Le scénario Négawatt 2017-2050

Conférence aux assises présentée par Emmanuel RAUZIER

Entre dérèglement climatique, tensions économiques et géopolitiques liées aux ressources énergétiques, aggravation des risques sanitaires et technologiques, et précarité énergétique, la France doit s’orienter rapidement vers un nouveau système énergétique.

Le scénario négaWatt répond à cet impératif en proposant une trajectoire vers un avenir énergétique souhaitable et soutenable, mais aussi les mesures à mettre en œuvre pour y parvenir.

Pour cela, il étudie en détail les différents secteurs de consommation (bâtiment, transport, industrie, agriculture) et de production d’énergie (renouvelables, fossiles, nucléaire) afin d’établir une évolution possible du système énergétique. Il montre ainsi comment la France peut – en quelques décennies – se passer totalement d’énergies fossiles et nucléaire.

Cet exercice de prospective, qui n’inclut aucune rupture technologique, économique ou sociétale, a notamment pour but de permettre aux décideurs d’intégrer les impératifs de long terme dans les décisions de court terme

Les 10 points-clés du scénario négaWatt 2017-2050

1 Une division par 2 de la consommation d’énergie*

Grâce à l’application systématique des deux premiers piliers de la démarche négaWatt, il est possible de diminuer significativement notre consommation d’énergie :

en priorisant les besoins énergétiques essentiels dans les usages individuels et collectifs de l’énergie par des actions de sobriété (éteindre les vitrines et les bureaux inoccupés la nuit, réduire les emballages, renforcer l’utilisation des transports en commun, etc.) ;

en réduisant la quantité d’énergie nécessaire à la satisfaction d’un même besoin grâce à l’efficacité énergétique (isoler les bâtiments, améliorer les rendements des appareils électriques ou des véhicules, etc.) ;

* en énergie finale : énergie délivrée à l’utilisateur final par un fournisseur (kWh électrique, litre d’essence, …).

2 Le maintien d’un haut niveau de services énergétiques pour l’ensemble des besoins

La réduction des consommations ne signifie pas retour à la bougie : les citoyens continuent à se déplacer et à utiliser des appareils électriques, les logements deviennent plus confortables, … et le scénario intègre même l’apparition de nouveaux usages.

3 Une consommation couverte à 100 % par des énergies renouvelables en 2050

La biomasse (bois énergie) reste la première source d’énergie renouvelable, suivie de très près en 2050 par l’éolien, puis par le photovoltaïque et le biogaz.

4 Une fermeture progressive du parc nucléaire

Le dernier réacteur nucléaire est arrêté en 2035. Aucun n’est prolongé au-delà de 40 ans.

5 La disparition du pétrole, du gaz fossile et du charbon

Alors qu’elles représentent 86 % de la consommation d’énergie finale en 2015, les énergies fossiles ne servent plus qu’à des usages non énergétiques en 2050 (production d’acier ou de ciment, …).

6 Une mutation des pratiques agricoles et sylvicoles

En exploitant de manière équilibrée et soutenable les sols, il est possible de répondre dans de bonnes conditions écologiques et économiques aux besoins de production d’aliments, de matériaux biosourcés (construction, isolants, textiles, etc.) et seulement ensuite d’énergie (biomasse).

Le scénario négaWatt est couplé avec Afterres2050 (Solagro), scénario de transition agricole et alimentaire. www.afterres2050.solagro.org

7 Gaz et électricité, une complémentarité nouvelle et incontournable

L’équilibre entre la production et la consommation d’électricité est rendu possible notamment par le développement du power-to-gas (transformation de l’électricité en gaz). Les réseaux de gaz et d’électricité ainsi connectés deviennent complémentaires.

8 La neutralité carbone pour la France en 2050

Le couplage des scénarios négaWatt et Afterres2050 montre que les émissions nettes de gaz à effet de serre, toutes sources confondues, deviennent nulles à partir de 2049 : les puits de carbone agricoles et forestiers compensent alors les émissions résiduelles, principalement dues à l’agriculture.

Le scénario négaWatt est ainsi le premier scénario français à atteindre la neutralité carbone, objectif du gouvernement français figurant dans l’Accord de Paris approuvé lors de la COP21.

9 Des bénéfices multiples pour la santé et l’environnement

Les scénarios négaWatt et Afterres améliorent très significativement la qualité de l’air, de l’eau et des sols ainsi que la biodiversité, avec des conséquences positives majeures sur la santé publique (on constate aujourd’hui près de 48 000 décès prématurés par an dus à la pollution de l’air).

10 La transition énergétique, un bienfait pour l’économie et l’emploi

Le scénario négaWatt est globalement moins coûteux que la poursuite des tendances actuelles : 400 milliards d’euros pourraient être économisés d’ici à 2050. Il est également créateur d’emplois : 400 000 emplois nets pourraient être créés en 2030, 600 000 en 2050.

Un projet de territoire pour tous les territoires

La mise en œuvre de la sobriété, de l’efficacité et du développement des énergies renouvelables permettrait de rendre tous les territoires – ruraux comme urbains – plus autonomes en énergie. Elle serait également source de retombées positives en termes de cadre de vie, d’activité économique et d’emplois.

L’Association négaWatt

L’Association négaWatt a été créée en 2001 par plusieurs experts et praticiens de l’énergie souhaitant promouvoir en France un système énergétique plus soutenable. Le scénario négaWatt est le fruit d’un travail collectif rendu possible par la mise en commun de l’expertise de ses membres agissant à titre personnel.

La réalisation du scénario 2017-2050 a été soutenue par la Fondation pour le Progrès de l’Homme.

Pour soutenir l’Association négaWatt et ses travaux :

www.negawatt.org/soutenir-negawatt

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