Tous les articles par jnm

Alpes-Maritimes et tourisme: entre les (trop) pleins et les vides

Sylvie CHRISTOFLE (Université Nice Sophia Antipolis) 1

La Côte d’Azur est une conurbation de plus d’un million d’habitants (INSEE), en voie de métropolisation et dotée d’une technopole d’envergure, Sophia-Antipolis ; elle est un haut–lieu du tourisme mondial avec près de 1% du total des arrivées internationales (Côte d’Azur Touriscope, Chiffres clés, 2016).
Néanmoins, cette dynamique touristique insuffle assez peu, sauf notables exceptions, le Moyen et le Haut Pays, localisés pourtant à quelques kilomètres et deux heures maximum de route de la Méditerranée, et offrant des atouts de qualité : paysages, authenticité, villages perchés, montagne… ainsi que la présence du Parc National du Mercantour et du Parc naturel régional des Préalpes d’Azur.
Pourquoi le tourisme, qui a permis de faire accéder ce littoral azuréen, autrefois marginal, à une attractivité internationale, peine-t-il depuis plus d’un siècle à dynamiser l’arrière-pays maralpin ?
La mise en place du mythe de la Riviera devenue Côte d’Azur s’est effectuée à partir de la seconde moitié du XVIIIe . Elle a concerné presque exclusivement le littoral, les montagnes du Haut Pays composant certes un arrière-plan paysager mais ne restant qu’exceptionnellement fréquentées.
L’intensification et la diffusion du tourisme commence à toucher les montagnes azuréennes qu’à la fin du XIXe. Cependant, la mise en tourisme va y rester limitée.
A contrario, le littoral des Alpes-Maritimes devient un noyau de la villégiature hivernale européenne.
Aujourd’hui, cette riviera, côte rocheuse entre mer et montagnes, concentre, sur seulement quelques kilomètres de profondeur, outre les hommes et les activités (fonctions administratives, sanitaires, commerciales, d’enseignement et de recherche, etc.), la majeure partie des équipements : gares routière, ferroviaire, autoroute, 3e aéroport de France en transport de voyageurs 2 . Le littoral est donc « plein ».
L’arrière-pays est structuré en plusieurs espaces, en fonction de l’urbanisation et de l’accessibilité, en lien avec l’important relief. Les densités humaines sont ainsi faibles dans les communes de la zone montagneuse, sous les 20 hab./km2 , excepté les bourgs de fond de vallée du moyen pays, mais toujours en deçà des 100 hab./km2
Le Moyen Pays (isochrone : 1h maximum par rapport à la côte), se scinde en deux entités. La première bénéficie de la proximité avec le bassin d’emplois du bord de mer, se révèle de plus en plus urbanisée et liée au fonctionnement littoral. Le Moyen Pays plus éloigné de la côte demeure marqué par un fonctionnement d’essence rurale et une dispersion relative des populations.
Le Haut pays est plus montagnard, et de très larges pans d’espaces sont vides d’occupation humaine ; la nature sauvage y a ses droits, particulièrement la zone au cœur du parc national du Mercantour.
L’espace maralpin est donc constitué de pleins et de vides territoriaux avec un gradient qui suit la distance à la mer, l’altitude et les principales vallées (Var, Vésubie, Tinée…)

