Stages pour enfants en immersion et projet de ferme pédagogique et thérapeutique
Par Maï Boulom
C’est en effectuant un stage de découverte des métiers de l’agriculture (ADEMA) au lycée agricole d’Antibes que l’aventure a commencé. À l’issue de ce stage, je me suis investie au sein de l’association des Jardins Partagés de Terra Segurana à Colomars, pour y développer notamment le pôle pédagogique. Il me tenait à cœur d’aborder l’éducation à l’environnement à travers des activités ludiques et artistiques. C’est donc ce que j’ai mis en place et expérimenté pendant un an, avec l’École de la Nature. J’ai pu mettre en œuvre des pédagogies alternatives avec des enfants d’âges très variés. J’ai également pu animer des ateliers mixtes avec des enfants d’IME (Instituts Médico-Éducatifs).
L’expérience fut fort enrichissante, mais la distance restant tout de même problématique (une heure de trajet), il me semblait essentiel de créer un tel lieu sur ma commune de résidence : Levens. Après une rencontre avec le maire, ce dernier m’a demandé de rédiger une présentation détaillée de cette ferme pédagogique et thérapeutique en permaculture, telle que je l’imaginais (avec une dizaine de pôles interdépendants). Le projet a été merveilleusement bien accueilli par la commune, qui l’a mis en avant pour répondre à un appel à projet pour l’agenda 21. Et nous avons récemment reçu une réponse positive, qui va nous permettre d’amorcer ce projet.
Techniquement comment fait-on pour organiser des ateliers d’éducation à l’environnement destinés aux enfants ? Si on a de l’expérience et des compétences, on peut déjà commencer par enseigner ce qu’on connait. En ce qui me concerne : la découverte des plantes sauvages, le jardinage en permaculture, la cuisine-santé, mais aussi la compréhension de ses émotions, les arts : le théâtre, la peinture, le land-art sont les supports sur lesquels je me suis appuyée pour faire passer le message d’une nécessaire transition écologique et citoyenne.
Le statut de bénévole au sein de l’association m’a permis de « tester » les ateliers avec les enfants dans le cadre de l’École de la Nature. À travers les activités proposées, le but est d’autonomiser les enfants, de leur faire prendre conscience de leurs dons et talents, tout en éveillant leur curiosité au contact de la nature. Il s’agit pour eux d’apprendre à se connaitre en découvrant l’écologie. Les enfants sont capables d’une créativité et d’une imagination incroyable. S’ils désirent s’épanouir en les mettant au service de projets éthiques et inspirants, nous aurons tout gagné.
Afin de pérenniser mon activité : l’association souhaitait m’embaucher en septembre 2017 en contrat CAE. Ces derniers ayant été supprimés pendant l’été, il a fallu que je cherche d’autres solutions pour pérenniser mon emploi. Après avoir suivi une formation en création d’entreprise, je me suis finalement tournée vers la coopérative d’emploi (comme Mosaïque). Je démarrerai mon activité d’animatrice nature en janvier 2019.
En parallèle, j’ai participé à la création de l’association O.S.E (On Sème Ensemble), domiciliée à Levens. C’est avec cette association que j’ai pu présenter le projet de ferme pédagogique et thérapeutique « les jardins d’OSE » au maire. Et c’est avec O.S.E également que nous pouvons prétendre à des subventions publiques, à commencer par celle de l’agenda 21, qui va permettre de prendre en charge l’animation d’ateliers d’initiation à la permaculture au sein des écoles et de la maison de retraite de la commune. Ils nous serviront de support pour impliquer les citoyens de Levens dans la conceptualisation du jardin (la première phase du projet).
Économiquement parlant, il s’agit pour nous de relever le défi de prouver que ce modèle est viable. Chaque pôle des jardins d’OSE pourra générer les ressources suffisantes à la création d’emplois.
Afin de pouvoir accueillir les enfants dans le cadre de l’école de la nature, nous avons dû, dans un premier temps, « jongler » juridiquement parlant pour pouvoir pratiquer ces ateliers avant de déclarer un accueil collectif pour mineur, qui est une étape longue et fastidieuse mais absolument nécessaire, si l’on souhaite pérenniser l’activité. C’est donc ce à quoi je vais m’atteler à Levens, une fois les infrastructures mises en place.
En ce qui concerne les activités que je souhaite développer en coopérative d’emploi, les animations permaculture seront rémunérées par les associations qui proposeront ce type de prestations.
Le mode de gouvernance d’O.S.E est celui d’une association soumise à la loi 1901. Chaque adhérent a la possibilité de prendre part au projet. Nous sommes soumis également au regard de la municipalité, qui est propriétaire des lieux. Et enfin, nous souhaitons lors de la conceptualisation des jardins d’OSE impliquer les citoyens de Levens à la conceptualisation et l’aménagement des jardins. Nous souhaitons, par ailleurs, nous pencher davantage sur les techniques de gouvernance empruntées à la sociocratie. Nous sommes d’ailleurs à la recherche de personnes, associations ou entreprises spécialisés dans ce domaine, afin de nous guider à travers cette démarche.
Nous avons commencé par établir un prévisionnel sur 3 ans, avant d’ouvrir la ferme au public. En attendant la municipalité nous laisse à disposition un autre terrain (déjà cloturé) pour débuter nos activités : les permateliers du mercredi (éducation à l’environnement à travers les arts).
Il existe à Levens une multitude de ressources humaines dotées de talents et de savoir-faire incroyables. La plupart ne demande qu’à partager. Il s’agit donc avant tout de mettre en relation ces personnes, à travers les activités proposées par l’association au sein de la commune et de les inviter à de s’impliquer dans le projet.
Un Foyer d’Accueil Médicalisé pour adulte atteints de troubles autistiques ouvrira ses portes en 2019 à proximité des futurs jardins d’OSE. Leur projet pédagogique sera tourné autour des jardins. Nous allons donc pouvoir mettre en place de nombreux ateliers interpersonnels et intergénérationnels.
Une expérience humaine unique nous attend : l‘aménagement des jardins d’OSE pourrait créer dans un premier temps une dizaine d’emplois, et encore bien plus si les initiatives se multiplient et si nous développons tous les pôles imaginés autour des jardins.