Solidarités

Éditorial rédigé par le collectif Synergie de la Transition Alpes Maritimes.

 

Pendant des siècles, les Alpes Maritimes ont été un point de passage pour toutes sortes de peuples Européens désirant passer les Alpes au Sud et au plus bas.

Au milieu du 19ème siècle, lorsque les plus grandes fortunes d’Europe découvrent un climat et des possibilités de villégiature exceptionnels, la vocation du département change, sa richesse globale augmente, et sa population ne cessera d’accueillir de nouveaux arrivants du monde entier.  Les plus riches et les plus pauvres habitent désormais sur le même territoire réduit. Plus d’un million de personnes habitent le département au long de l’année, dont près de 90% sur la bande côtière.

Monaco Yacht Show 2017, à quelques minutes de la frontière et de ses camps.

La situation n’a pas changé. Les plus grandes fortunes du monde continuent à fréquenter la Côte et ses équipements de luxe, alors que des enfants d’une dizaine d’années, habitant à quelques kilomètres de la mer, comme l’attestent des centaines d’enseignants chaque année, n’ont encore jamais eu la possibilité de voir la mer autrement qu’à la télé.

Le tourisme est devenu un des atouts économiques du département. L’étranger y est bienvenu, quand il est riche et en vacances, ou en tourisme d’affaires. En revanche, la situation est bien différente pour l’étranger en recherche d’emploi ou en fuite climatique…

Quartier de l’Ariane, et usine d’incinération de déchets à Nice

Au sein des populations locales, de très nombreuses inégalités subsistent depuis toujours. Ce sont d’abord des inégalités territoriales. Les pouvoirs locaux ont souvent relégué leur population pauvre dans des quartiers périphériques, loin de toute politique économique, culturelle et sociale équilibrée. Les problématiques de transport y sont importantes.

C’est dans ce contexte, que de nombreux collectifs et nombreuses personnalités œuvrent depuis des années avec une détermination exemplaire, pour des populations en souffrance de tout ordre.

Les Assises donneront chapitre à des actions et collectifs développant des approches originales ou méritant d’être mises en lumière. D’autre part, la récente problématique des migrations climatiques, qui ne va cesser de s’amplifier dans les prochaines années, aura une écoute particulière, en tant que symbole de la solidarité locale et globale nécessaire, au moment où la planète entière voit des populations chassées par un bouleversement climatique profond.

Il est en effet nécessaire de comprendre que notre peu de résilience énergétique local, notre peu de résilience alimentaire locale, notre peu de résilience économique locale, peut également, dans les grandes crises qui s’annoncent, faire du département une terre de départ, en plus d’être une terre de passage, et transformer une grande partie de la population actuelle en migrants climatiques ou économiques.

La solidarité à mettre en place dans le département, passe avant tout par la compréhension du monde, la compréhension du réel, par l’ouverture à toutes les cultures construisant une empathie nécessaire pour comprendre l’autre comme un proche soi-même.

De la gestion des inégalités sur le territoire, jusqu’au passage de migrants fuyant diverses zones de la planète, notre historique de terre de passage, de terre multiculturelle, et de terre d’accueil, doit continuer avec humanité, réalisme et bon sens.