L’étude touristique vient renforcer l’analyse des écarts entre littoral et montagne. Les espaces et les pratiques sembleraient, de prime abord, complémentaires. Le littoral est spécialisé en tourisme balnéaire, de réunions et de congrès, versé dans le grand évènementiel (carnaval de Nice, festival de Cannes…, le shopping, et est plus récemment engagé dans la reconnaissance touristique de son patrimoine matériel et immatériel. Les territoires de l’intérieur s’appuient sur des pratiques fondées sur la nature, la découverte, la détente, le repos et le sport. Néanmoins, deux éléments majeurs différencient nettement le fonctionnement touristique de ces deux entités spatiales.
En premier lieu, existe un fort différentiel dans la fréquentation. En effet, le département des Alpes-Maritimes a reçu environ 11 millions de touristes en 2016 générant près de 70 millions de nuitées (4.2% des nuitées touristiques en France) et 5,8 milliards d’euros de dépenses afférentes (Côte d’Azur Touriscope, Chiffres clés, 2016). Cependant, à peine 12 % des séjours s’effectuent dans le Moyen Pays et 4 % dans le Haut Pays. Seulement 600 000 touristes hors résidents azuréens, fréquentent donc l’arrière-pays, dont la moitié dans le seul périmètre « neige » (près de 300 000), c’est-à-dire principalement les stations (Côte d’Azur Touriscope, Chiffres clés, 2016).
En second lieu, les hébergements touristiques, notamment marchands, sont majoritairement concentrés sur le littoral. La ville de Nice dispose ainsi de près de 200 hôtels et presque 10 000 chambres, deuxième pôle national après Paris3. Cannes, Antibes, Menton… concentrent parallèlement les infrastructures touristiques. Le total de tous les hébergements marchands hors littoral reste inférieur à 20 000 lits sur les 150 000 des Alpes-Maritimes. A contrario, si le Moyen Pays présente peu d’hébergements non marchands, le Haut Pays se distingue par un fort nombre de résidences secondaires, représentant environ 125 000 lits, particulièrement à Auron, Isola 2000 et Valberg, soit de 50 à 90 % des hébergements dans ces communes !
Ces fortes disparités semblent faire écho à une mise en tourisme tardive des espaces, les montagnes maralpines, contrairement à celles de Haute-Savoie, ayant connu une fréquentation touristique temporellement décalée et parallèlement très différente de celle du littoral. Alors que la mise en
tourisme de la vallée de Chamonix, sous l’impulsion des villégiateurs anglais, est contemporaine de celle de Nice, au milieu du XVIII e siècle, il va falloir attendre plus de 100 ans avant que la montagne maralpine connaisse une véritable fréquentation touristique.
Les principaux acteurs de la touristification de l’arrière-pays n’ont pas été les touristes étrangers comme sur la côte mais les militaires, la haute société locale, plus tard les enfants des colonies de vacances. Un début d’autonomisation de ces lieux par un développement touristique a pu parfois être opéré, comme en attestent d’anciens guides touristiques et des récits relatant la présence ponctuelle de personnalités à différentes époques 4 . Néanmoins, la plus grande part du fonctionnement est en rapport étroit avec le littoral depuis la fin du XIX e et les bifurcations du système, notamment au niveau des temporalités saisonnières, vont encore renforcer ce lien. En effet, après plus de 100 ans de séjours prolongés sur le littoral en hiver, la très grande majorité des touristes fréquentant la « French Riviera » n’a toujours pas initié de fréquentation de l’arrière-pays à la fin du XIXe .
La fréquentation des lieux est donc le fait de très nombreux habitués, essentiellement azuréens. Bien sûr, l’apport, notamment économique, de cette clientèle maralpine et monégasque est remarquable.
Les hébergements marchands profitent aussi de cette clientèle locale, autour des pics de fréquentation de fin de semaine et de vacances scolaires de l’académie, générés par une clientèle « captive ».
Cependant, ces rythmes rendent les lieux vulnérables aux aléas climatiques : le faible enneigement et le mauvais temps ont des conséquences immédiates sur les chiffres d’affaires quand, au contraire, des week-ends bien enneigés sous un ciel d’azur voient converger des dizaines de milliers de véhicules saturant routes et parkings, voire hébergements 5 au point parfois d’empêcher tout accès aux stations.
Pour résumer, le littoral présente des pratiques touristiques variées et attire de très nombreux visiteurs, générant un tourisme allogène, national et international. A contrario, l’arrière-pays propose des activités de loisirs et de tourisme spécialisées dans le sport et la nature (essentiellement ski et randonnée), et ont un rayonnement bien plus limité, essentiellement les Alpes-Maritimes et Monaco, sauf Auron, Valberg et Isola 2000. Les facteurs historiques sont des éléments-clefs de compréhension : ils trouvent aujourd’hui leur prolongement, d’une part, dans la dimension spatiale essentiellement azuréenne des acteurs du système « touristique » et, d’autre part, dans une dynamique territoriale globale rendant le tourisme de moins en moins visible au sein d’un espace en voie de métropolisation.


