Végétalisation et Biodiversité urbaine à la portée de tous

1/Description du sujet, des mots-clés :
Mot clé à définir: politique d’urbanisation, ville, végétalisation urbaine, habitat, agriculture urbaine, biodiversité
2/Historique des problématiques, contexte actuel
Démographie, urbanisation intensive, problèmes urbains, perte du lien avec la nature, alimentation en circuits très long, besoin de biodiversité en ville, végétalisation et Agriculture Urbaine pour repenser un cadre de vie équilibré entre les urbains et la biodiversité en ne retenant que les aspects positifs de la ville et sa magie.
3/Panel des solutions existantes et en réussite
Végétalisation: Bosco Verticale, Jardin pédagogique Collège Pierre Mendes France, Jardin Partagé : Cuneo,
4/Exemples en cours de réussite autour de nous
Léa, Cité de l’agriculture, Exemple Pro : Terre de Monaco
5/Panel d’organisations, ou pointeurs associés, supportant la transition dans le domaine.
Parisculteurs, l’AFAUP, Potager en ville agence

1) Voyons quelques mots clefs

L’urbanisation​ décrit l’augmentation de la population en ville.​ Pendant longtemps, la politique d’urbanisation​ n’a donné qu’une importance relative à la végétalisation et à la biodiversité dans les villes, celle-ci étant essentiellement liée à son embellissement. Depuis la COP21, en 2015, les villes associent cette politique à la gestion du changement climatique.


En France, l’INSEE définit la Ville​ par une population d’au moins 2 000 habitants, dont les habitations doivent être à moins de 200 mètres l’une de l’autre. Ce critère permet de définir ce qui relève de l’urbain et ce que l’on considère comme périurbain ou rural.
La ville du XXI siècle et les projets d’​habitats​ sont face à un dilemme : d’une part répondre aux besoins croissants de logements et de commerces, et d’autre part lutter contre le réchauffement climatique, les pollutions et un cadre de vie inadapté à l’être humain. Cela nécessite une végétalisation urbaine​ accrue et différente qui peut prendre plusieurs formes. Les projets doivent réconcilier deux ambitions : construire et végétaliser. On entend par habitat non seulement le domicile mais également l’ensemble des lieux de vie des citadins : une entreprise, un supermarché, un restaurant, une salle de sport, un établissement public. C’est dans les métropoles que le besoin de végétalisation se fait le plus ressentir du fait de l’impact négatif de leurs activités sur l’environnement.
Concernant la production alimentaire, l’​agriculture urbaine​ est une des formes que peut prendre la végétalisation. Il n’y a pas de consensus sur la définition de l’agriculture urbaine, mais on peut la considérer comme toute pratique agricole ou pastorale réalisée en ville. La végétalisation peut également être appliquée au loisir, à la santé, etc… Il n’existe pas à ce jour d’indicateur spécialisé permettant de quantifier la part de végétalisation d’une ville. Dans les deux cas, la végétalisation doit se faire sans intrants chimiques pour être non polluante.
En ville, l​a biodiversité​ représente un enjeu tout aussi important. Au fil des années, le manque de végétalisation dans les villes a conduit à la perte d’un grand nombre d’espèces pourtant fondamentales à la vie. C’est en 1988 qu’apparaît le mot “biodiversité” pour décrire la diversité et la variabilité des organismes vivants. Il est repris en 1992 au sommet de Rio qui reconnaît pour la première fois en​ droit international​ que la conservation de la diversité biologique est une préoccupation commune pour l’ensemble de l’humanité, et est consubstantielle au processus de développement. L’enjeu pour les villes est de ramener un grand nombre d’espèces végétales, qui vont attirer insectes, oiseaux, arachnides, abeilles… C’est cette biodiversité urbaine qui permet le bon fonctionnement des écosystèmes et recrée des dynamiques biologiques naturelles comme la pollinisation, nécessaire à la reproduction des plantes.
Pourquoi a-t-on alors tant besoin de végétalisation et de biodiversité aujourd’hui ? En quoi la végétalisation et le retour de la biodiversité amélioreraient-elles le bien-être des citadins ? Comment faire pour y parvenir ?

