de commerce équitable français agit pour que ces principes aient vocation à irriguer l’ensemble de l’économie, au « Sud » comme au « Nord », dans une nécessité de repenser globalement les modes de production et de commercialisation. Actuellement soutien à l’agriculture , agroforesterie, bio, local et équitable s’unissent pour une convergence vers une Transition Écologique et Citoyenne.
Les denrées agricoles les plus échangées au niveau international sont le sucre, le café, le cacao. Nous illustrerons donc notre présentation sur ces exemples, mais bien d’autres peuvent être considérées car non cultivables en France ou en quantité suffisante avec une meilleure empreinte carbone totale (incluant production et distribution), ce sont par exemple le thé, le coton, les épices, le riz, le quinoa…
Ces 3 produits sont le symbole d’une culture coloniale, surtout cultivés à l’origine par des esclaves noirs au Sud et consommés au Nord, et aujourd’hui par des travailleurs et enfants exploités.
• La coopérative de café CECOVASA au Pérou a pu miser sur la qualité, le bio, la formation, le rôle de la femme, la construction d’une usine locale de traitement, la lutte contre la culture illicite de la coca et devenir leader régional.
• La coopérative de cacao el Ceibo en Bolivie a pu créer une filière directe et autonome et se doter de capacités de transformation,et promouvoir l’agroécologie pour une souveraineté alimentaire et fournir un chocolat bio sans lécithine de soja (souvent OGM)
• Le collectif Alter Trade et l’ONG Panay Fair Trade Center aux Philippines qui fournit un sucre de canne complet et bio, sont des symboles de réussite de la réforme agraire et d’une agriculture qui respecte la biodiversité, partage les revenus de manière juste, milite pour l’émancipation des femmes et maîtrise complètement sa chaîne de production.

Dans les Alpes Maritimes, 2 associations œuvrent pour vous permettre de redonner du sens à vos achats, vous permettent d’être acteur d’alternatives concrètes en vous offrant ces produits alimentaires du Sud, mais aussi ceux de petits producteurs locaux en bio, et un artisanat original
et de qualité, qui seul permet de continuer a faire vivre la richesse des traditions culturelles et offrir un revenu complémentaire ou essentiel à ces populations en détresse politique et/ou environnementale.
Elles offrent également les 3 facettes d’un commerce équitable engagé, c’est à dire les ventes en boutique bien sur, mais aussi les interventions en milieu scolaire ou universitaire, et la participation aux actions de plaidoyer/sensibilisation national ou local, ce sont :

Artisans du Monde, 5 rue Vernier à Nice, ouverte depuis maintenant 20 ans et qui initié également une librairie engagée, Mots du Monde à ses cotés. Le réseau Artisans du Monde est une fédération de plus de 120 associations dans toute la France et qui a initié sa propre centrale d’achat Solidarmonde, membre de WFTO.

La Maison du Commerce Équitable à Mouans Sartoux, membre relais Artisans du Monde, et soutien au label « Territoire de Commerce Équitable » attribué à la ville de Mouans Sartoux

Le commerce équitable engagé

Le commerce équitable engagé:

soutenir des organisations d’agriculture familiale pour promouvoir une souveraineté alimentaire mondiale respectueuse de l’environnement.

Dans un contexte de libéralisation des échanges et du commerce, le monde agricole a subi le modèle d’agriculture intensif, qui s’appuie sur une agro-industrie dominée par de grandes firmes multinationales. Ceci cantonne les pays producteurs du sud dans un rôle de fournisseur de matières premières, freinant tout développement des industries locales et a conduit à une situation de faim récurrente pour les paysans de la planète (augmentation actuelle du nombre de personnes souffrant de la faim a 825 millions), une très grande pauvreté, avec des populations qui ne peuvent plus vivre sur leur terre et doivent émigrer dans les grandes villes ou dans nos pays dans l’espoir, illusoire, d’une meilleure situation. Cela a aussi entraîné une uniformisation des variétés, des modes de production basés sur la monoculture qui contribuent à une diminution rapide et inquiétante de la biodiversité ainsi qu’à la dégradation de l’environnement (produits chimiques, déforestation,…).
Pour essayer de contrer ces phénomènes le commerce équitable, depuis les années 50 a défini un partenariat commercial visant à soutenir une plus grande équité dans le commerce mondial et l’a mis en application par de nombreuses initiatives. Ce contrat couvre les aspects économiques, sociaux et environnementaux comme décrit ci dessous :
La garantie que ces échanges suivent les règles définies a été certifié par des « labels » dont les plus connus sont celui de Max Havellaar (aujourd’hui Fair Trade Labeling Organization) , celui de la WFTO (Worldwide Fair Trade Organization), et d’autres comme ci dessous , qui définissent un cahier des charges incluant les 3 volets, validés par un organisme de certification comme ECOCERT.