1 Présentation adaptée d’un travail de recherche en Géographie, intitulé « L’arrière-pays maralpin, marge d’un haut lieu du tourisme mondial » publié par C. Hélion et S. Christofle dans Tourisme et périphéries – La centralité des lieux, ouvrage coordonné par N. Bernard, C. Blondy et P. Duhamel, Presses Universitaires de Rennes, 2017.
2 Plus de 11,5 millions de passagers en 2013, dont près de 4,2 millions en low cost : Union des Aéroports Français, http://www.aeroport.fr/les-aeroports-de-l-uaf/nice-cote-d-azur.php. Nice Côte d’Azur (incluant Nice, Cannes-Mandelieu et Saint-Tropez) est parallèlement le 2 e pôle européen d’affaires de France après le Bourget avec 46 936 mouvements d’avions en 2013 (Observatoire du Tourisme Côte d’Azur, http://www.cotedazur-touriscope.com/pdf/chiffres/2014/B001_CC_2014.pdf )
3 Selon l’Office du Tourisme et des Congrès de Nice.
4 Par exemple est exposée en 2014 à Saint-Etienne-de-Tinée la correspondance entre le général de Gaulle et G. Pompidou, ce dernier étant alors en villégiature à Auron.
5 Ainsi, des touristes peuvent rapidement ne pas trouver d’offre, sans même parler de qualité. Le faible nombre de lits en marché aboutit rapidement à un complet remplissage par les « Littoraux » les semaines de congés d’hiver. Hors saison, les hébergements ferment car ils ne trouvent pas d’intérêt économique à rester ouverts : c’était notamment le cas du plus grand hébergement collectif de Saint-Etienne-de-Tinée, ouvert « toute l’année », mais… pas pendant certains congés de la Toussaint ! Enfin, le stock de skis (ou d’autres matériels sportifs estivaux) des loueurs peut être vidé dès le matin, rendant impossible la pratique souhaitée par les touristes (cas du mercredi 05 mars 2014 à Gréolières-les-Neiges). Source : enquêtes terrain C. Helion.

Actions menées dans le département avec des migrants en cours d’intégration

Par Teresa Maffeis, Association pour la démocratie à Nice

L’aide aux sans-papiers : permanences, Préfecture et Tribunal

L’ADN (Association pour la démocratie  à Nice – dont je suis membre fondatrice en 1992) fait partie des membres actifs du Comité de Vigilance des Alpes Maritimes (COVIAM), fondé en 1993 afin de dénoncer les atteintes aux droits des étrangers installés en France. Ses permanences se tiennent à Nice, Cannes et Grasse, afin d’assister les étrangers lors de leurs demandes de régularisation auprès de la Préfecture. Ces permanences hebdomadaires sont gratuites et assurées par des bénévoles. Par exemple, en raison du durcissement de la législation, de plus en plus restrictive, j’accompagne chaque mercredi les requérant-e-s à la préfecture, qui bafoue souvent les textes, et nous oblige à la vigilance. Ceci implique également de participer à de nombreuses formations juridiques qui permettent d’argumenter et de rétablir les étrangers dans leurs droits.

