par Soledad Tolosa, coordinatrice des Petits Débrouillards Alpes-Maritimes
Comprendre pour agir
L’éducation par la pratique et l’expérimentation constitue un moyen privilégié pour prendre conscience des enjeux liés aux changements climatiques et aux transitions. C’est une démarche collaborative et participative que nous proposons. Elle vise à faire dialoguer et réfléchir ensemble des citoyens, en particulier des jeunes, sur des sujets en rapport avec leur vie, leur quotidien et leur avenir. Une telle méthode privilégie la pratique pour faciliter l’appropriation des notions de base en les mettant à la portée de toutes et tous. Surtout, elle s’efforce de tenir compte et de valoriser les connaissances et questionnements de chacun.
En effet, que peut-on espérer d’une réponse donnée à une question qui n’a pas été posée ? Partant du constat qu’il est vain de vouloir transmettre ou faire construire une connaissance à un public si celui-ci n’est pas motivé par le sujet, il s’agit avant tout de susciter l’intérêt, le désir, le questionnement, l’expression, le doute, la confrontation et le débat argumenté. Autour de situations concrètes mises en scène à l’aide d’observations, de ressources et de données scientifiques, les jeunes construisent leurs propres réponses aux questions soulevées et les confrontent aux contributions d’experts et de scientifiques.
Ainsi, nous allons évaluer nos actions en fonction du changement de posture des participants: ont-ils été surpris ou touchés ? Ont-ils expérimenté ? Sont-ils arrivés à des conclusions par eux-mêmes? Se sentent-ils valorisés dans leurs propositions ? Avons-nous réussi à intégrer des publics différents?
Quelques exemples d’actions
Un laboratoire mobile au service des territoires
Le Science Tour permet d’amener la culture scientifique et technique dans les territoires ruraux et éloignés. La porte d’entrée est souvent une question locale en lien avec le patrimoine naturel: accès à l’eau, protection des rivières, pollution lumineuse…
Ce dispositif mobile permet de proposer des ateliers pratiques, d’ouvrir des espaces de débat, de favoriser la collaboration entre acteurs différents (collectivités, scientifiques, établissement scolaires, centres de loisirs, organismes publics…). En 2017, le Science Tour, en partenariat avec le Parc Régional des Préalpes d’Azur a ainsi parcouru la vallée de l’Estéron pour recueillir l’avis des locaux autour de la labellisation de cette rivière: sont-ils au courant de la spécificité de cette rivière dite « sauvage »? Ont-ils une vision globale de celle-ci ou très locale ? Comment vivent-ils la rivière au quotidien ? Sont-ils au courant de son plan de gestion ?
Motiver les jeunes à prendre parti
Les séminaires d’exploration de controverses permettent à des groupes de jeunes de se forger la meilleure opinion possible autour d’une question dont la réponse est complexe. Il s’agit ainsi de définir et de formuler la question, étape essentielle, de l’explorer sur tous les angles possibles en identifiant les acteurs en jeux, en les rencontrant (scientifiques, professionnels, militants…), en analysant leurs discours et leurs positions. Enfin, il s’agira de restituer tout ça en élaborant un outil de diffusion (lien vidéo eau virtuelle). Les jeunes sont ensuite amenés à présenter leur travail devant ses pairs et lors d’évènements thématiques. L’expérience réalisée sur toute la région PACA montre que cette démarche rend les jeunes enthousiastes. Les collégiens et les lycéens ont finalement peu d’opportunités de se placer en tant qu‘intervenants devant des adultes. Le forum de l’eau à Marseille a été un exemple de prise de position des jeunes autour de questions essentielles : Faut-il rendre l’eau gratuite dans les pays en voie de développement ? Mettre un prix à la nature, une solution pour la protéger ?
Faciliter le dialogue entre la Science et la Société
Les cafés science permettent de créer, le temps d’une soirée, un débat entre des scientifiques et le grand public, dans un cadre convivial autour d’une question Science-Société locale: Comment le changement climatique affectera-t-il nos montagnes transalpines ? Agriculture et urbanisation, un binôme irréconciliable?Cette démarche facilite le débat entre des mondes souvent éloignés, le monde de la recherche et de l’enseignement supérieur, et le grand public. Elle permet aux chercheurs de voir comment les questions scientifiques sont vécues sur la place publique. Ce dialogue est essentiel également pour lutter contre les idées reçues, très répandues lorsqu’il s’agit des transitions écologiques et sociétales.
Dans la joie et la bonne humeur
Pour finir, il semble essentiel d’éviter l’approche catastrophiste lorsque nous abordons l’éducation aux transitions. Il ne s’agit pas de nier les dures réalités ni de promouvoir un faux optimisme mais de partir du constat que des alternatives créatives existent et que nous pouvons en faire partie.