Le commerce équitable est un mouvement pluriel qui peut prendre une ou plusieurs des composantes commerciales (ventes de produits), éducatives et politiques (plaidoyer).
Commerce Équitable France , le collectif national de concertation et de représentation des acteurs de commerce équitable français agit pour que ces principes aient vocation à irriguer l’ensemble de l’économie, au « Sud » comme au « Nord », dans une nécessité de repenser globalement les modes de production et de commercialisation. Actuellement soutien à l’agriculture , agroforesterie, bio, local et équitable s’unissent pour une convergence vers une Transition Écologique et Citoyenne.
Les denrées agricoles les plus échangées au niveau international sont le sucre, le café, le cacao. Nous illustrerons donc notre présentation sur ces exemples, mais bien d’autres peuvent être considérées car non cultivables en France ou en quantité suffisante avec une meilleure empreinte carbone totale (incluant production et distribution), ce sont par exemple le thé, le coton, les épices, le riz, le quinoa…
Ces 3 produits sont le symbole d’une culture coloniale, surtout cultivés à l’origine par des esclaves noirs au Sud et consommés au Nord, et aujourd’hui par des travailleurs et enfants exploités.
• La coopérative de café CECOVASA au Pérou a pu miser sur la qualité, le bio, la formation, le rôle de la femme, la construction d’une usine locale de traitement, la lutte contre la culture illicite de la coca et devenir leader régional.
• La coopérative de cacao el Ceibo en Bolivie a pu créer une filière directe et autonome et se doter de capacités de transformation,et promouvoir l’agroécologie pour une souveraineté alimentaire et fournir un chocolat bio sans lécithine de soja (souvent OGM)
• Le collectif Alter Trade et l’ONG Panay Fair Trade Center aux Philippines qui fournit un sucre de canne complet et bio, sont des symboles de réussite de la réforme agraire et d’une agriculture qui respecte la biodiversité, partage les revenus de manière juste, milite pour l’émancipation des femmes et maîtrise complètement sa chaîne de production.
Dans les Alpes Maritimes, 2 associations œuvrent pour vous permettre de redonner du sens à vos achats, vous permettent d’être acteur d’alternatives concrètes en vous offrant ces produits alimentaires du Sud, mais aussi ceux de petits producteurs locaux en bio, et un artisanat original et de qualité, qui seul permet de continuer a faire vivre la richesse des traditions culturelles et offrir un revenu complémentaire ou essentiel à ces populations en détresse politique et/ou environnementale.
Elles offrent également les 3 facettes d’un commerce équitable engagé, c’est à dire les ventes en boutique bien sur, mais aussi les interventions en milieu scolaire ou universitaire, et la participation aux actions de plaidoyer/sensibilisation national ou local, ce sont :

Artisans du Monde, 5 rue Vernier à Nice, ouverte depuis maintenant 20 ans et qui initié également une librairie engagée, Mots du Monde à ses cotés. Le réseau Artisans du Monde est une fédération de plus de 120 associations dans toute la France et qui a initié sa propre centrale d’achat Solidarmonde, membre de WFTO.

La Maison du Commerce Équitable à Mouans Sartoux, membre relais Artisans du Monde, et soutien au label « Territoire de Commerce Équitable » attribué à la ville de Mouans Sartoux

L’Agriculture d’Appartement

Dominique HUSKEN

L’ Historique

Dans le jardin de mon enfance, j’aimais beaucoup m’occuper des fleurs et des plantes.

Dans mon premier appartement, j’ai fait mes premières armes avec du basilic et quelques plants de persil, mais c’est à mon installation à Nice que débutent réellement mes premiers pas d’agricultrice d’appartement en installant un petit jardin de plantes aromatiques sur mon petit balcon.

Quelques années plus tard, j’ai emménagé dans un appartement qui possède une petite terrasse ombragée qui a vite reçu la visite d’oseille peu gourmande de soleil tout comme le persil et une terrasse plus ensoleillée, un peu plus grande, devenue le champs de mes manœuvres jardinières à l’occasion d’un cadeau de deux plants de tomates.