L’aide aux réfugiés : humanitaire et juridique

à Vintimille

Les mouvements migratoires récents (depuis 2015) ou immédiatement postérieurs au Printemps Arabe nécessitent une forte implication sur le terrain en Italie et en France, là où de nombreux réfugiés affluent. 
En effet, déjà en 2011, mais surtout depuis le 15 Juin 2015, la France ferme sa frontière à Vintimille pour bloquer le passage des migrants venus d’Italie. Sur les rochers, à quelques mètres de la frontière, s’organise un camp de lutte contre cette fermeture où se rencontrent migrant.e.s et solidaires.

Depuis l’expulsion du camp fin septembre 2015, la lutte continue tant bien que mal. La répression contre les migrants prend de nouvelles formes comme les rafles massives et les déportations vers le sud de l’Italie et la Sardaigne. Présente sur tous les campements de fortune sans cesse évacués et reformés, je participe, outre l’aide humanitaire, en donnant des cours de français, ou en informant les personnes sur leurs droits, aidée par des avocats italiens présents sur place. Une coordination s’instaure sur l’accompagnement des personnes qui réussissent à passer la frontière. Ceci consiste non seulement à les accueillir à Nice, mais aussi à organiser la suite de leur voyage vers les destinations choisies, souvent pour rejoindre des membres de leurs familles ou des pays où sont installées leurs communautés.

L’image d’une France accueillante est très répandue chez les réfugiés qui nous citent souvent la devise de la France « Liberté, Égalité, Fraternité », et sont tellement convaincus que la France va les accueillir. Il nous est bien difficile de briser leur rêve de France. Depuis la fermeture de la frontière en juin 2015, dix-neuf réfugié.e.s ont péri en tentant de la franchir. Présente dans les campements, j’essaie de les mettre en garde des dangers, mais leur désir de partir est tel…

Pour eux et elles, la loi n’est encore pas respectée. Celle-ci précise qu’arrivés sur le territoire français, les réfugiés ont droit à un jour franc pour demander l’asile. J’ai rencontré de nombreux mineurs, dont certains très jeunes, qui se sont fait refouler illégalement en Italie alors que L’article 20 de la Convention Internationale relative aux Droits de l’Enfant énonce que « tout enfant » privé de son milieu familial ou en danger au sein de celui-ci a droit à une protection. Aucune condition de nationalité ni d’origine n’est donc prévue. 
Les associations locales s’organisent pour faire respecter ces droits, et je fais partie des nombreux observateurs qui, en coordination avec les avocats, participent à des veilles depuis les postes locaux de la police aux frontières (PAF) de Menton, au sein de la CAFFIM – (Coordination des Associations de la Frontière Franco-Italienne pour les personnes Migrantes). Ces observations, effectuées également dans les gares du littoral, ont permis notamment à des mineurs isolés d’être pris en charge par le foyer de l’enfance, mais on peut craindre qu’en absence de vigilance citoyenne, les atteintes aux droits des personnes continuent.

Beaucoup de mineurs qui arrivent à Nice sont hébergés en hôtel par l’administration, en attente de leur majorité, ou dans des foyers. Mais ils veulent souvent soit aller dans d’autres villes, soit rejoindre leur famille. Nous les aidons à prendre le train en payant leurs billets, leur donnons un téléphone afin de leur permettre de nous contacter en cas de problème et de nous confirmer leur arrivée. Avant leur départ, nous nous assurons qu’ils ont bien un point de chute et contactons leurs parents ou hébergeurs. Certains nous  donnent encore régulièrement de leurs nouvelles. Pour ceux et elles qui restent à Nice, associations et avocats, au sein de la CAFFIM, se mobilisent pour le respect du droit et la protection des enfants étrangers. Une permanence leur sera dédiée.

En outre, je suis souvent contactée par des associations d’autres villes qui me signalent des jeunes arrivés dans notre département et qui ont besoin de notre aide. Par exemple, j’ai organisé le retour à Marseille d’une jeune étudiante qui était allée renouveler sa carte de séjour en Italie afin de passer son bac, et qui  fut arrêtée par la police française qui l’avait ensuite laissée dans la rue, la nuit à Vintimille. Un avocat italien a pu régulariser sa situation, mais elle était terrorisée à l’idée de croiser les policiers à nouveau. Avec un solidaire de l’AdN, nous sommes allés la rechercher et avons franchi la frontière de retour sans problèmes. Elle a passé son Baccalauréat avec succès, mais cette expérience l’avait traumatisée.