2) Historique

En 3 décennies, le département des Alpes-Maritimes a vu sa population augmenter de plus 200 000 personnes, portant à 1 082 014 le nombre d’habitants au titre du recensement de population de 2012, soit une évolution de +22,7 %. En 2012, près de 30% de la population des Alpes-Maritimes a plus de 60 ans (soit 1,6 point de plus qu’en 2004) (données Economie 06). La croissance démographique a conduit à une urbanisation massive et précipitée et à de nombreux problèmes, symboles de la mauvaise qualité de vie en ville: pollution de l’air, saleté, îlots de chaleur urbains, inondations, nuisances sonores, mobilité difficile, insécurité, coût de la vie, manque de lien à la nature, dépendance de circuits alimentaires longs, isolement social, etc… En Mai 2018, l’Union Européenne a attaqué la France en pointant 14 zones de dépassement chronique des taux dont Nice. La végétalisation est une des solutions envisagées pour améliorer le bien-être en ville et accélérer la transition écologique urbaine. Elle permettrait de limiter les menaces sanitaires, sociales et alimentaires qui pèsent sur les citadins car non seulement elle peut produire des aliments, mais aussi dépollue l’air, les sols et l’eau, réduit la température de la ville, diminue le ruissellement, améliore l’isolation phonique, favorise la mobilité douce, l’esthétique, et change en profondeur le mode de vie des urbains par ses vertus sociales. Végétaliser sa ville​, c’est la rendre résiliente.
Une des solutions d’aménagement urbain, pour lutter contre les îlots de chaleur urbain, a été les parcs. Il s’avère que ceux-ci représentent de véritables îlots de fraîcheur. Plus les parcs sont grands, plus le refroidissement est important.
Pourtant, aux alentours des parcs, l’espace urbain ne perd en moyenne qu’un degré. En ce qui concerne les alignements d’arbres, ceux-ci ont également un effet refroidissant sur la ville, notamment par l’ombrage qu’ils fournissent. En fonction des espèces d’arbres, le piéton peut bénéficier d’une baisse des températures allant jusqu’à 2°C. Pourtant, au-delà de 100 mètres, plus aucun bénéfice n’est ressenti.
Des jardins thérapeutiques peuvent également être aménagés dans des hôpitaux, des maisons de retraites, etc… car la proximité à la nature a de grandes vertus sociales et contribue au bien être des patients.
En milieu urbain, la végétalisation et le développement de la biodiversité prennent des formes différentes des milieux ruraux, car les contraintes sont spécifiques: densité de l’aménagement, structures inadaptées, activités anthropiques, etc… C’est pourquoi des techniques culturales adaptées comme l’hydroponie ont vu le jour, comme la culture verticale ou
vegitecture, qui permet de végétaliser des façades ou des murs intérieurs pour gagner de l’espace. Les toits peuvent également être exploités, mais cela amène des problèmes de structure, notamment leurs poids.
Concernant l’agriculture urbaine, le principal frein à son développement est le prix du foncier urbain, en particulier dans les Alpes Maritimes. La solution pourrait alors être d’intégrer dans les documents d’urbanisme des parcelles spéciales, dédiées à cette activité et qui ne subiraient pas cette pression foncière.
Pour conclure, la végétalisation touche tous les milieux, toutes sortes d’établissements, tous les acteurs de la ville, elle est à la portée de tous. Ce processus qui profite à tous nécessite l’implication de tous pour être soutenable. Un autre regard sur la ville est en train de naître grâce à ce mouvement, qui permettra à terme de ne retenir que les aspects positifs de la ville et de garder la magie de cette vie urbaine qui attire tant de monde!
Voyons à présent un panel de solutions existantes et en réussite.