Dès l’année suivante, j’ai testé différentes espèces de tomates avec plus ou moins de succès et je me suis rendu compte que plus les pots étaient profonds,, plus les plants grandissaient et me donnaient de beaux fruits. En fin de compte, actuellement je plante surtout des « Noires de Crimée » qui deviennent bien charnues et savoureuses à souhait ainsi que quelques plants de tomates « Cornues » dans de grands bacs bien profonds.

Les pots du début, j’en garnissais les fonds avec une couche d’épluchures de légumes, mais bientôt j’ai lancé mes premiers essais de compost dans une vieille poubelle qui dégagea très vite une épouvantable odeur. Le Net et ses explications sur le compost épargnèrent mes facultés olfactives.

Du coup, je m’équipais d’un petit composteur dans lequel j’alterne une couche de « vert » avec une couche de « brun » à savoir des végétaux frais avec de vieilles feuilles séchées et des brindilles sèches. Maintenant en début de saison je garnis le fond de mes bacs avec ce compost riche en nutriments. C’est grâce au composteur que j’ai fait pousser de petites plantes inconnues qui se sont avérées être des melons issus de graines jetées dedans et un pied de pommes de terre né d’une vieille pomme de terre toute ridée.

Il y a quatre ans au cours de la saison hivernale, mes bacs vides de toute plantation, j’ai essayé de planter des gousses d’ail qui se sont montrées à la hauteur de mes espérances et depuis chaque hiver je prépare ma consommation de l’année suivante, délicieuse, digeste et « bio ».

Cette année, j’essaie des plants d’aubergine pour tenir compagnie aux trois plants de poivrons que je bichonne depuis plusieurs années.

Si vous voulez vraiment vous amuser, dans la seconde moitié de février, vous installez une petite serre démontable et vous plantez les graines de tomate précieusement recueillies la saison précédente, vous allez vous émerveiller de voir tout ces petits plants émerger de la terre de coco ou vous les avez planté. Lorsque vous couper vos tomates, vous en profitez pour garder les graines que vous faites tremper dans l’eau pendant une bonne semaine et ensuite vous les faites bien sécher sur du papier de cuisine, puis vous les rangez dans un endroit bien sec ou elles attendront patiemment le début de l’année suivante.

La Temporalité

Pour les tomates, à la mi-février, je plante mes graines dans de la terre de coco, achetée préparée, que je positionne sous ma petite serre démontable. Après les « Saints de Glace », je dédouble les petites pousses que je replante en pleine terre dans des bacs profonds. Au cours du mois d’octobre, je procède petit à petit à l’arrachage des plants au fur et à mesure de leur fin de production. Après avoir incorporé à la terre une moitié de compost, je plante dans mes bacs devenus vides tout les quinze centimètres une gousse d’ail rose.

En ce qui concerne le basilic, fin avril, je plante les graines dans la terre de coco et les mets sous serre. Dans le courant de la seconde quinzaine du mois de mai, je plante dans des bacs ou des balconnières les petits plants de basilic. Ils vont parfumer ma cuisine jusqu’à fin octobre.

Les plants de poivrons sont persistants et je les garde plusieurs années, il devrait en être de même pour les plants d’aubergines selon une de mes amies.

Les plantes aromatiques – oseille, ciboulette, persil, aneth, thym, laurier, sauge, romarin, menthe – sont boostées avec un apport de compost au printemps.

Les terrasses

La liste des plantes potagères et ornementales de la terrasse sud  – environ 20 m2

  • tomates noires de Crimée remplacées par de l’ail en octobre et tomates cerise

  • concombres, remplacés par des oignons floraux en octobre

  • poivrons, aubergines et romarin

  • basilic remplacé par des bulbes en octobre

  • olivier, citronnier

  • mimosa, roses, jasmin, poids de senteur, gueules de loup etc …

La liste des plantes de la terrasse nord – environ 10 m2

  • menthe, persil, ciboulette, coriandre, aneth, basilic

  • sauge, laurier, oseille, thym

Matériels

Bac grand modèle  – 30/40 € – 90 litres – 100/42/40 cm – environ 70 kg en fonction