Après les drames de la traversée, les migrants doivent faire face à la persécution préfectorale : en avril 2017, j’ai hébergé à Nice un couple de nationalité Érythréenne avec un enfant de 5 ans qui venait d’Italie et résidait chez des solidaires à Breil-sur-Roya depuis le 26 février 2017. Une histoire dramatique. Avec deux adhérents de l’AdN et deux traducteurs, nous avons accompagné cette famille dans le parcours difficile des « Dublinés » (règlement de l’UE appliqué à toute personne s’il est prouvé qu’elle est passée par un autre état membre de l’UE, et qui stipule qu’un seul État membre – celui d’entrée sur le territoire de l’Union – est responsable de l’examen de la demande.

Accueillis chez moi le premier soir, nous avons ensuite organisé leur suivi : accompagnements en préfecture pour effectuer une demande d’asile ; chez Forum Réfugiés pour une domiciliation ; à l’OFFII pour obtenir un hébergement et l’allocation d’aide aux demandeurs d’asile (400 € : mois) ; installation dans un hôtel meublé le lendemain (les « dublinés » n’ont pas accès au CADA – Centre Accueil des Demandeurs d’Asile – qui sont chargés de suivre les personnes dans la totalité des démarches) ; les accompagnements aux pointages au bureau de police ; traduction des courriers reçus ; l’inscription à l’école et en centre aéré de l’enfant ; suivi médical de la maman (enceinte) ;  informations et accompagnements dans les épiceries solidaires ; inscription aux cours de français ; visites et sorties amicales ; démarches auprès des avocats (…). En Juin 2017, le préfet des Alpes Maritimes ordonne leur réadmission en Italie, mais le Tribunal Administratif annule cette décision estimant que « celle-ci n’avait pas assez pris en compte l’intérêt de l’enfant ». Depuis, et malgré ce jugement, la préfecture s’acharne sur cette famille, mais un jugement rendu le 24 septembre dernier par le Conseil d’État lui donne tort, et la famille a désormais le droit de se rendre à la préfecture pour exiger la délivrance d’une attestation de procédure OFPRA.

Nous continuons à aller à Vintimille afin d’y apporter chaque semaine la collecte de vêtements et de nourriture coordonnée par l’AdN en faisant de nombreux appels à la solidarité. Celle-ci n’a jamais cessé depuis 2015, et a permis à de nombreuses personnes scandalisées de la situation des réfugies de s’investir. Je participe à de nombreuses réunions avec les acteurs de la solidarité en Italie afin de coordonner nos actions. Je suis d’ailleurs convoquée par le Tribunal d’Imperia pour ma participation à des manifestations de soutien dont le but est sans doute de me donner, ainsi qu’à d’autres, une interdiction du territoire de Vintimille.

Consciente que peu de personnes connaissaient la situation dramatique vécue par les réfugiés depuis 2015,  j’ai répondu à de nombreuses interviews, mais aussi organisé de nombreux événements et ai conçu, avec un autre membre de notre association, une exposition photo retraçant leur parcours afin de sensibiliser à leur situation et développer la solidarité, qui devrait aussi déboucher sur l’édition d’un livre. L’état des lieux est régulièrement rapporté sur le site www.adn-nice.org.

Depuis 2015, nous avons reçu beaucoup de soutiens, pas majoritairement venus de militants, qui participent aux actions d’accompagnements. Ceux-ci s’ajoutent aux nombreux et nombreuses anonymes qui ont parfois, le temps d’un soir ou d’une nuit, offert le gîte et le couvert à ces désespérés dans leur errance.

