Éditorial rédigé par le collectif Synergie de la Transition Alpes Maritimes.
La thématique de l’Éducation est particulièrement complexe à aborder.
D’abord parce que nous vivons une période inédite, depuis la généralisation d’Internet et du numérique, où l’éducation est tiraillée entre deux mondes: une vision millénaire basée sur des temps longs, portée par des institutions éducatives plutôt rigides, et un ensemble de nouvelles pratiques liées au numérique, basées sur des temps courts, à grand renfort de technologies évolutives et de consommation de ressources. Les politiques éducatives nationales, et les politiques d’équipement locales, naviguent entre ces deux visions, sans réelle concertation avec les professionnels de l’éducation, au gré de décisions parfois plus politiques ou économiques, que fondées sur l’intérêt des apprenants.
Ces deux mondes génèrent également diverses esthétiques au niveau des contenus: une qui prône un enseignement généraliste, théorique et universel, parce que les métiers actuels évoluent à grande vitesse et qu’il faut savoir s’adapter rapidement par de la formation continue, une autre, qui, au contraire, privilégie des formations spécialisées et applicatives dès le lycée, pour être rapidement actif.ve sur le marché du travail, au risque d’un savoir potentiellement dépassé à moyen terme.
Sur les méthodes, nous assistons en France, depuis des décennies, à la domination écrasante des pédagogies basées sur la compétition et l’évaluation, à l’inverse, par exemple, des pays Scandinaves qui privilégient toujours avec succès des pédagogies basées sur la coopération et la créativité, comme par exemple la pédagogie Freinet, née dans les Alpes Maritimes au milieu du XXème siècle et qui génère la réussite mondiale de la Finlande en matière d’éducation !
En dehors de l’école
C’est ensuite dans l’environnement familial et socio-éducatif que s’opèrent des transformations importantes dues à la présence croissante du numérique. La place du langage et de l’écrit change rapidement dans l’univers familial, avec diverses conséquences, dont certaines ne sont pas sans conséquences négatives pour les générations les plus jeunes. Au fur et à mesure que le temps quotidien consacré aux activités numériques progresse, les activités socialisantes dans le monde réel diminuent. Une partie de la perception du monde ne passe plus par l’observation directe, ou par les médias traditionnels, mais par le filtrage d’algorithmes orientés par des marchés globalisés, privilégiant l’instantanéité et le sensationnel, face à l’analyse et à la profondeur. Ce détournement de l’attention est particulièrement perceptible chez les enfants. Nous déléguons ainsi aux machines et à leurs maîtres nos capacités d’analyse critique du réel, alors qu’une perception claire du monde devient essentielle dans le contexte des crises émergentes.
A la découverte de l’état du monde
Ce sont en effet les nouvelles générations qui vont encaisser et devoir gérer les troubles croissants liés au réchauffement global et à la finitude de certaines ressources. Des troubles non seulement liés à l’organisation de la société et de ses flux, mais également liés aux phénomènes psychosociaux qui émergent fréquemment en situation de crise, comme on le constate déjà dans les zones les plus défavorisées. Lutter contre les manifestations de l’angoisse collective nécessite de développer des capacités cognitives et perceptives aigües, mais aussi l’acquisition d’un sens critique qui ne peut être qu’intimement lié à la culture et à la connaissance anthropologique. La prise de conscience collective de l’état du monde, promouvant la solidarité et l’entraide, la créativité et la culture, promouvant l’ouverture et la recomposition du monde face aux forces de repli, semble une priorité face au formatage des contenus numériques actuels autour de l’acte de consommation et de plaisir instantané.
Si les crises naissantes amènent un niveau de perturbation élevée, et, hélas, les scientifiques ne cessent de nous mettre en garde sur le sujet, des valeurs comme l’attention pour la nature, la créativité, l’inventivité sociale et technologique, l’adaptation, vont redevenir fondamentales pour soutenir l’entraide nécessaire à la recomposition du territoire. Ces valeurs nécessitent un changement de nos modèles d’interaction, en réhabilitant les pratiques coopératives face aux pratiques basées sur la compétition, et ce, dans une sobriété de moyens imposée par les circonstances des crises. C’est une mutation importante par rapport aux modèles actuels ! Il deviendrait ainsi nécessaire de repenser l’éducation comme une école de vie, ouverte sur son environnement naturel et humain, capable d’inventer et reconstruire des modèles pérennes et résilients, et surtout adaptés à chaque territoire. C’est dans cette vision que les assises vont donner chapitre à des initiatives en marge des structures traditionnelles, ou pouvant s’y intégrer.
Envisager des transitions sur le territoire
Dans les Alpes du Sud comme à l’échelle nationale, beaucoup ressentent intuitivement que le modèle éducatif actuel n’est pas satisfaisant, et que les réformes, quelles qu’elles soient, se heurtent à des cohortes d’enjeux administratifs, économiques et politiques. L’évolution du système, la transition, là aussi, ne peut survenir qu’à l’échelle citoyenne et locale, que ce soit au niveau des contenus, au niveau des méthodes, ou au niveau de l’environnement socio-éducatif, par une multiplicité de solutions et d’approches, correspondant à toutes les situations sociales et à toute la diversité des apprenants, des familles et du personnel enseignant. Les Assises de la Transition mettront en lumière plusieurs de ces approches locales, tout en se gardant bien de les présenter comme des solutions toutes faites et applicables en toutes circonstances, mais plutôt en ayant le souci de susciter l’intérêt pour une prise en charge citoyenne de l’éducation, gardant à l’esprit également que la transition écologique et citoyenne ne peut pas se faire sans l’énergie et la créativité des plus jeunes.
ATTENTION, L’ INSCRIPTION AUX JOURNÉES EST OBLIGATOIRE (pour cause de Vigipirate)
Et bien sûr, c’est à un repas BIO ET LOCAL que nous vous convions à la mi-journée ainsi qu’au goûter, concocté par nos meilleurs collectifs de transition alimentaire du département ! INSCRIPTION OBLIGATOIRE afin de prévoir les quantités