Bac moyen modèle – 25/35 € – 60 litres – 80/38/38 cm – environ 50 kg en fonction

Composteur – 25 € – 60/60/80 cm

Les bacs sont positionnés sur des supports à roulettes pour une maniabilité plus aisée et une évacuation du « trop d’eau »

Répartition des bacs

Terrasse sud : 4 grands bacs et 3 moyens + une vingtaine de pots de tailles variées et une vingtaine de balconnières

Terrasse nord : 2 bacs moyens + une dizaine de balconnière et 3 pots

Petit matériel

Arrosoir, mini-pelle, mini-râteau, plantoir, sécateur à branche, tuteurs, pulvérisateur

Un tuyau d’arrosage et un petit meuble pour ranger les graines et le petit outillage facilitent cette activité.

Prix de revient des légumes

Il est pratiquement impossible d’élaborer un prix de revient. Ce dernier est fonction d’un grand nombre de paramètres :

– selon la surface que je vais consacrer à mon « potager en ville ».

  • selon que je possède les bacs ou si je dois les acheter.

  • selon que je possède un composteur ou si je dois acheter le terreau.

  • selon que j’aie récupéré les graines l’année précédente ou si je dois les acheter.

  • selon qu’il me reste de l’engrais ou que je sois obligée de le renouveler.

  • selon le degré d’hydrométrie de l’année, j’arrose abondement ou pas.

  • et la liste est loin d’être close

Les conclusions

Cette activité va vous inviter à faire un petit tour quasiment quotidien afin d’apprécier le manque d’eau ou encore un petit problème – par exemple, l’apparition d’une poudre blanche sur les feuilles d’un olivier qui va nécessiter la pulvérisation d’un mélange d’eau et de savon noir.

D’une part, il me paraît important d’avancer pas à pas dans l’élaboration du potager en ville, cela permet de ressentir son attachement réel à cette activité. D’autre part, l’expérience s’acquière petit à petit de son propre vécu et des conseils glanés dans son cercle relationnel.

Enfin, chacun peut ouvrir son expérience en testant, suivant ses goûts, la culture de pommes de terre, de radis et autre légume

La transition alimentaire et écologique passera par la préservation et l’optimisation du sol, ce réservoir unique de vie, sous-estimé et malmené

Justine Lipuma (Ingénieur biologiste, PhD, CEO MYCOPHYTO)

De grands défis sont à réaliser au cours de ce siècle. Il faut mettre en place une transition agricole et alimentaire afin d’assurer un approvisionnement en denrées alimentaires pour 9,6 milliards d’êtres humains d’ici 2050. Cet enjeu implique de produire plus et mieux sans possibilité d’augmenter les surfaces agricoles. Cette évolution doit se réaliser dans un contexte de transition environnementale intégrant la réduction de l’utilisation de substances chimiques (engrais, pesticides…) de 50%. Et enfin, nous devons le faire dans un contexte de changement climatique global et de pénurie de ressources naturelles. L’agriculture est effectivement soumise au changement global, climatique en particulier, qui conduit à une irrégularité des rendements dès à présent et qui entraîne les filières agricoles dans des situations critiques.

Il y a donc une urgence à mettre en place de façon rapide une véritable transition dans ce domaine avec tous les acteurs de cet écosystème. Pour cela, il est important de sensibiliser/former les consommateurs à de nouveaux modes de consommations ainsi que les professionnels à de nouveaux itinéraires de culture. Une des clefs réside sur une meilleure compréhension et utilisation des organismes présents dans le sol : le sol est avec les océans, le compartiment terrestre renfermant le plus de vie sur terre.

Le sol : un constat alarmant et une prise de conscience sur le potentiel de la vie microbienne des sols

Le sol est, outre le support physique d’une culture, un réservoir microbien dont les diversités et fonctionnalités vont conditionner l’état sanitaire des plantes cultivées. Les communautés microbiennes telluriques, qui jouent un rôle primordial dans les cycles biogéochimiques du carbone, de l’azote et d’autres éléments, exercent également des effets bénéfiques sur les plantes par le biais d’interactions symbiotiques. Rares sont les micro-organismes pathogènes. En revanche, nombre d’entre eux favorisent la croissance des végétaux, assurent la dégradation de polluants, et fournissent des composés d’intérêt tels des enzymes, des antibiotiques ou d’autres molécules (antiviraux, antitumoraux). Le sol représente le plus grand réservoir de carbone contenant environ deux fois le stock de carbone atmosphérique et trois fois le stock de carbone contenu dans la végétation (40 tonnes par hectare (t/ha) en sols cultivés et 65 t/ha sous prairies). Une augmentation des stocks de carbone organique des sols cultivés peut jouer un rôle significatif dans la limitation des émissions nettes de gaz à effet de serre vers l’atmosphère en stockant du CO 2 atmosphérique dans la matière organique (M.O.) des sols. Cette action est réalisée par les organismes vivants présents dans le sol (Figure 1).