ADN – Association pour la démocratie à Nice http://www.adn-nice.org adn(à)adn-nice.org

80 kg de marchandises sur un Vélo Cargo, c’est possible !

par Maxime Le Nocher, Sasu LELIEN

Description: Pourquoi utiliser un moyen de transport polluant en ville pour acheminer des plis et des colis sur de petites distances, alors qu’avec des vélos cargos tout est possible ? Appeler un coursier a vélo c’est être, soit même, un acteur du mieux vivre en ville.

Coursier en solo depuis plus de neuf ans, Maxime a créé une entreprise à destination des professionnels et des particuliers pour des livraisons de plis ou de colis à Nice (centre ville et collines) et communes avoisinantes (de St Laurent du var à Villefranche sur mer). Il travaille également depuis avril 2018 à Marseille et à Cannes à partir de Novembre.

Les coursiers qui travaillent pour Lelien ont le statut de micro entreprise , cela n’a rien à voir avec le traitement des coursiers « Déliveroo » car eux,  sont au taux horaires. Au guidon de son Bullitt Cargo, un vélo spécial, Maxime peut emporter jusqu’à 80 kgs de marchandises : « Avec cette charge, je suis déjà monté au Regina !  (Boulevard de Cimiez) sourit-il. J’ai pris sept kilos dans les deux cuisses en sept ans. J’ai le même rythme qu’un cycliste professionnel ».

Maxime possède aussi un VAE (vélo à assistance électrique) qui l’aide beaucoup pour monter Rimiez. Mais cette solution ne le satisfait pas complètement : « L’électrique, c’est bien dans le montées, mais sur le plat, il est bridé à 25 km/h, ce n’est pas assez rapide ! Les débuts ne furent pas faciles : « J’ai commencé avec un vélo, un sac et une liste d’adresses. Pour les clients, c’est un changement de mentalité que d’appeler un vélo pour livrer. Le premier mois je n’ai fait que six courses. Quand je parlais de mon projet, on me demandait : ‘’Pourquoi pas un scooter ?’’ ou ‘’Et quand il pleut, comment vous faites ? « Un breton ne craint ni l’effort ni la pluie : « Nice est une des villes les plus difficiles, il y a beaucoup de montées. Mais j’aime les sensations fortes, les prises de risque. À vélo, il ne faut pas avoir peur. Je ne raconte pas tout à ma femme sinon elle ne me laisserait pas repartir ! »

Déjà, au bout de deux ans, sa petite entreprise a pris un bon rythme de croisière: « Je suis toujours à l’heure, on ne m’attend jamais. Je me particularise par mon sérieux et par la façon de rendre service aux gens. Je réponds au client tout de suite même si je suis sur le vélo et je m’organise en fonction ».

Depuis janvier 2010, c’est plus de 170 000 Km, permettant ainsi d’économiser 56 000 Kilos de Co2 en effectuant plus de 32 000 livraisons. Les tarifs sont établis en fonction de la distance et de l’urgence : de 6,50€ à 30 € HT

http://www.lelien.pro

Texte inspiré par l’article paru dans les petites affiches Lien : https://www.petitesaffiches.fr/l-entreprise,077/le-coursier-azureco-il-est-libre,9928.html

Éclairage public et protection de l’environnement nocturne avec l’ANPCEN

Notre présence sur cette belle planète a lieu au sein d’un écosystème immense. L’évolution des espèces et des chaines alimentaires mises en place pendant des millénaires se trouvent fortement perturbées par l’activité humaine. Malheureusement, cette dernière ne se termine pas avec le coucher du soleil. On peut se dire qu’aux heures d’inactivité industrielle et de calme dans les transports, nous limitons notre impact sur l’environnement. Mais c’est sans compter sur l’éclairage artificiel omniprésent.