3) Solutions existantes

Plusieurs solutions sont envisagées pour accélérer la végétalisation des villes en fonction de leurs caractéristiques (aménagement existant, configuration géographique, volonté politique, intérêt citoyen, etc…)
Citons l’exemple du “Bosco Verticale” de Milan, projet immobilier, inauguré en 2014,. Il a été imaginé par l’architecte Stephano Boeri, avec l’aide d’horticulteurs et de botanistes. Deux grandes tours de 26 et 18 étages ont été construites dans Milan, avec la particularité d’abriter quelques 800 arbres, 4500 arbustes et 15000 plantes, distribués sur toutes les façades en fonction de l’exposition soit au total, presque deux hectares de forêt. Selon Boeri, cette forêt verticale offre un microclimat aux habitants et favorise le développement de la biodiversité. La construction a débuté en 2009 et a nécessité des renforcements structurels pour prendre en compte le poids de la forêt. Ceux-ci ont engendrés des surcoûts estimés à environ 5% du coût habituel. Ce projet haut de gamme n’est pas destiné à toutes les populations.
L’entretien de la forêt est compris dans les charges de copropriété, et les habitants n’ont donc pas le droit d’y toucher. Ce sont uniquement les critères esthétiques et climatiques qui ont été pris en compte dans ce projet, mais pas du tout l’aspect social…
Toujours en Italie, mais dans un tout autre contexte, un projet d’agriculture urbaine a été initiée par des citoyens dans un quartier défavorisé de Cunéo. En Juillet 2012, un collectif appelé ZdiZappa, s’est formé autour d’un projet en agriculture urbaine. Un terrain a été trouvé dans un quartier périphérique. Cet espace fait environ 1700m2 et est entouré d’immeubles. Le projet a réellement commencé en 2014, avec la création d’un jardin-forêt, sur le principe de la permaculture, en y intégrant un maximum de biodiversité. Pour cela, des nichoirs et des hôtels à insectes ont été aménagés. Les premières plantations ont été faites en 2015 en utilisant du paillage, du compost et des filets de protection. L’entretien du jardin-forêt est minime. En 2017 et 2018, un deuxième jardin-forêt et une zone de 14 potagers partagés de 5m2 ont été aménagés sur le terrain à destination des résidents. Depuis le début du projet, cet espace est resté totalement ouvert au public et a été respecté par les habitants. Cette exemple, qui est autant une aventure humaine que environnementale, montre toute la dimension sociale que peut prendre un projet citoyen.
Une autre initiative d’agriculture urbaine, à but pédagogique cette fois, a été développée au collège Pierre Mendès-France à Paris. Depuis 2014, une ferme urbaine s’est implantée autour de l’établissement. Ce sont au total environ 4500m2 qui sont dédiés à cette activité. Le jardinage est utilisé comme un outil d’éducation dans cette zone située à seulement cinquante mètres du périphérique. La ferme comprend différentes cultures alimentaires et nonalimentaires, du seigle, du blé, de l’orge, des fleurs d’oignons, et des petits élevages. Dans cet exemple, l’objectif n’est pas d’arriver à une grosse production alimentaire. Ce collège fait partie du réseau d’éducation prioritaire et certains jeunes en difficulté scolaire s’épanouissent dans la culture du jardin de l’école. Les élèves participent de manière volontaire, ainsi que pendant leurs cours de SVT et peuvent même repartir chez eux avec leur production.

4) Réussites autour de nous:

A Nice Nord, en avril 2018, dans le quartier de Las Planas, face à l’insécurité et la saleté des espaces verts de la cité, une habitante s’est appropriée une initiative citoyenne. Après avoir demandé l’autorisation à Côte d​’Azur Habitat (office public de l’habitat​ des Alpes-Maritimes) de disposer d’une des parcelles de la cour, cette habitante a entrepris l’aménagement d’un potager en plein cœur de la cité. D’abord seule, ce sont ensuite plusieurs voisins qui ont apporté leur aide et un potager de plus de 20m2 a pu être aménagé grâce notamment à l’aide bénévole d’un professeur du lycée horticole d’Antibes. Toutes les générations s’y sont intéressées, et les idées affluent chaque jour. Cet espace a avant tout une vocation sociale car il propose un espace nouveau que les habitants s’approprie. Un des objectifs est à court terme d’y faire venir l’école de quartier.
La Cité de l’Agriculture est une association d’intérêt général née à Marseille en 2015. Son ambition est de faire émerger une société ouverte, attentive et protectrice des ressources naturelles, où s’inventent de nouveaux modes de production agricole, plus proches des citoyens, en faveur d’une alimentation plus saine, plus locale, plus durable. Le projet de la Cité de l’Agriculture vise à soutenir, faciliter, et promouvoir le développement de l’agriculture urbaine en France en faisant de la métropole marseillaise son premier territoire d’action. De plus, la Cité de l’Agriculture réalise des expertises au service des acteurs publics et privés pour développer des modes alternatifs de production agricole en ville et en péri-urbain.
Des entreprises commerciales se sont également emparés de ce sujet, comme la société Terre de Monaco.
Depuis 2016, Terre de Monaco propose des offres d’aménagement de potager, en sol ou hors sol. Pour un particulier avec une terrasse ou un balcon privé qui souhaite aménager un potager. Terre de Monaco conçoit le potager sur mesure et propose l’entretien ainsi que des cours tout au long de l’année en échange d’un coût forfaitaire. Terre de Monaco propose une collaboration personnalisée avec des chefs de cuisine, des architectes, des promoteurs immobiliers et des paysagistes. Pour des surfaces plus grandes, la société propose d’exploiter le bien, en échange des coûts d’entretien, d’un éventuel loyer ou de panier de fruits et légumes produits sur la parcelle exploitée. Les produits seront alors récoltés et vendus sous le label de Terre de Monaco. Terre de Monaco exploite aujourd’hui cinq sites dans la principauté, soit environ 1400m2 de maraîchage.
Ainsi, ces différents exemples montrent que les acteurs et les formes de la végétalisation de la ville sont multiples.
Voyons maintenant quelles organisations supportent la transition dans ce domaine.
5) Organisations dans ce domaine:
Depuis 2016, la ville de Paris a lancé un grand programme, “Les Parisculteurs”. La Ville et ses partenaires se mobilisent pour végétaliser 100 hectares de bâti d’ici 2020 dans la capitale, dont un tiers consacré à la production alimentaire. Une charte “Objectif 100 hectares” a été signée par 33 entreprises, acteurs publics et parapublics engagés aux côtés de la ville pour contribuer à la végétalisation du bâti parisien et au développement de l’agriculture urbaine pour porter l’ambition de démonstration et d’accélération des initiatives parisiennes d’agriculture urbaine et de végétalisation sur les toits, façades et murs. Aujourd’hui, 41 nouveaux partenaires ont rejoint la Charte.
L’association Française Agriculture Urbaine Professionnelle (AFAUP) est une association à rayonnement national ayant vocation à fédérer les professionnels de l’agriculture urbaine et faciliter les liens avec les autres acteurs de la ville, le monde agricole et le grand public. Les créateurs avaient à cœur de voir se développer une agriculture urbaine multiforme, aussi bien associative qu’ entrepreneuriale, low-tech que high-tech, s’installant au sol, sur les toits ou même dans les parkings. Sont admis les consultants, fournisseurs, exploitants, animateurs, acteurs de l’insertion par le travail, porteurs de projets créateurs de lien social, de projets à vocation pédagogique, concepteurs de paysages comestibles…
A Nice, l’association Potager en Ville est une Agence Végétalisation et Biodiversité Urbaine. Sa mission principale est de proposer aux citadins de porter un autre regard sur leur ville en les aidant à repenser leur cadre de vie et trouver un équilibre entre leurs besoins et ceux de la biodiversité.​ ​ Son objectif est d’intégrer de la végétalisation dans la ville, sous forme d’agriculture urbaine alimentaire et non alimentaire soutenable. Pour ce faire, l’agence fédère tous les acteurs et tous les projets sur ces sujets, et crée une communauté de particuliers, professionnels, associations et collectivités afin de générer un réel mouvement. Elle intervient sous différentes formes d’événements et services.

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