Figure 1 : Décomposition de la matière organique par les organismes vivants du sol

Il existe un continuum microbien du sol aux parties aériennes et il est connu que le microbiome de la plante est influencé par celui du sol. L’holobionte correspond à l’ensemble des micro-organismes avec lesquels la plante interagit et établit un dialogue. Il peut être modifié suite à l’attaque d’un agent pathogène, mais il peut aussi influencer la réponse à cette attaque (par des mécanismes de bio-protection). La biodiversité présente dans le sol est un réservoir sous-évalué encore aujourd’hui. Dans 1g de sol de forêt, on trouve en moyenne 109 micro-organismes contre 103 dans 1g de sol cultivé. 1 hectare de sol forestier compte plus d’organismes vivants que d’êtres humains sur Terre !  Les techniques agricoles d’après-guerre (intensification des cultures, monoculture…) ont considérablement réduit cette réserve biologique.

Un sol de prairie renferme une biomasse constituée à 70% de micro-organismes : dont 39% de bactéries et actinomycètes (microflore), 28% de champignons et algues (microflore) et à 5% de protozoaires et nématodes (microfaune). Cette biomasse se compose également de 22% de vers de terre, tandis que les autres animaux réunis (macrofaune et mésofaune) ne représentent que 6% des organismes vivants du sol. La biodiversité est encore un vaste terrain inconnu pour les chercheurs. Aujourd’hui, environ 1,7 million d’espèces ont été décrites sur Terre (G. Lecointre et H. Le Guyader, 2006), dont 21% (360000 espèces) sont des animaux du sol (sans compter la microflore).

Les sols sont soumis à des pressions multiples (urbanisation, désertification, érosion) associées en grande partie aux activités humaines. La biodiversité des sols est la première menacée par ces pressions car elle n’a souvent pas le temps de s’adapter à son nouvel environnement. Par ailleurs, les ressources utilisées en agriculture intensive vont, soit diminuer (énergie fossile, phosphates d’origine minière), soit suivront des régimes très irréguliers du fait du changement global (eau) ce qui implique la réflexion et la mise en place de systèmes de productions moins dépendant de ces ressources. A ce jour, de nombreuses méthodes intégrées dans les systèmes agricoles intensifs sont néfastes pour le sol. Par exemple, les labours ou la mise en culture de prairies altèrent la diversité des champignons et l’abondance des vers de terre. Les amendements organiques, la limitation de l’usage des pesticides et du travail mécanique peuvent atténuer cette perte. Le mélange d’essences forestières en sylviculture, les amendements organiques, les rotations et les intercultures améliorent l’abondance microbienne des sols.

D’une façon générale, la gestion actuelle des sols n’apparait pas durable au regard de ce bilan. Ce constat a d’ailleurs conduit la Commission Européenne à développer une stratégie de gestion durable des sols et la FAO a récemment publié un rapport sur l’état des sols (FAO & ITPS, 2015) (Figure 2). La commission européenne a publié en 2010 une brochure bien conçue et toujours d’actualité sur l’importance de la biodiversité du sol « L’usine de la vie : pourquoi la biodiversité des sols est-elle si importante ? ».

Figure 2 : Campagne de la FAO – 2015 l’année international des sols

La gestion durable des sols vise à préserver un patrimoine essentiel pour l’Humanité́ qui n’est pas renouvelable à notre échelle de temps. Cette gestion est au cœur des systèmes agroécologiques qui visent à mieux valoriser la biodiversité et les interactions biotiques afin de réduire l’utilisation d’intrants de synthèse et ainsi préserver les ressources (eau, sol, biodiversité). Des innovations portées par des laboratoires de recherches ainsi que des jeunes pousses sont en place pour permettre la mise en place de parcelles tests intégrant des modes de productions plus respectueux de l’environnement mais également plus productifs. Une augmentation ainsi qu’une gestion de la biodiversité naturelle des sols sont une des clefs majeures pour la réussite d’une transition agricole.