Historique de l’éclairage public

Au départ, l’éclairage public permettait de sécuriser les espaces urbains et la circulation sur les routes à une époque où les véhicules n’avaient que des phares faibles, et de décorer les espaces prestigieux des villes. Au XIXe siècle, les lampadaires à gaz remplacèrent les lampes à huile et permirent d’éclairer plus de rues et de développer l’activité nocturne humaine dans les villes. Vint ensuite l’électricité, et l’éclairage public commença à éclairer les routes en dehors des villes, de nombreux bâtiments, des parkings, etc. En France, en 20 ans, 94% de lumière supplémentaire a été émise par l’éclairage public, arrivant en 2014 à 11 millions de points lumineux. En parallèle, les véhicules sont devenus capables d’éclairer leur entourage de façon efficace, mais l’insécurité a continué d’augmenter dans les villes. Récemment, la démocratisation des éclairages à diodes électroluminescentes (DEL ou LED), moins coûteux et plus efficaces énergétiquement, a eu pour résultat d’augmenter le nombre de points lumineux et leur puissance.

Effets négatifs

Malgré le rôle positif visé par ces éclairages, ils ont souvent des effets négatifs sur les animaux, y compris l’humain. Chez les mammifères, la sécrétion de mélatonine est régie par l’absence de lumière bleue, puisqu’au coucher du soleil le ciel est plus rouge. La lumière artificielle, en particulier lorsqu’elle est blanche, impacte ainsi l’horloge interne des animaux, le rythme circadien.

Des études sur les mammifères ont montré qu’en remplaçant la nuit par une luminosité même faible (5 lux), on pouvait observer une augmentation des symptomes de dépression et d’obésité. Chez les humains, les travailleuses dont le rythme circadien est perturbé (hopitaux, transport aérien) montrent une augmentation de 30% du risque de cancer du sein, mais pas d’autres cancers.

Environ 60% des invertébrés et des mammifères sont nocturnes, ainsi que 90% des amphibiens et papillons. Pour les animaux diurnes, l’éclairage artificiel rend difficile le sommeil, mais pour les nocturnes, c’est la survie qui est en jeu : comment se repérer en étant ébloui, comment trouver de la nourriture, se reproduire ? Une compartimentation des espèces se produit alors, déplaçant les prédateurs dans des endroits incompatibles avec leur survie, près des villes et des routes. C’est tout l’écosystème qui est modifié. Les oiseaux migrateurs et chauves-souris, dont la population a diminué de 40% en 10 ans en France, sont aussi fortement perturbés et des milliers meurent chaque année aveuglés ou perdus. Voit-on encore beaucoup de lucioles là où on les voyait il y a 30 ans ?

Comment protéger l’environnement nocturne ?

L’association nationale de protection du ciel et de l’environnement nocturne (ANPCEN) émet avec des partenaires des recommandations à destination des municipalités. Le but n’est pas de retourner à des villes éteintes, mais d’éclairer de façon plus adaptée. Beaucoup de lampadaires éclairent en direction du ciel, consomment beaucoup d’énergie pour peu de lumière produite, éclairent d’une lumière trop blanche ou bleue, sont trop proches les uns des autres ou allumés trop longtemps ou trop fort dans des zones peu fréquentées.

En dehors des centres urbains piétons, une extinction totale en deuxième partie de nuit, de 23h à 6h par exemple, a souvent très peu d’incidence sur la population. Sur les autoroutes et les voies rapides, l’extinction a un effet sur la biodiversité sur des kilomètres carrés, et nous avons appris à vivre avec. Les enseignes lumineuses, bureaux et commerces sont désormais sujets à une extinction nocturne obligatoire, une heure après leur fermeture jusqu’à une heure avant leur ouverture.

Retombées économiques et effets secondaires

Dans les communes, l’éclairage est le second poste de dépense énergétique après le chauffage et l’éclairage intérieur des bâtiments. En suivant les recommandations, les communes peuvent réduire d’au moins 50% leur consommation énergétique. En France, la consommation d’électricité liée à l’éclairage public est de 5,6 TWh en 2017 et 2 TWh pour les enseignes lumineuses, l’équivalent de la production d’un tiers de centrale nucléaire. L’impact sur l’environnement se retrouve donc aussi au niveau de la pollution de l’air et de la terre.

