La métropole et le défi des reports modaux vertueux : Le projet Tramway Connecté

ROGER Mona, Université Nice Côte d’Azur, Laboratoire TransitionS

MASSE Gael, Université Nice Côté d’Azur, Laboratoire TransitionS

Comment habiter la métropole urbanisée du XXIème siècle et s’y déplacer de manière plus vertueuse ? Enjeu sociétal majeur, la question est ancrée au cœur du territoire de Nice Côte d’Azur, en pleine transition vers un réseau de transports en commun connecté et multimodal. Confronté à une offre de modes de déplacements propres de plus en plus étoffée, comment les usagers se saisissent-ils de ces alternatives et quels sont les facteurs environnementaux et sociétaux favorisant les reports modaux ?

État des lieux et perspectives azuréennes.

Présentation et objectifs

Le challenge reposait sur la perception de la qualité de l’air intérieur et la perception des usagers vis à-vis du tramway connecté. Pour information, la ligne 2 du tramway de la ville de Nice est en construction pour une partie des rails et fonctionnelle sur le tronçon « Magnan-CADAM ». Dans sa finalité, cette ligne rejoindra le Port à Magnan et CADAM à l’Aéroport. Globalement, notre problématique questionne comment un transport doux comme le tramway peut-il changer la perception des usagers sur leur environnement quotidien, comme la perception de la qualité de l’air (Joumard, 2003).Pour répondre à cela, les membres du laboratoire URE // TransitionS ont exploré les perceptions des usagers du tramway métropolitain Nice côte d’Azur afin de cerner les dynamiques de déplacements et le poids de la question de la qualité de l’air dans les reports modaux.Nous avons également exploré comment le tramway connecté peut être un facteur incitatif d’adhésion à ce mode de transport vertueux. Par « connecté », nous entendons que ce tramway sera relié à la ville et à ses usagers, en leur proposant des services nouveaux par le biais des outils numériques (applications, écrans, etc.).En utilisant pour notre enquête des outils ludiques et/ou relatifs au champ des humanités numériques (Bouzidi et Boulesnane, 2017), nous avons cherché à contourner les limites des techniques exploratoires traditionnelles.

Observations

La nouvelle ligne de Tramway dessert 210 000 personnes. Elle permet notamment d’effectuer la liaison entre le port de Nice et l’aéroport Nice Côte d’Azur en 26 minutes pour 1€50 (tarif en vigueur sur le réseau Ligne d’Azur). Or, 55% des touristes interrogés nous ont confié utiliser les transports en commun durant leur séjour, notamment pour des raisons économiques. On peut ainsi aisément supposer que ce nouveau moyen de transport sera largement plébiscité par ces derniers.Aussi, on estime une baisse du trafic routier, soit environ 20 000 voitures en moins le long de la promenade des Anglais, réduisant les émissions de gaz à effet de serre introduites dans l’atmosphère et pointée du doigt par les commerçants comme principale source de pollution dans leur quartier. Ainsi, si la pollution ternit l’image que les niçois ont de leur quartier, les 2400 arbres plantés le long du nouveau tronçon permettront sans doute d’améliorer la perception de cet environnement.Par ailleurs, les usagers des transports en commun ont dévoilé différents aspects de leur rapport aux reports modaux. Lors de notre étude qualitative sur ce panel, un quart des sondés a montré sa préférence pour la voiture malgré une conscience des désavantages écologiques qu’elle présente. Les autres ont souligné l’importance de la mobilité active dans son quotidien, ainsi que la volonté d’emprunter le nouveau tramway, qualifié de « transport écologique » par nos sondés.L’étude qualitative auprès des usagers (de leurs reports modaux à leurs connaissances sur les thèmes du développement durable) s’est effectuée grâce à un outil méthodologique innovant : Un Jeu de plateau créé par le Laboratoire //TransitionS.

Extrait issue de la retranscription d’une partie (4 joueurs, 25 minutes de jeu) : « Marine : Là je prends… le tram. Morgane : Moi je vais prendre le chemin bleu. Marine : T’as voulu prendre le chemin à pieds parce qu’il y a des bonus ? Morgane : Non parce que je suis écolo dans l’âme. Marine : Ouais mais le tram c’est écolo aussi. »   (Nuage de mots réalisé à partir des retranscriptions des parties) On perçoit le verbe hésiter relativement présent, et c’est justement autour de cette hésitation que porte une partie de notre étude, comprendre comment les décisions sont prises en matière de choix de transport. Les mots durable, écolo, et responsable sont également présents ce qui montre que les sujet est bien remis en contexte par les participants.

Bibliographie : Bouzidi Laïd, Boulesnane Sabrina. Les humanités numériques. Enjeux et apports des recherches en humanités numériques. Les Cahiers du Numérique, p.19-38, 2017. Joumard Robert. Les enjeux de la pollution de l’air des transports. Transports et pollution de l’air, Jun 2003, Avignon, France. Inrets, 1 (92), pp.233-240, 2003, actes.

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