Références :

Ouvrages :

G. Lecointre et H. Le Guyader, 2006, Classification phylogénétique du vivant .

J.-M. Gobat, M. Aragno et W. Matthey, 1998, Le sol vivant . Editions Presses Polytechniques et Universitaires Romandes (PPUR)

Articles :

M. Frac et al., 2018, Fungal Biodiversity and Their Role in Soil Health, Front Microbiol. 2018; 9: 707.

C. Wagg et al., 2014, Soil biodiversity and soil community composition determine ecosystem multifunctionality, Proc Natl Acad Sci U S A. 2014 Apr 8; 111(14): 5266–5270

Sites internet :

http://ec.europa.eu/environment/soil/three_en.htm

http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/lessentiel/ar/272/1122/biodiversite-sols.html

http://www.gessol.fr/ (GESSOL « Fonctions environnementales et GEStion du patrimoine SOL ») Rubrique > Dossiers thématiques > Biodiversité: La vie cachée des sols

http://moodle-ensat.inp-toulouse.fr/pluginfile.php/13612/mod_resource/content/1/DNO_2014_EvaSchreck.pdf

La Régie agricole de Mouans-Sartoux pour alimenter en bio les cantines scolaires

Comment créer le tissu agricole et économique pour faire passer une cantine en bio et en faire un levier de développement d’une politique alimentaire locale ?

Genèse de l’alternative

Nourrie par des prises de conscience des enjeux santé/environnement et suite à la crise de la « vache folle », la ville de Mouans-Sartoux s’est très tôt penchée sur les questions du lien entre alimentation, santé et environnement. Elle mène sur le sujet une politique volontariste depuis plusieurs mandats. Elle a ainsi commencé dès 1999 à introduire des produits biologiques dans les cantines, avec le choix d’une restauration en régie municipale. Le bio a pris de plus en plus de place, avec une augmentation progressive par gamme de produits: de 23% en 2009, 73% en 2011, jusqu’à atteindre 100% en 2012. En 2010, une régie agricole municipale a été créée, produisant à ce jour 85 % des légumes consommés dans les cantines, et enfin, la Maison d’Éducation à l’Alimentation Durable a vu le jour en octobre 2016.

Volume géré

10 000 habitants à Mouans Sartoux1 000 élèves dont 96 % de demi-pensionnaires152 000 repas par an, soit 1 200 repas par jour, tous publics confondus (écoles, crèches et personnel communal), composés pour 70% en volume de denrées d’origine locale (PACA et région du Piémont). Plus de 24 tonnes de légumes bio produits par an par la régie agricole (85% d’autonomie en légumes pour alimenter les cantines).

Moyens affectés

– Un terrain communal de 6 hectares (régie agricole) équipé de matériel agricole dont la production est gérée par 3 (équivalents temps plein) agents municipaux

– 3 cuisines intégrées aux 3 groupes scolaires, 21 agents dans le service restauration, une camionnette permettant la livraison quotidienne des légumes

– Des animateurs pour accompagner les enfants lors du temps du repas (1 animateur pour 10 enfants en maternelle, 1 pour 14 en élémentaire).

Description des paramètres économiques et financiers

Budget restauration 2016 (comprenant les frais de personnel) :1,2 M € pour 143 500 repas, dont budget alimentation : 240 000 €

Repas:

Prix de revient d’un repas tout compris : 8,39 €

Participation des familles en fonction du QF : de 2 € à 6,6 € (prix moyen 3,13 €).

A noter que le passage des cantines en bio n’a pas fait augmenter les impôts locaux ! Coût des denrées d’un repas 100 % bio en 2017 : 2,01 €.

Gaspillage:

Entre 2011 et 2015, réduction de 80 % des restes alimentaires (de 147 g à 32 g en 2015 par assiette). Par exemple, les grammages ne suivent pas les recommandations officielles mais les quantités réellement consommées. Cette action a permis de dégager une économie de 0,20 € par repas, réinvestie dans le bio, compensant ainsi le passage au 100 % bio.

Renouvellement des marchés publics:

– Révision des critères d’attribution pour privilégier les producteurs locaux: 40 % pour la qualité, 30 % pour le respect de l’environnement et 30 % pour les tarifs

– Allotissement dans les appels d’offre en fonction des denrées pouvant être produites localement : le marché alimentaire est ainsi passé de 8 à 25 lots

Création d’un tissu économique local:

– Politique de soutien à l’installation agricole: plan d’action d’aide à l’installation (projet européen AGRI-URBAN)

– Porteurs de projet régulièrement reçus par la mairie afin d’étudier les possibilités d’installation sur Mouans-Sartoux. Installation d’un maraîcher bio et d’un producteur de plantes à parfum.