La diminution de l’éclairage public se traduit immédiatement par la redécouverte du ciel étoilé. Dans le 06, et en Europe en général, la majorité de la population ne voit pas la Voie lactée, notre galaxie. La redécouvrir est un spectacle émouvant et nous rappelle notre place dans l’univers.

Les points bloquants

Pourquoi alors voit-on toujours plus de points lumineux ? C’est principalement une question d’habitude et d’éducation. Nous vivons depuis des décénies avec l’idée que là où il y a des humains il faut que ce soit éclairé en permanence, même pour un usage limité. Expliquer les enjeux ci-dessus permet de faire évoluer les mentalités. Sinon, pourquoi éclairerait-on moins alors que cela consomme moins d’éclairer plus qu’avant ? C’est une question à laquelle font face les communes, et nous pouvons tous aider les élus à faire les bons choix en discutant avec eux.

Une autre raison est la sécurité. Les statistiques montrent pourtant qu’il n’y a pas plus d’accidents, de délits, d’incivilités en tout genre, lorsqu’il n’y a plus d’éclairage public, au contraire.

Concours villes et villages étoilés

L’ANPCEN organise ce concours pour mettre en avant les communes participant activement à la lutte contre la pollution lumineuse. Un label leur est attribué en fonction des actions prises par rapport aux recommandations, qui leur octroie entre une et cinq étoiles. Dans les Alpes Maritimes, département très touristique, 11 villes et villages ont été labellisés depuis 2013, ce qui montre un élan fort pour la préoccupation de la protection de l’environnement, y compris dans la métropole Nice Côte d’Azur. Le concours a lieu tous les deux ans, il est donc temps de préparer votre commune pour l’édition 2019 !

Ont obtenu 4 étoiles : Spéracèdes (mention nationale meilleure commune d’un parc naturel régional) ; 3 étoiles : Revest-les-Roches ; 2 étoiles : Mouans-Sartoux (mention nationale meilleure commune labellisée territoire à énergie positive pour la croissance verte), Castillon, Gourdon et Saint-Jannet ; 1 étoile : Entraunes, Cipières, Briançonnet, Péone-Valberg et Saint-Cézaire-sur-Siagne.

Sources

Site Web de l’Association Nationale de Protection du Ciel et de l’Environnement nocturne http://www.anpcen.fr/

Guillaume Cannat. L’éclairage nocturne artificiel de la Terre ne cesse de croître. 24 novembre 2017 sur son blog du Monde. http://autourduciel.blog.lemonde.fr/2017/11/24/leclairage-nocturne-artificiel-de-la-terre-ne-cesse-de-croitre/

Actions de la métropole Nice Côte d’Azur à Saint-Étienne-de-Tinée : http://www.nicecotedazur.org/environnement/biodiversit%C3%A9/pollution-lumineuse-et-biodiversit%C3%A9

Mozeika, coopérative d’activités et d’emplois à Nice

MOZEIKA, Coopérative d’Activités et d’Emploi :
une innovation économique et sociale pour le citoyen

La Coopérative d’Activités et d’Emploi (CAE) Mozeika à Nice est une SCOP d’accompagnement des entrepreneurs qui propose le nouveau statut d’entrepreneur-salarié. Cette innovation sociale prévue par le Code du travail, offre à tout professionnel indépendant un statut social, alternatif aux statuts existants. C’est une véritable opportunité : pouvoir combiner l’autonomie du travailleur indépendant avec les avantages du salariat. L’entrepreneur-salarié devient ainsi acteur de son développement dans une entreprise partagée. Mozeika s’inscrit dans cette transition : permettre au citoyen de disposer des outils pour maitriser pleinement son devenir professionnel.