– Aide financière de la ville pour l’installation agricole (gestion économe de l’eau)

– Création d’un atlas du foncier agricole et réhabilitation de friches pour permettre la mise à disposition de terres agricoles à de nouveaux agriculteurs

– Installation d’une association d’insertion en agriculture biologique rattachée au Réseau Cocagne

– Forte demande en produits bio locaux: création d’une épicerie bio, locale et sans emballages, magasin de producteur, Maison du Commerce Équitable, deux marchés, une AMAP

– Développement d’une gamme de pains bio par la boulangerie du village, suite à son engagement avec les cantines

Partenaires financiers par le biais de financement de projets:

État (Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt PACA – via le PNA, labellisation PAT), ADEME, Conseil Régional PACA (pour l’Observatoire), Fondation Carasso (pour la Maison d’éducation à l’alimentation durable), Union Européenne FEDER – programme URBACT (AGRI-URBAN, BioCanteens).

Description des paramètres réglementaires

Depuis près de 40 ans, la maîtrise du foncier est une préoccupation constante de l’action municipale. Ainsi, la commune est propriétaire de près de 200 hectares d’espaces naturels, forestiers et agricoles, certains acquis à l’amiable ou en usant du droit de préemption.En 2012, la ville a adopté un nouveau plan local d’urbanisme et est passée de 40 à 112 hectares classés en zone agricole. Un pari osé entre Cannes et Grasse où le foncier est très convoité ! Depuis, la municipalité a évalué son potentiel agricole à 13 zones susceptibles d’accueillir des agriculteurs.

L’Agenda 21 et le PLU précisent que les espaces agricoles et naturels existants seront préservés de toute extension urbaine et confortés par une augmentation des espaces agricoles ou zones A. A noter qu’un Projet Alimentaire Territorial, labellisé par le Ministère de l’Agriculture (voir 6, 2016 MEAD) a été construit en articulation avec l’Agenda 21 local de la commune, le PLU et le PEL (projet éducatif local).

Gouvernance

Acteurs mobilisés:Personnel municipal des services Enfance (MEAD, Restauration, Animation, Jeunesse), Urbanisme, Espaces verts, CultureActeurs du territoire, dont Professionnels d’Agribio Alpes Maritimes, de la Chambre d’Agriculture départementale, service agriculture de la CAPG, CFPPA d’Antibes, DDTM, ADEARAutres partenaires : Association Un Plus Bio (Club des Territoires Français et Européen), Pacte de Milan, OFSP – Organic Food System Program, Programmes européens « Urbact Agri-Urban », URBACT BioCanteens, l’INRA d’Avignon, Skema Business School, ImmaTerra, l’UCA, Universitaires

Gouvernance de l’action : L’équipe de la MEAD coordonne le Projet Alimentaire de la commune. Le comité de pilotage regroupe des acteurs internes à la mairie (élus, techniciens) ainsi que des associations spécialisées, scientifiques et chercheurs, experts,… pour évaluer le projet, le faire avancer et orienter les actions.

Par ailleurs, l’Observatoire de la restauration durable dresse des bilans d’étape en faisant la lumière sur ce qui fonctionne et sur les éventuels freins. Il constitue un instrument de prospective au service des futurs changements et offre des arguments à d’autres collectivités pour franchir le pas. Depuis 2013, l’Observatoire se réunit deux fois par an. Il a permis d’évaluer les comportements alimentaires des familles : évolution vers des habitudes alimentaires plus saines et plus durables, adoption de bonnes pratiques encouragées dans les cantines (moins de gaspillage, moins de sucre, plus de produits locaux et bio) pour 85 % des familles (enquête 2016).

Temporalités du montage

-1999 : 4 % de bio : le bœuf (crise de la vache folle). Choix d’une restauration en régie municipale, une cuisine par école

-2005 : révision des menus pour intégrer la saisonnalité, Ville active PNNS

-2008 : étude de faisabilité pour créer une régie agricole. Début de l’opération “un fruit à la récré” dans les écoles -2010 : démarrage des cultures expérimentales à la régie agricole municipale. Certification Ecocert

-2010 : mise en place d’une politique de réduction des déchets alimentaires. Résultats rapides : réduction de 80 % du gaspillage alimentaire en 5 ans.

-2011 : embauche de l’agriculteur sous contrat municipal.

-2012 : triplement des surfaces agricoles dans le PLU, déclassement de zones constructibles pour implanter des solutions de développement agricole.

-2012 : création de l’Observatoire de la restauration durable

-2014 : instauration d’une aide financière à l’installation d’agriculteurs bio

-2016: démarrage d’une expérience de conservation des légumes à la régie agricole en vue d’atteindre l’autonomie en légumes pour fournir les cantines

-2016 : création de la Maison d’Éducation à l’Alimentation Durable (www.mead-mouans-sartoux.fr). La MEAD porte le projet alimentaire territorial de MS avec cinq axes d’action : aide à l’installation agricole, laboratoire de transformation alimentaire, sensibilisation et éducation à l’alimentation durable, recherche-action, communication et partage du projet

-2017 : lancement du diplôme universitaire « chef de projet alimentation durable» en collaboration avec l’UCA. Cette formation, destinée principalement aux élus et agents des collectivités territoriales, a pour objectif l’émergence de projets d’alimentation durable à l’échelle du territoire

-2018 : chef de file du projet européen URBACT BioCanteens

Description des paramètres humains et prospective de développement

Le facteur humain a été primordial dans la réussite du projet à différents niveaux : prise de conscience des élus, implication et motivation du personnel municipal, appropriation par les habitants, sensibilisation et implication des familles avec un volet pédagogique qui a démarré très tôt dans les écoles:

– accompagnement pédagogique du repas des enfants par des animateurs

– ateliers autour de la nutrition et ateliers cuisine animés par les chefs des cuisines organisés durant les temps périscolaires

– tri des déchets par les élèves, pesée quotidienne des poubelles, petites, moyennes et grandes portions proposées aux enfants qui se servent en fonction de leur appétit (et peuvent revenir se servir s’ils le désirent !)

– jardins pédagogiques dans chaque école et sur le domaine de Haute-Combe

La MEAD développe sa vocation pédagogique. Visites des petits (écoliers), des grands (élus, techniciens de collectivités, agents territoriaux), ateliers cuisine et nutrition, découverte de l’agronomie appliquée… Elle s’ouvre également à d’autres publics : parents, bénéficiaires de l’épicerie sociale, seniors et acteurs économiques (restaurants, hôtels, commerces alimentaires, métiers de bouche, entreprises…). En 2017, le défi « Familles à alimentation positive » a été créé pour engager les habitants de Mouans-Sartoux dans l’évolution de leurs pratiques alimentaires.

Les perspectives de développement sont les suivantes:

– Favoriser les installations agricoles: Installation de 2 à 5 agriculteurs sur les zones agricoles communales et privées libérées par le PLU.

– Transformer et conserver les légumes: Pérennisation de l’expérimentation en cours par la création d’un atelier de transformation (surgélation, stérilisation, pasteurisation) à disposition de la régie agricole et des agriculteurs locaux pour stabiliser leur modèle économique.

Objectif : atteindre 100% d’autonomie en légumes pour les cantines.

– Au niveau des cantines: Veiller lors de chaque renouvellement de marché d’identifier les producteurs locaux potentiels, poursuivre les formations du personnel de restauration

– Sensibiliser à l’alimentation durable, permettre l’essaimage de projets alimentaires, soutenir les projets de recherche nationaux et internationaux

Et enfin les facteurs clés de réussite :

– Construire une vision ambitieuse du projet alimentaire du territoire en restant à l’écoute ce que nous disent les scientifiques

– Fédérer des acteurs différents (élus, agents municipaux, habitants, parents d’élèves) pour identifier des objectifs communs et surmonter les divergences

– Bénéficier d’une forte volonté politique qui s’inscrive dans la durée

– Mettre en place un système de gouvernance garantissant la pérennité du projet et le portage d’une vision globale, construire une vision de la politique alimentaire de la ville et de la souveraineté alimentaire de son territoire ;

– Identifier en amont les sources d’information, d’appui technique et de financement ;avancer pas à pas en actionnant tous les leviers, y compris les plus difficiles comme l’urbanisme.

Site http://restauration-bio-durable-mouans-sartoux.fr/